Situation scolaire : Une colère de 120 heures du SYNEB pour dire non à la liquidation du système éducatif

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 La grève de 120 heures initiée depuis hier 3 octobre, premier jour de la rentrée scolaire par le Bureau Exécutif du Syndicat National de l’Education de Base(SYNEB) n’est pas une provocation. Elle est l’aboutissement d’une longue crise entre les plus hautes autorités et les enseignants. En témoigne haut le verbe, monsieur Douti Coulibaly non moins premier secrétaire administratif dudit syndicat que notre collaborateur Moussa W.Diallo a pu rencontrer le week-end dernier. En effet, la Fonction publique de deux poids deux mesures, les raisons qui motivent le refus du  Syneb d’accepter  la Fonction Publique Collectivités, la remise en certain nombre de points issus du Forum National sur l’éducation, les perspectives, rien  n’a échappé à la bonne intelligence de notre interlocuteur.

Le Potentiel : Une grève de 120 heures initiée par le Syndicat National de l’Education de Base est rentrée vigueur  ce 3 octobre qui  coïncide d’ailleurs avec le 1er jour de la rentrée scolaire 2011 2012. Peut-on parler de provocation ?

 

Douty Coulibaly : La grève de 120 heures que notre Syndicat observe depuis hier est loin d’être une provocation. Elle reste avant tout un moyen légal pour toutes corporations victimes de la moindre injustice. Nous sommes en démocratie, un régime politique qui exige l’implication  de tous les citoyens à la construction de l’édifice national. C’est ce que nous essayons de faire tant bien que mal. Cette grève de 120 heures  n’est ni plus  ni moins qu’un autre son de cloche pour mettre fin au dialogue de sourds et de se faire entendre autour d’un certain nombre de points.   Le Syndicat National de l’éducation de Base (SYNEB NDLR) dont je suis le premier secrétaire administratif n’a pas la culture de la provocation. Que voulez-vous qu’on fasse lorsque les pourparlers échouent ?

Le Potentiel : Je vous retourne la question. Cela veut dire que le torchon brûle entre les plus hautes  autorités et votre Syndicat qui, on le sait, est né d’une crise.

 

DC : Vous avez raison. Il faut avouer rien ne va plus va plus entre le SYNEB et les plus hautes autorités. En tout cas, difficile pour nous d’admettre qu’à la date d’aujourd’hui qu’il n’y ait pas encore  2 points qui soient acquis sur les 7 de notre cahier de doléances.Oui, le torchon brûle, mais nous avons bel espoir que la victoire n’est loin. C’est la raison pour laquelle nous avons tenu le 26 septembre dernier  une conférence de presse en vue d’édifier l’opinion nationale et internationale sur les insuffisances de la Fonction Publique des Collectivités.  La note chiffrée pour le gouvernement est nulle. Et le SYNEB demeure sur nos grands chevaux pour tenir haut la flamme de la résistance qui ne doit jamais s’éteindre .Et devant l’Histoire.

 

Le Potentiel : Quels sont les différents points de revendications contenus dans le cahier de doléances du SYNEB ?

 

D C : Rien de tout cela n’est compliqué. Nos points revendicatifs sont au nombre de 7.Il s’agit d’abord de procéder à la relecture de la loi N°09035 du 10 aout 2009.En effet, c’est la loi qui détermine les conditions d’intégration des contractuels d’administration dans les Fonctions Publiques de l’Etat et des Collectivités Territoriales

Le Potentiel : Un point  auquel vous êtes viscéralement liés.

 

D C : Ce point figure en bonne place parmi les autres points revendicatifs dans le cahier de doléances du SYNEB. Pour mémoire, la crise au sein du SYCEF (Syndicat des contractuels de l’Enseignement Fondamental NDLR) était liée à ce point. A dire vrai, l’intégration de tous contractuels dans la Fonction Publique de l’Etat est l’ossature même de notre combat. J’avoue que, c’est à la liquidation du système éducatif malien qu’on assistera dans les années à venir si toutefois rien n’était fait.

La fermeture des IPEG et des ENSEC, l’instauration des concours d’entrée à la Fonction Publique, les départs volontaires à la retraite, les multiples inventions ou innovations dites pédagogiques sont des preuves parmi mille qui attestent que nous sommes en face d’une liquidation d’un système éducatif qui ne dit pas son nom. C’est politique spécifiquement malienne que toutes les analyses sous régionales confirment à suffisance.  Nous exerçons un métier noble et nous jamais notre soit livré aux chiens.

Le Potentiel : Quelle différence faites-vous entre un enseignant de la Fonction Publique et un enseignant engagé par la Fonction Publique des Collectivités ?

 

D C : Une vue nous permet de constater et dire que la différence se situe à plusieurs niveaux, même si très souvent on nous fait admettre que la loi sur la Fonction Publique des Collectivités s’est vu calquer sur la copie de la Fonction Publique nationale. La différence figure d’abord en termes de rémunération. En effet, la loi concernant les fonctionnaires des collectivités dit …Je vous cite cela de mémoire : la collectivité de l’agent territorial peut mettre à la disposition de son agent une prime supérieure ou inférieure à 25% 0 Celui du fonctionnaire de l’Etat .Par exemple, si mon collègue de l’Etat a 20 000 francs de prime sur son salaire, mon traitement ne dépendrait que de la capacité de ma commune. Il s’agit là d’une disparité que nous combattons avec la dernière rigueur.

Le  Potentiel : Si je comprends bien, l’Etat est malgré tout le meilleur employeur et le meilleur client.

 

D C : La question récurrente qu’on se pose au SYNEB est de savoir quelle est la collectivité qui peut mieux payer que l’Etat. Nous adhérons au traitement de l’Etat pour la simple et bonne raison que l’inquiétude est grande avec la Fonction  Publique des Collectivités. En effet, l’Etat a procédé au transfert des ressources aux Collectivités n’a peut être pas envisagé l’ampleur des problèmes. Pas plus que l’année dernière, au cours d’une mission syndicale, dans la région de Kayes, un régisseur a bouffé les salaires des enseignants. C’est le début des effets d’une bombe à retardement qui s’annonce tragique et calamiteuse. Ce qui se passe à Bamako demeure, à la limite, bouleversant .Les 6 six ne sont jamais au même moment. A l’intérieur du pays le salaire d’un enseignant du 1er cycle n’est traité au même niveau que celui du second cycle. Dans un même CAP les enseignants ne touchent le salaire ensemble. Nos collègues de l’Etat n’ont jamais sous le soleil de la démocratie.

Le Potentiel : Quels sont les autres points de revendications ?

 

D C: Nous avons demandé la correction des Accords d’Intégration erronée. Ces arrêtés  ont été signés au pas de course comme l’Etat était tenu par un agenda. Force est de reconnaître qu’il ait des répercutions. En avril dernier, dans certaines localités au lieu d’une augmentation, c’est malheureusement une diminution de salaires qui est constatée. Si vous étudiez le cas de la région de Kayes, nous avons des militants qui n’ont pas avancé depuis 10 ans. C’est pourquoi nous avons exigé la correction des arrêtés.

Un autre point de revendications est le paiement immédiat de touts les arriérés de hiérarchisation et de reclassement. Nous avons une dette de 3milliards 6 cents millions avec l’Etat. Ce point, il faut le dire, fait aujourd’hui partie d’un accord partiel avec le gouvernement. Au niveau de Bamako, les  rappels de hiérarchisation et de reclassement  pour 2010 sont  payés. Pour l’année 2011, il faut encore attendre bien que le fondait été mis à la disposition de La Direction Régionale du Budget.

Ensuite, nous avons demandé la mise à jour des sessions de reclassement et de hiérarchisation pour les deux ans. Cette mise à jour est exigée par le Bureau Exécutif du SYNEB en vertu des sessions de hiérarchisation qui accusent du retard.

Autre point, c’est le paiement immédiat des arriérés des Allocations familiales. Je vous avoue qu’au cours des négociations que ce point a fait l’objet d’un accord total.

Le dernier point est l’arrêt immédiat des prélèvements au titre de l’Assurance Maladie Obligatoire(AMO).

Le Potentiel : Et quel le point de vue du SYNEB sur l’AMO ?

 

D C : L’Assurance Maladie Obligatoire est un nouvel aspect des points de revendication du cahier de doléances du SYNEB. Nous sommes opposés à l’AMO à cause de son caractère obligatoire, contraignant. Nous un syndicat qui ne peut jamais s’opposer à la protection sociale. Au contraire, nous devons soutenir et appuyer toute entreprise qui va dans ce sens. Nous des démocrates qui s’opposent au caractère obligatoire. C’est pourquoi nous avons demandé l’arrêt immédiat de ces prélèvements sur le salaire qui est sacré. Ce combat, nous le menons depuis l’année dernière avec la Centrale syndicale CSTM.

Propos recueillis par Moussa Wélé Diallo

 

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