Le Centre National des Œuvres Universitaires se trouve aujourd’hui dans un coma profond. En effet, un climat de dégoût s’est généralisé au sein de l’ensemble du personnel, lequel ne sait plus aujourd’hui à quel saint se vouer. Et comme si cela ne suffisait pas, le Contrôle général d’Etat est venu alourdir l’atmosphère, en poussant le Directeur Général du CNOU dans ses derniers retranchements.
rn
Depuis sa création dans un contexte marqué par la toute-puissance de la nébuleuse Association des Elèves et Etudiants du Mali (AEEM), il y a de cela plus de trois ans, le Centre National des Œuvres Universitaires (CNOU) n’a jamais eu les moyens d’accomplir convenablement la mission pour laquelle elle a été créée, à savoir la gestion du patrimoine universitaire. Déjà, en 2005, le professeur Mohamed Lamine Traoré avait déclaré lors d’un congrès de l’AEEM en 2005, que cette dernière avait accepté enfin de renoncer à la gestion des cités universitaires (un patrimoine générateur de gros sous) qui passaient sous l’autorité du CNOU, conformément à la mission de celui-ci.
rn
Le coup du ministre de l’Education Nationale avait été tellement paru honnête que personne au niveau du CNOU n’imaginait qu’un aussi haut responsable pouvait se permettre un tel mensonge. En félicitant l’AEEM pour la grande maturité dont elle venait de faire preuve, cela devant Dieu et la caméra de la télévision nationale, le professeur avait fait saliver les dirigeants du Centre National des Œuvres Universitaires, qui voyaient en cela une réparation, bien que tardive, d’une anomalie qui avait trop duré. Car dans aucun pays du monde où il existe un CNOU, jamais les cités ne sont gérés par des associations d’étudiants. Au Sénégal tout près, un syndicat estudiantin ne va jamais oser réclamer la gestion des campus, car là les texts y sont respectés. Ce n’est pas comme au Mali où légiférer est une chose et la mise en application, une autre.
rn
Et par tout où le Centre des Œuvres Universitaires existe, la gestion des cités fait directement partie de ses missions, ce qui permet de mettre les étudiants internes dans les conditions décentes. Loin de là, au Mali, l’internat reste toujours une propriété de l’AEEM, dont les leaders se partagent annuellement des millions leur permettant ainsi de se taper des sotramas, des taxis, des maisons d’habitation, le tout en complicité avec un ministre dont le seul mérite est d’avoir entretenu pendant ces cinq années passées au département des réseaux de pyromanes, qui pouvaient lui couper le sommeil.
rn
Les conséquences dramatiques de cette irresponsabilité frappent avant tout des élèves et étudiants, qui n’ont pas de parents à Bamako et qui sont obligés d’aller se loger dans ces campus devenus par ailleurs des nids de prostitution. Mais ce qui est encore grave, c’est que non seulement cette mafia se partage tous les revenus que génère l’espace universitaire, mais elle n’a même pas la gentillesse de faire face aux petites commodités afférentes à la vie d’internat. Les bâtiments sont abandonnés au délabrement, les latrines dégagent à longueur d’année une puanteur capable d’asphyxier un porc. Les toits ne cessent jamais de suinter pendant la saison des pluies. Tout se passe comme si le ministre Traoré et les leaders estudiantins avaient noué un pacte sur le dos des étudiants.
rn
Pire, chaque fois qu’une calamité s’abat sur le campus, c’est au CNOU qu’on fait appel pour la réparation du dommage, alors que l’argent qui est généré par les dortoirs devrait normalement servir à cela. Mais les difficultés ci-dessus évoquées ne sont pas les seules raisons du gouffre dans lequel se trouve cette structure. En effet, selon des sources dignes de foi, de sa création jusqu’à aujourd’hui, elle n’a toujours pas un conseil d’administration, cela conformément aux statuts et règlements qui l’ont vu naître. Dans de telles conditions, comment peut-elle remplir convenablement sa mission ?
rn
rn
A cela, il faut ajouter la crise de confiance qui règne entre le Directeur général et son personnel. Selon des indiscrétions, ce dernier n’aurait pas de considération pour les autres employés. Ainsi, lors du récent forum des Œuvres Universitaires de l’espace Francophone, tenu le mois dernier dans la salle de presse du Centre International de Conférences de Bamako, contrairement à la logique, le personnel a été mis à l’écart dans l’organisation de l’évènement. Tout se ramenait à la seule personne du Directeur qui décidait tout et faisait tout au moment où le reste du personnel était en train de tâtonner sans repères.
rn
C’est donc une atmosphère acariâtre qui prévaut actuellement au Centre National des Œuvres Universitaires où les gens restent malgré eux. Et pour pourrir davantage la situation, on nous signale que le contrôle général d’Etat vient d’y jeter un coup d’œil pour voir clair dans la gestion des ressources financières allouées jusque là à la structure. D’ores et déjà, il semblerait que le DG ait le dos au mur, car n’ayant pas pu justifier tous les trous de caisse. Décidément il y a de quoi s’inquiéter pour cette structure enfantée dans la douleur et qui fait une descente aux enfers pratiquement irréversible.
rn
rn
Nous y reviendrons dans nos prochaines parutions.
rn
rn
Abdoulaye Diakité
“