Situation de l’Enseignement Supérieur « Dissoudre l’AEEM, fermer les Universités et Grandes Ecoles », propose le Pr Dialla Konaté.

0

Pendant que d’aucuns jettent trop rapidement « la patate chaude » de l’école malienne au motif selon lequel aucune solution n’est possible, au même moment d’autres citoyens conscients de leur devoir vis-à-vis de la nation malienne s’exercent, à leurs risques et périls, à trouver des solutions pour le « grand corps malade qu’est l’école ». Si bon nombres de personnes, pour diverses raisons,  caressent toujours les mots, le professeur Dialla Konaté en a décidé autrement. Pour lui, il faut tout simplement dissoudre l’AEEM et fermer l’université avant de repartir sur de nouvelles bases.

Débuté le 18 juin 2011, tout juste après le carnage sur la colline de Badalabougou entre rivaux du bureau de coordination de l’Association des Elèves et Etudiants du Mali (AEEM), le mouvement patriotique enclenché par le Pr Dialla Konaté enseignant à l’Université Virginia Tech des Etats-Unis, est revenu encore une fois de plus à la charge en organisant une « conférence-assise » le samedi 02 juillet dernier au Centre Djoliba pour discuter et adopter les résolutions d’une précédente rencontre qui s’était tenue à la Bibliothèque Nationale.

C’était en présence d’un public composé de militants de différentes associations, de représentants de partis politiques et de l’AEEM, d’enseignants et d’étudiants. Le thème à débattre était « la violence dans l’espace scolaire » avec tout ce qu’elle entraine comme gâchis matériels, académiques et humains.

Une analyse scientifique de la crise de l’enseignement supérieur :
« Ce qui distingue l’homme de l’animal est sa capacité à trouver des solutions à ses problèmes » c’est par cette citation que le Pr Konaté a entamé ses déclarations. Selon ses propos, l’enseignement supérieur malien est dans une crise récurrente depuis deux décennies. L’ampleur de la crise fait que personne n’a  pu évaluer le problème de façon objective ou avoir le courage politique d’appliquer les peu de solutions qu’on a pu trouver. Au-delà des myriades de « solutions-spéculations », le Pr Konaté  propose une analyse de la crise de l’enseignement supérieur à la lumière d’un raisonnement objectif pour ne pas dire scientifique. A l’aide d’une projection diapo, il a passé au crible les différents maux qui alitent l’Université de Bamako. Ils ont pour noms : manque d’application des règles (autorités disciplinaires) et sur les enseignants et sur les étudiants ; manque d’autonomie des structures universitaires qui engendre une situation d’immixtion permanente du politique dans leur fonctionnement (ex. un étudiant membre de l’AEEM peut se permettre, au meilleur des cas, d’insulter son professeur, et aux pires des cas, le menacer. Le professeur victime se plaint, l’étudiant est appelé en conseil de discipline, un coup de file d’un homme politique ou d’un haut placé recommande au Doyen de la faculté concernée de faire grâce à l’étudiant bourreau) ; trop grande autorité accorder à l’AEEM qui amène certains d’entre eux à mettre en place un système de racket. A en croire au calcul du Pr Konaté, les membres de l’AEEM amasseraient à peu près dix milliards de FCFA chaque année sur les 83.000 étudiants de l’Université de Bamako à raison de dix mille FCFA sur les bourses et trousseaux. « L’une des causes majeures qui poussent un étudiant à vouloir rester à tout prix sur les bancs de l’Université est le manque de perspectives d’emploi pour lui à sa sortie », a renchéri le conférencier du jour.

Des solutions drastiques et audacieuses, mais salutaires :
« Les changements majeurs d’une nation ne viennent très rarement de ses dirigeants » a affirmé le Pr Konaté. Pour lui, quand les institutions de contre poids (Assemblée Nationale, Juridictions Suprêmes…) ne fonctionnent pas normalement dans un pays, la tâche revient à la société civile de mettre la pression sur les dirigeants tout en leur faisant des propositions concrètes. En termes de propositions, il en a fait certaines aux autorités maliennes qui consistent à :

-Autonomiser les facultés et grandes écoles tout en les soumettant à un contrat de performance. Le rôle de l’Etat s’arrêtera à les subventionner par rapport à leur mérite et leur capacité à produire des travaux scientifiques pour résoudre les problèmes de la nation ;

-Fermer toutes les Universités et Grandes Ecoles dans lesquelles l’année académique accuse du retard pour les rouvrir ultérieurement toutes ensemble ;

-Retirer la gestion des résidences universitaires des mains de l’AEEM pour la confier au CENOU en les rénovant ;

-Mettre en place un système d’information et d’assurance qualité de l’enseignement ;

-Etablir un Fonds d’Investissement qui sera financé par des cotisations retenues sur les bourses et trousseaux des étudiants désireux et servira à soutenir des projets qu’ils vont mettre en place une fois avoir fini les études. La particularité de ce fonds est qu’il est non seulement administré par les étudiants, mais aucun projet ne sera rejeté car ceux qui ne sont pas bon seront reformulés par le soin d’experts.

Le Pr Konaté a tenu à signifier que ces propositions ne sont pas des potions miracles et qu’il pourrait y avoir des retouches ou modifications. Il s’est dit ouvert à tout apport ou suggestion susceptible de les améliorer.
MAH DAOU/DAOUDA KINDA

Commentaires via Facebook :