Cité universitaire de la FAST : Débrouille et précarité

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Pas rose la vie des étudiants qui, sans grands moyens, s’entassent dans des chambres surpeuplées.

Les conditions de vie et d’études des étudiants surtout ceux qui sont à l’internat interpellent toujours les pouvoirs publics mais les efforts consentis pour les améliorer font constamment la course avec une démographie qui gonfle sans cesse les effectifs. Parmi les actions marquantes figurent la construction de la nouvelle Université de Ségou qui ouvrira bientôt ses portes, l’amphithéâtre de 500 places sur le site de Sébougou et la cité universitaire de Kabala, qui doit accueillir plus de 4000 étudiants et personnels.

En attendant la réalisation de ces infrastructures, les étudiants vivent parfois dans des conditions précaires. Avec comme seule source de revenu, les 26 250 Fcfa octroyés mensuellement par l’État, certains d’entre eux sont obligés de rester à la charge de leurs parents. Les étudiants qui ne bénéficient que d’une demi-bourse peinent encore plus à joindre les deux bouts. Quant à la masse des non-boursiers, la vie à l’internat s’assimile pour eux à un parcours du combattant. Il faut manger, venir à la fac, dormir, se soigner, se vêtir, acheter des bouquins. D’une manière ou d’une autre, il faut, impérativement, de l’argent.

Certains étudiants s’essaient au petit commerce (vente de cartes de recharge téléphoniques, habits, brochures), d’autres se « débrouillent » comme ils le peuvent. Géographiquement, on compte 3 cités universitaires pour l’ensemble des étudiants de Bamako : celle de l’UIG, celle de la FMPOS, et le site de la FAST, le plus vaste avec ses 5 immeubles et ses 180 chambres. Des milliers d’étudiants habitent là, dans des chambres conçues pour 15 personnes au maximum, mais qui, aujourd’hui, hébergent chacune plus 30 locataires. Samedi matin, il est environ 9 heures. Au deuxième étage d’un bâtiment de la cité universitaire de la FAST, des étudiants viennent tout juste de se réveiller. Ils affluent aux toilettes, serviette nouée à la taille et brosse à dents vissée entre les dents. Dans les couloirs, des étudiants révisent leurs cours tandis que d’autres se prélassent sur de petits matelas.

Dans un coin du bâtiment, des jeunes filles préparent le repas. Benjamin Sagara, étudiant de 1ère année chimie biologie et géologie à la Faculté des sciences et techniques (FAST), est originaire de Koro. Il habite à l’internat comme nombre de ses camarades. Installé sur une chaise, il s’affaire à mettre de l’ordre sur la petite table où est déposé du matériel de coiffure. Le jeune homme nous accueille le sourire aux lèvres, pensant que nous étions venus nous faire coiffer. Mis au courant des raisons de notre visite, le jeune barbier de fortune conserve son sourire mais lâche la tondeuse qu’il tenait à la main. « J’habitais chez mon oncle à Médina Coura. Nous partagions à cinq une minuscule piaule de 3 mètres carrés.

À la rentrée, mon oncle m’a demandé d’aller chercher une place à l’internat. En novembre j’ai déménagé après m’être acquitté des droits afférents ». « Une fois, installé à l’internat, j’ai fais la connaissance d’un étudiant qui pratiquait le métier de coiffeur pendant ses heures creuses. Je l’aidais et en retour, il me donnait un peu d’argent en fin de journée. Auprès de lui, j’ai appris à coiffer », raconte-t-il. Benjamin ne se plaint pas car couper les cheveux lui permet de gagner à peu près 1000 F CFA par jour, de quoi au moins lui procurer ses trois repas quotidiens. "Lorsque j’ai eu le baccalauréat, mon rêve a été de poursuivre mes études à l’Université à Bamako. Mais ici la vie est très chère surtout à l’internat.

Le prix des repas dans les cantines est très élevé. Les mots me manquent pour qualifier l’école malienne. Il faut que la situation change. Il faut augmenter les trousseaux et la bourse pour améliorer les conditions d’études des étudiants" plaide notre interlocuteur. F.D. vit, elle aussi, à l’internat du campus de la FAST depuis 3 ans. Cette Sikassoise est en 3è année de la Faculté des sciences juridiques et politiques. Dans une des chambres réservées aux filles située au 2è étage, elle cohabite avec cinq autres étudiantes. « Ici et nous partageons tout. Nous cotisons pour préparer nos repas, et nous engageons des tierces personnes pour faire la vaisselle, la lessive, et l’entretien de la chambre ». Elle souhaite que les autorités trouvent une solution à la crise de l’école et qu’elles améliorent les conditions d’études des étudiants internés.

Alou Karambé un autre locataire des lieux, vient de Bandiagara et est inscrit en 3è année anglais unilingue à la FLASH. "Je n’ai pas de parent à Bamako. Je suis donc venu à l’internat. Ici la vie est chère, il faut débourser plus de 500 Fcfa pour avoir un petit plat de riz", relève-t-il. C’est avec ma bourse que je dois vivre. Malheureusement, j’ai redoublé en 3è année à cause d’une matière. Cette année, il faut que je passe en classe suivante pour avoir une bourse entière. Sinon je devrais aller en ville pour faire le manœuvre afin de subvenir à mes besoins".

La difficulté et même la précarité n’entament en rien la détermination de ces étudiants à poursuivre leurs études. « Je n’ai pas de parents lettrés au village. Toute la famille compte sur moi. C’est un challenge que je dois relever à tout prix », indique Alou Karambé. Ils ont bien du mérite ces Benjamin, F D, Alou, et tous les étudiants de la cité universitaire de la FAST. A défaut de leur garantir une aide des pouvoirs publics, on peut leur souhaiter de réussir dans leur études. Si leurs professeurs leur en donnent la chance, bien entendu.

L’Essor du 4 juin 2010


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