Sur l’exploit académique de la FSJP et la situation actuelle de l’Université : Les enseignants Aly Kola Koita et Fatamba Sissoko se prononcent

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Nul besoin de rappeler la prouesse réalisée cette année par l’administration de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’université de Bamako. Seulement, il est indispensable de rappeler qu’au-delà des dysfonctionnements tous azimuts de notre système universitaire, la fac a survécu aux velléités et échappé à la mise en congés des structures de l’enseignement supérieur en parvenant à terminer les examens avant la fin du mois de juillet et ce, au terme de six mois de cours. Autrement dit, c’est la seule faculté à avoir prise ses congés d’elle même. Les résultats seraient presque prêts et ne devraient plus tarder à être proclamés. Ainsi pour mieux cerner les raisons de cette réussite, nous avons approché deux enseignants à savoir M. Fatamba Sissoko, Chef de DER Droit Privé et Aly Kola Koïta, Chef de la scolarité.   Dans ces interviews, que nous vous proposons, nos interlocuteurs ont livré leurs impressions sur la situation de la FSJP et l’état actuel de l’université.

 

 Le Flambeau : Quels sont vos impressions sur la FSJP ?

 

M. Fatamba Sissoko : Mon impression sur la FSJP est que dans un premier temps, depuis l’administration provisoire on était sur une lancée c’est-à-dire le redressement de la faculté.

Et toujours dans ce sens, des efforts ont été consentis au niveau du corps professoral. Je pense qu’aujourd’hui nous sommes en train de récolter le fruit de quelques années d’efforts avec le déroulement  normal  des cours. Une année académique qui s’est déroulée d’une façon plus ou moins normale avec la tenue des examens à temps. Il faut aussi saluer la sagesse des étudiants qui sans leur apport, le redressement de notre faculté serait impossible. C’est la somme des efforts consentis par l’administration et les étudiants qui font qu’aujourd’hui nous avons un résultat probant. Par ailleurs, il faut rappeler que nous sommes en train de redorer notre blason et on continuera dans ce sens pour retrouver notre renommée d’antan. Nos futurs juristes seront fiers d’être des produits de la F.S.J.P.

 

Le Flambeau : l’année académique de la FSJP sera-t-elle validée ?

M. Fatamba Sissoko : Relativement à cela, il n’y a pas  de raison que l’année de la F.S.J.P ne soit pas validée. Déjà il y a une note de service de Madame le Ministre qui nous est parvenue par rapport à cela. En ce qui concerne la fermeture des écoles,  je pense que la F.S.J.P a été exemptée de cette décision, et que nous avons pu faire les examens  à temps. En tant qu’administrateur, il faut reconnaître que la situation est quand même un peu compromise. Les corrections à la FSJP sont terminées  depuis trois semaines. Actuellement, ce sont les travaux de secrétariats qui battent leur plein et je pense qu’avec la motivation des uns et des autres la proclamation des résultats sera faite bientôt.

 

Le Flambeau : Vos impressions sur la fermeture des facultés ?

La fermeture des écoles, bien avant les évaluations, donne une couleur plus ou moins blanche à l’année même si on ne veut pas le dire. Cette situation ne pourrait pas être une solution pertinente, à mon sens. Parce que les motifs évoqués et la reforme en cours ne pourront pas être faits avant la rentrée prochaine. C’est regrettable ! On aurait pu trouver d’autres alternatives car ce sera une année de retard. Une année dans la vie d’un homme est extrêmement importante.

 

Le Flambeau : Que pensez-vous de la création de 4 universités ?

M. Fatamba Sissoko : En ce qui concerne la création de quatre universités, la question est de savoir si c’est possible ? Si on arrive à le faire, c’est bien. Mais comment y procéder ?  Il y a quand même un certain nombre de problèmes qui se pose déjà avec une seule université. On a de sérieux problèmes, maintenant est-ce qu’on parviendra à faire quatre universités ?

 

     M. ALY KOLA KOITA, CHEF DE LA SCOLARITE



 

Le Flambeau : Quel a été le secret de la FSJP cette année académique ?

Aly Kola Koïta : Merci pour cette initiative salutaire et louable de la part du journal ‘’Le Flambeau’’. Comme vous le savez depuis 3 ans (2007-2008), la F.S.J.P a changé non seulement par son administration à travers l’administration provisoire mais également par ses étudiants qui se sont engagés à bannir la violence qui était par le passé  leur arme fétiche. Donc depuis là nous sommes dans cette lancée et avons décidé de mettre bien évidemment la F.S.J.P. sur les rails, et cela passe par un sacrifice de la part de tous les acteurs.

 Nous n’avons pas d’autres secrets que de bien faire c’est-à-dire commencer l’année académique et les travaux dirigés en temps réel, inciter les étudiants à s’inscrire à temps réel car l’étudiant n’aura le statut d’étudiant que lorsqu’il s’inscrit dans le délai. Cette année la F.S.J.P a eu la chance de faire un exploit dû au fait que l’année dernière nous avons fini avec nos examens en mois de Novembre et la deuxième session était prévue pour Décembre, mais finalement nous avons repris en Janvier. Donc après la reprise nous avons programmé les T.D juste au-delà de deux mois de cours. Ce qu’on a fait cette année est une exception depuis la création de l’université, nous ne l’avions jamais fait. Certaines classes ont pu faire 3 mois de Travaux Dirigés. Pour revenir à votre question en ce qui concerne le secret, je dirais tout simplement que notre secret n’a rien de spécial. C’est que, nous avons su tout simplement anticiper bien entendu sur les choses.

 

Le Flambeau : Quelle a été, alors, la particularité de la FSJP par rapport aux autres structures ?

Aly Kola Koïta : Notre faculté a une particularité par rapport aux autres facultés. C’est que, nous ne savons pas si c’est une chance ou le contraire. Elle a deux syndicats qui sont le SNESUP. (Syndicat National de l’Enseignement Supérieur) et le S.N.E.C. (Syndicat National de l’Education et de la Culture). Lorsque le S.N.E.S.U.P. est parti en grève, l’administration a eu le reflexe de  remplacer les enseignants grévistes, par ceux du S.N.E.C. en attendant la fin de la grève et c’est ce qui a porté son fruit. Les enseignants non grévistes ont su assurer pendant tout le temps de la grève le cours normal des enseignements au sein de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques.

 

Le Flambeau : Pourquoi les bourses ont pris tout ce temps, au point que les étudiants ont réagit violemment ?

Aly Kola Koïta : Quant aux questions des bourses, tout ce que je peux dire, c’est que nous avons envoyé la liste des étudiants boursiers avec les statuts en temps réel.

 

Le Flambeau : Que suggériez-vous pour une école plus apaisée et performante ?

Aly Kola Koïta : Ma suggestion pour une école plus apaisée au Mali est de mettre de bonnes conditions d’étude en place. Il n’est pas normal que l’enseignant soit dans le besoin, mais il doit être à l’abri du besoin. Il faut construire des infrastructures, des amphis-théâtres, des salles qui pourront contribuer au bon déroulement des cours, mais aussi cultiver l’excellence.

Je crois qu’avec ces objectifs nous sommes conscients qu’on peut avoir un enseignement supérieur plus apaisé. Certes, il faut reconnaître que de nos jours l’intégration est une réalité dans la zone de l’U.E.M.O.A., dont notre pays est membre et qu’aucun Etat ne peut se développer en pleine autarcie. Nous sommes obligés d’être dans l’union afin de se développer dans l’avenir. C’est une nécessité qui s’impose de mettre les moyens dans l’éducation, c’est pourquoi le Président Abdoulaye Wade disait il y a quelques années : « Dis moi quelle école tu as, je te dirai quel peuple tu seras ». Beaucoup de pays se sont développés comme les deux Corées, le Japon qui après la seconde guerre mondiale n’avaient absolument rien, mais qui ont su compter sur leurs ressources humaines et qui sont aujourd’hui des puissances économiques  et je crois que le Mali peut emboîter le pas dans ce sens en essayant de réfléchir sur une meilleure politique de l’éducation afin que nous ayons une école digne de ce nom dans l’avenir.

 

Le Flambeau : Qu’en est-il de l’introduction du système LMD à la FSJP cette année académique ?

Aly Kola Koïta : La F.S.J.P, tout comme l’ensemble des structures universitaires, est prête à adopter le système Licence Master Doctorat (LMD). Nous avons suivi des séminaires ensemble avec l’appui du Ministre de l’enseignement supérieur et de la commission de l’U.E.M.O.A. Je pense qu’aujourd’hui, c’est une nécessité pour le Mali d’entrer dans le L.M.D. Il n’y a qu’un ou deux ans de cela que la F.A.S.T avait commencé à l’appliquer et les échecs enregistrés à ce niveau vont permettre aux autres structures universitaires de tirer des leçons. Et si les moyens sont réellement mis en œuvre, nous allons nous adapter pour rentrer dans ce système.

 

Le Flambeau : l’année académique  de la FSJP sera-t-elle validée ou pas ?

Aly Kola Koïta : L’année est déjà validée, elle l’est parce que  nous avons terminé les examens dans de meilleures conditions avant la date qui était prévue pour la fermeture, et également terminé avec les corrections avant l’arrêt des activités pédagogiques, il ne reste que le calcul des notes qui est une activité administrative qui consiste à proclamer le résultat dans le meilleur délai.

 

PROPOS RECUEILLIS PAR

 

SEYDOU KARAMOKO KONE/ NEMA DAO


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