Les épreuves du baccalauréat, débutées le lundi, 18 juillet, ont pris fin le jeudi, 21 juillet. C’est le Premier ministre, Dr.Choguel Kokalla Maïga,qui a lancé les épreuves au Lycée Bouillagui Fadiga sis à Missira, dans le district de Bamako. Il était accompagné par la ministre de l’Education nationale et 07 autres membres du gouvernement. Au cours du déroulement de cet examen, bon nombre de Maliens ont été stupéfaits de voir les réactions des candidats à travers les réseaux sociaux. Des réactions qui frisent la perte de dignité et d’honneur car, dans leurs déclarations, les jeunes élèves se sont plaints de n’avoir pas eu les sujets avant le jour de l’examen (comme au temps d’IBK) et de la rigueur de la surveillance. Ils ont même regretté ouvertement pour cela l’ère IBK.. Cette bassesse doit nous interpeller tous : parents d’élèves, enseignants et administration scolaire.
Dr. Choguel Kokalla Maïga a transmis aux candidats les encouragements du Chef de l’Etat, Colonel Assimi Goïta, et de l’ensemble des Maliens. « Toute la République compte sur vous. L’avenir du Mali, c’est vous. L’Éducation occupe un ordre de priorité élevé », a souligné le Premier ministre, avant de souhaiter bonne chance à tous les candidats. Au même moment, plusieurs ministres étaient dans les différentes capitales régionales pour la même cause. Il faut indiquer que pour cette année, il y avait 192 442 candidats dont 161 823 réguliers et 30 619 libres répartis entre 424 centres d’examen sur toute l’étendue du territoire national et dans le camp de refugiés maliens de Béra en Mauritanie.
Organiser des examens propres gagné, un pari gagné
Organiser des examens propres veut dire des examens sans faux sujets, sans fuites et sans fraude, telle était l’ambition du département en charge de l’éducation nationale. La Ministre de l’Education Nationale, avait tenu un point de presse, le mardi 12 juillet pour exposer cette ambition de son département à organiser des examens propres, c’est à dire sans faux sujets, sans fuites et sans fraude. Ce point de presse a été l’occasion pour Sidibé Dédeou Ousmane d’évaluer le chemin parcouru et les acquis engrangés par le département dans le cadre de la lutte contre les 3 F (Fraudes, Fuites de sujets et Faux sujets), depuis les examens du CAP jusqu’au Brevet de Technicien (BT), ainsi que des perspectives pour les examens du BAC, du BT Santé et du BT Agricole. Selon la Ministre, le département est plus que jamais déterminé à prendre le taureau par les cornes pour mettre fin au phénomène des fraudes. Elle a salué et réclamé l’implication de tous les acteurs de l’éducation pour aboutir à des résultats qui honorent notre pays.
Ces examens se tiennent après ceux du DEF, du BT, du CAP qui ont été une réussite dans l’organisation. Cette organisation, la Ministre et ses collaborateurs l’avaient expliqué au cours d’un déjeuner de presse tenu le 25 juin 2022 au Grand Hôtel de Bamako. Au cours de cette rencontre avec la presse, la Cheffe du département Madame Sidibé Dédéou Ousmane s’est prononcée sur tous les bons comportements des différents acteurs pour la bonne tenue de ces examens. Elle a mis l’accent sur le mauvais comportement à éviter par tous ceux qui seront impliqués dans la gestion de des examens. Les cas de fuites et autres formes de fraude des sujets ne seront nullement tolérés a tenu à aviser Mme Sidibé Dédéou Ousmane. Les fuites, fraudeset faux sujets étaient monnaie courante. C’est pourquoi le département œuvre, depuis l’année dernière, à trouver les voies et moyens pour combattre ce fléau. Ainsi, les téléphones et autres gadgets sont formellement interdits et aucun téléphone saisi ne serait restitué. En plus, leurs propriétaires s’exposent à des sanctions pouvant aller à leur exclusion totale de l’école. Il faut noter que chaque année, les résultats des examens sont entachés d’irrégularités. Ce qui n’honore personne, selon la ministre. Or chacun a sa part de responsabilité et chacun peut jouer un rôle. A l’en croire, le département a mis en échec 90% des cas de fraude l’an passé. A noter que c’est une première pour le Ministère de l’Education Nationale d’organiser une activité de moralisation et de sensibilisation à l’endroit de l’opinion nationale.
Force de constater qu’à l’issue de la tenue de l’examen du baccalauréat, aucune fuite, ni tricherie n’ont été constatées. D’ailleurs, les élèves s’en ont plaints parce qu’ils ont été empêchés de frauder.
Que faut-il comprendre des réactions des jeunes candidats face au bannissement de la tricherie ?
« Nous regrettons vraiment l’ère IBK (ancien président de la république du Mali, démis de ses fonctions le 18 août 2022) car en ce moment nous trouvions 02 jours avant les sujets. Nous voulons un ‘’Mali Koura’’ ( un nouveau Mali) mais pas un ‘’Kalan Koura’’ (Un nouveau système éducatif)» dixit un jeune candidat en langue nationale Bambara, un candidat, dans une vidéo virale sur les réseaux sociaux notamment FACEBOOK. Et un autre de se plaindre qu’habituellement, les surveillants leur donnaient des sujets corrigés dans la salle ou leur permettaient de « piquer de bonnes réponses » chez les voisins et que cette fois-ci, les candidats ne pouvaient même pas se retourner au risque de se faire renvoyer pour fraude. Pour cette jeune candidate, les fouilles au niveau de l’entrée de la cour se font dans le zèle, car en plus du sac le corps est même concerné. Un autre s’exprimait en ces termes : « On nous surveillait comme si on était dans un camp militaire alors que nous ne sommes pas des militaires ».
Pour ces jeunes, tout cela n’est pas normal. Ont-ils raison ? Certainement oui, mais logiquement non.
En effet, les réactions de désapprobation des mesures draconiennes prises par l’administration scolaire de la part des jeunes ne sont point surprenantes. Ils sont nés et grandi dans un environnement où la corruption, la tricherie ont été érigés en modèles. Ils ont vu leurs aînés faire tout pour atteindre leurs objectifs à travers le népotisme, le clientélisme, la corruption, bref les relations. Ils ont vu comment les gens accèdent à des postes juteux, les recrutements au sein des forces armées et de sécurité ainsi que dans la fonction publique se faisaient. Et pire, beaucoup de ces jeunes voient leurs parents se débattre à la veille et lors des examens pour tout faire afin de leur chercher les sujets ou de leur confier à des enseignants membres de l’administration scolaire ou surveillants dans les salles d’examen. Et tout cela contre des sommes trébuchantes et sonnantes. Combien de parents d’élèves se présentent-ils dans les écoles au cours de l’année scolaire pour s’enquérir de la situation de leurs enfants ? Les responsables d’établissements scolaires sont les mieux indiqués pour répondre à cette question et sûrement par la négative de façon très majoritaire. Mais, il faut attendre la veille des examens pour voir des parents d’élèves « au four et au moulin » pour chercher toutes les voies et moyens illégaux permettant à leurs enfants d’être admis. Cette attitude des parents amène des meilleurs élèves à douter d’eux-mêmes, et des élèves paresseux à ne pas travailler au cours de l’année scolaire et à attendre les sujets traités achetés.
L’heure était grave. La situation de l’école malienne avait atteint un seuil d’immoralité dans la tenue des examens à tel enseigne que les diplômes maliens étaient à la traîne dans la sous-région et sur le plan international. Combien d’élèves maliens détenteurs du diplôme du baccalauréat et ayant bénéficié de bourses d’études (de façon illégales) à l’étranger se sont vu refuser de continuer à étudier à cause de leur niveau très bas ?
En tout état de cause, les autorités de la transition et en particulier le ministère de l’éducation, sont à féliciter et à encourager. Avec ces mesures, tous ceux qui vont être admis aux examens l’auront amplement mérité.
Malick Tandjigora