Pour permettre « aux militants de souffler après tant d’années de lutte qui usent et dont les effets se font de plus en plus sentir », les syndicats de l’Education signataires du 15 octobre 2016 n’avaient plus le choix que d’accepter les propositions du gouvernement. C’est de la sorte que prennent fin quatre années de lutte pour l’application de l’Article 39. Tout ça pour ça !
« Les négociations, discussions entre les syndicats de l’Education signataires du 15 octobre 2016 et le gouvernement ont abouti le 13 décembre 2022, à la majoration de la prime spéciale de responsabilité avec un montant de 11 000 F à 12300 FCFA par enseignant à compter du 1er novembre 2022, la création d’une prime spéciale d’enseignants, l’élaboration et l’examen du document cadre d’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants », ce sont là en substance le contenu d’un procès verbal de conciliation entre les syndicats d’enseignants et les représentants du gouvernement, la Commission de conciliation.
Les responsables des syndicats disent prendre en compte le contexte sociopolitique qui n’est plus favorable à une lutte ardue ; que les conclusions de la conférence sociale les obligent à redéfinir leur lutte. Ont-ils ajoutés comme arguments « l’imminence de la signature du pacte de stabilité et de croissance entre le gouvernement, le Patronat et les centrales syndicales ; les conclusions et les recommandations de leurs experts avec lesquels, ils ont tenu deux rencontres notamment le 11 octobre 2022 et le 5 décembre 2022 leur proposant d’accepter les propositions afin de permettre : Aux militants de souffler après tant d’années de lutte qui usent et dont les effets se font de plus en plus sentir …».
Cette entente entre les parties vient de mettre fin à plus de 4 ans de lutte menée par les syndicats de l’Education signataires du 15 octobre 2016. Durant ces années très mouvementées dans le milieu scolaire par les enseignants, l’impossibilité de satisfaire l’article 39 n’avait-t-elle pas été clairement annoncée ?
D’abord par le régime d’IBK puis la Transition. Que ce soit sous IBK ou avec les militaires, tous ont dit sans ambages que la non-application de l’article 39 n’est pas un refus. L’appliquer, c’est avoir l’UNTM sur son dos. Et le gouvernement sait pertinemment qu’il ne pourra pas tenir tête à la Centrale syndicale quand il va décider de satisfaire les enseignants.
Il faut rappeler que Yacouba Katilé, patron de l’UNTM et ses camarades se sont opposés à une application du fameux article 39.
Le ministre Sadio Camara dans les négociations
Les syndicats espéraient que le gouvernement leur sera reconnaissant après leur pause suite aux sanctions de la CEDEAO. A leur dire, le 9 janvier, au lendemain de la double sanction de la CEDEAO et de l’UEMOA, les enseignants « ont décidés de suspendre le 10 janvier 2022 leur mot d’ordre de grève qui était en cours ainsi que les actions programmées en guise de manifestation de leur bonne foi ». Malheureusement, déplore le syndicat « aucune initiative sérieuse n’a été engagée dans ce sens ».
Dans les négociations surtout celles intervenues ces derniers jours, beaucoup n’ont pas compris l’intervention du ministre de la Défense, Sadio Camara. Il faut dire quelques jours après le coup d’Etat du 18 août, n’étant pas ni ministre de l’Education encore moins du Travail ou autre Finances, M. Camara, a cru en lui, en son instinct de grand écouteur pour relancer le dialogue rompu entre le gouvernement déchu et les enseignants. D’un calme olympien, et doté d’un sens d’écoute, l’homme a su faire en sorte que les enseignants « reviennent à la raison » et d’accepter leurs propositions sans en trop demander au retour.
C’est cette confiance qu’il a su instaurer qui fait que le syndicat le prend au sérieux quant il intervient dans les négociations, affirme un des responsables du syndicat.
Hamidou B. Touré