Comme promis au président de la République lors d’une audience au Palais de Koulouba le mercredi dernier, les responsables syndicaux de l’enseignement supérieur ont consulté leurs bases le samedi dernier en vue d’entériner la suspension de leur mouvement de grève comme souhaitée par le Chef de l’Etat. Mais cette évolution de la situation sonne comme un désaveu pour le Premier ministre et le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique qui ont littéralement échoué à faire fléchir les grévistes qui précisent ne faire désormais confiance qu’en ATT. « Quand le président de la République décide de prendre lui-même le dossier en main, ça veut dire ce que ça veut dire », a fait remarquer le secrétaire général du Synesup, le Docteur Abou Mallé.
Ainsi, tout le pays peut aujourd’hui pousser un ouf de soulagement : les professeurs de l’enseignement supérieur ont décidé de suspendre leur mouvement de grève qui dure depuis plusieurs mois. La décision a été prise samedi dernier à l’issue d’une assemblée générale organisée pour le Syndicat de l’enseignement supérieur (Synesup) dans l’enceinte de l’Ecole normale supérieur (Ensup).
Ces consultations faisaient suite à l’audience accordée, le mercredi dernier, par le président de la République, Amadou Toumani Touré, aux responsables du Synesup et du Snec à qui il a demandé d’observer une trêve dans leur mouvement de grève illimitée qui court depuis des mois. Avant de se prononcer sur cette requête présidentielle, ils avaient promis d’obtenir l’avis de leurs militants. C’est donc chose faite depuis samedi dernier à travers un avis favorable qui se traduira par une suspension de la grève pendant les 15 prochains jours au cours desquels les responsables du Synesup et du Snec mesureront la volonté du gouvernement de vouloir apporter des solutions à leurs différentes revendications, notamment l’alignement de leurs salaires sur ceux pratiqués dans la sous- région et le relèvement de certaines primes.
Avec leurs militants, les responsables des syndicats ont promis d’initier une assemblée générale d’évaluation ce 31 juillet pour décider de la suite à donner à leur « lutte ». « La suspension qui commencera à partir du 15 juillet est une réponse à la trêve demandée par le président de la République », nous a expliqué, au téléphone, le secrétaire général du Synesup, le Docteur Abou Mallé, qui a laissé entendre que la reprise du dossier par le président de la République équivaut à un désaveu du gouvernement. « Quand le président de la République décide de prendre lui-même en main le dossier, ça veut dire ce que ça veut dire », a-t-il lâché avant de présager un assouplissement de leur mouvement à la fin de la trêve.
Si elle apparaît comme un grand succès pour ATT, l’évolution de la position des responsables du Synesup et du Snec sonne comme un désaveu pour le Premier ministre qui, dès sa prise de fonction, s’était pourtant engagé à redorer le blason de l’école malienne, notamment grâce à un Forum national sur l’éducation (FNE) qui a néanmoins laissé entrevoir des failles au fur et à mesure de son application. Depuis lors, Modibo Sidibé se débat d’ailleurs comme un beau diable dans des conflits sociaux à l’école où il a définitivement perdu tout son crédit. Sous d’autres cieux, il aurait mieux fait d’en tirer toutes les leçons et…
Abdoul Karim Maïga