L’école est un espace d’éducation. A ce titre il doit être protégé. Cependant, c’est un vrai calvaire que vivent les 740 élèves de l’école Doulaye Baba en commune I du district de Bamako. Ici, suite à une décision des autorités communales, la santé des élèves et des enseignants de l’établissement est soumise à une rude épreuve à cause d’un dépôt d’ordure qui jouxte l’établissement. En effet, une carrière située à proximité de l’école a été transformée en dépôt d’ordures engendrant des nuisances sur les écoliers. A ce jour, les appels au secours lancés par les 740 élèves auprès de la mairie de la commune I et des responsables en charge de l’assainissement de la ville de Bamako sont restés vains
Située à Doumanzana près du marché de Konatébougou, l’école Doulaye Baba a déménagé ici dans ses propres locaux en 1998. A l’époque l’endroit offrait un cadre vie agréable enjolivé par la présence à proximité d’une ancienne carrière d’extraction de la latérite rouge. « J’ai vu naître ce trou ici. C’était un endroit très beau. Le petit soir la vue était agréable et moi même je venais tous les soirs pour y faire mon séance de sport », se souvient le promoteur de l’établissement, Mamadou Bolozogola.
En 2001, le cadre agréable dans lequel étudiaient les élèves se transforme en cauchemar. En effet, sur décision des autorités de la commune I, la carrière d’extraction qui jouxte l’établissement est érigé en dépôt d’ordures sans tenir compte de la présence de l’établissement. La carrière d’extraction de latérite rouge a été donc transformée en dépôt d’ordures par la municipalité. Le site s’étend sur un total de 10 hectares. L’excavation causée par l’extraction de la latérite présente un diamètre de 5 ha. Bien qu’elle soit venue après l’école, les autorités municipales n’ont jamais initié des actions pour protéger les élèves qui sont aussi l’avenir de notre pays
« Nous n’avons jamais été pris en compte dans les décisions concernant ce dépotoir. C’est un matin que nous avons vu arriver, sur les lieux, des charretiers chargés de tonnes d’ordures », a expliqué le promoteur.
En l’espace de quelques jours milliers de tonnes d’ordures y seront déversés dans la plus grande anarchie. Les inquiétudes des élèves et des enseignants de l’établissement se confirment jour après jour. Au même moment les ennuis de santé commencent surtout avec les tous petits qui fréquentent l’école.
Dans le souci de protéger ses élèves le promoteur l’école adresse une correspondance à la mairie de la commune I avec des ampliations à la marie du district, à la direction régionale de l’assainissement et à la brigade urbaine de Bamako pour attirer l’attention sur la présence de l’école. Mais rien. « Je n’ai reçu aucun geste positif. Tout ceux que j’ai interpellé on été quasiment sourd à mes doléances », nous a confié Bolozogola.
Suite à la première lettre, l’école adresse une seconde, mais cette fois-ci à la voirie de la municipalité, aux autorités de la mairie de la commune I, à la direction nationale de l’assainissement, au tribunal et à la brigade urbaine de la commune I. Là également l’appel des élèves de l’établissement est tombé dans l’oreille du sourd. Aucune réaction positive n’a été prise pour leur protéger. Pire, leur calvaire empirait du jour au jour, au fur et à mesure que le dépôt grossissait. Finalement les ordures atteignent le mur de l’établissement, obligeant le promoteur à surélever le mur de l’école sur plusieurs mètres au bout un important effort financier personnel. Dans même cadre pour protéger ses élèves, le promoteur a construit un impressionnant mur de clôture pour réduire des nuisances.
Durant toutes les années 2001, 2002, 2003 et 2004, les élèves et le promoteur de l’école vont se battre à travers des correspondances et d’autres actions pacifiques pour réclamer un environ sain pour leur établissement. Mais là encore rien.
En décembre 2005, la décharge prend feu. Les nuisances sont devenues extrêmes. Les feux, les fumées polluantes, les odeurs nauséabondes et difficilement supportables, les mouches et les moustiques étaient devenus le quotidien des riverains dont les élèves l’école Doulaye Baba. Les élèves et le promoteur saisissent leur ministère de tutelle, le ministère de l’environnement, la direction régionale de l’assainissement du district, le gouverneur du district de Bamako, la mairie et la brigade urbaine de la commune I. Pour toute réponse et contre toutes attentes le promoteur reçoit des menaces de mort au sortir d’une audience avec le maire de la commune I.
Après plusieurs appels au secours, les élèves prennent leur mal en patience. Le promoteur multiplie les efforts en ouvrant une infirmerie et dotant l’école de médicaments. L’infirmier est recruté pour faires au moins de deux fois par semaines des visites de routines afin de surveiller la santé des élèves.
En avril 2011, le même scénario de décembre 2005 revient. Les feux, les fumées polluantes, les odeurs nauséabondes et difficilement supportables, les mouches et les moustiques deviennent le quotidien des riverains du dépotoir. « A bout de patience », ils (les habitants du quartier de Doumanzana) utilisent la violence causant des dégâts matériels importants. Suite à ces incidents dont les bamakois se souviennent, la mairie décide de suspendre l’utilisation de l’endroit comme dépotoir. Mais les ordures déjà sur place continue de polluer l’atmosphère des riverains.
Ayant pris cause pour les élèves et les enseignants de l’école Doulaye Baba, une association suisse dénommée « association pour l’organisation et la réalisation des écoles et projets » vole à leur secours. Elle finance la construction d’un mur de 6 mètres de hauteur et de trente mètres de longueur pour réduire les nuisances des ordures et de la saleté transportée par le vent sur les élèves. « Nous sommes très reconnaissants pour cette association qui continue encore de nous apporter un soutien inestimable pour la santé des élèves », a commenté Mamadou Bolozogola.
Selon nos informations, le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement s’est rendu, il y a quelques jours, sur les lieux. Un projet est en cours d’élaboration pour prendre en charge le site. Il sera élaboré avec l’ensemble des parties prenantes. Le site pourra recevoir les ordures de la capitale pour son remblayage. Toutes les précautions pour atténuer les épreuves des riverains seront prises en compte dans le nouveau projet qui va bientôt démarrer. L’école Doulaye Baba est –elle concernée par les mesures d’accompagnement ? Comment protéger les élèves contre les nuisances en provenance du dépôt ordures ?
En attendant la réponse à ses questions, les élèves de l’établissement n’ont pas caché leurs inquiétudes. « On aurait voulu que ministre de l’environnement et de l’assainissement viennent voir nos conditions et qu’il nous dise les mesures prises pour nous protéger. Parce que ce j’ai appris est que désormais toutes les ordures de la capitale vont être déversées ici afin de remblayer le site. Notre école est toute proche. Je ne sais pas le sort qui nous est réservé. Je suis très angoissé », nous a confié un élève de l’établissement.
« L’Etat doit nous protéger. Nous avons droit à un environnement sain. Notre école doit aussi être protéger. Sinon nous pourrons développer, à long terme, les conséquences de cette insalubrité », a commenté un autre élève.
« Les mois de forte chaleur sont pour nous des moments de hantise. Les tourbillons et les rafales de vent nous amènent toutes sortes de saleté jusque dans les salles de classe. Car ici, il y a toutes sortes d’ordures, y compris les déchets médicaux », s’inquiète un autre élève de l’école Doulaye Baba.
Les élèves de l’école Doulaye Baba lancent une fois encore un appel à toutes les bonnes volontés (organisation ou particulier) qui œuvrent pour la cause l’école et/ou d’un environnement sain à leur porter secours. Ils interpellent en premier l’Etat pour qu’il prenne des mesures d’accompagnement afin de réduire les nuisances des ordures sur l’école.
Par B. H. COULIBALY pour Maliweb.net