La salle de conférence de la maison de la presse a servi de cadre, samedi 16 Avril dernier, pour l’organisation d’une conférence débat sur le thème « Enseignement Supérieur : Enjeux et Perspectives ». Présidée par Madame SIBY Ginette BELLEGARDE, Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, cette conférence, qui a connue la participation de plusieurs acteurs du système universitaire, a été animée par le Directeur National de l’Enseignement Supérieur, Monsieur Mamadou Keita, le secrétaire général du département, M. Barthélemy Togo et Les conseillers techniques Oumar Yacouba Maiga et Arouna Cissé.
Rabelais ne disait il pas que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » ? Autrement dit, peut-on trouver des solutions aux problèmes qui rongent notre système d’enseignement supérieur si nous ne prenons un temps, si peu soit-il, pour engager un débat franc et sans complaisance ? C’est donc dire tout simplement que cette conférence débat, initiée par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique vient à point nommé.
C’est la raison pour laquelle, Mme le Ministre dans son discours d’ouverture a indiqué « L’Enseignement supérieur est un corps malade qui ne se porte pas bien et à qui on peut administrer toutes sortes de médicaments » avant de solliciter bien entendu l’aide et la participation de tous pour l’amélioration de la gestion de l’Enseignement supérieur.
Aussitôt le décor planté par Mme SIBY Ginette Bellegarde, les 3 conférenciers du jour ont respectivement abordé les enjeux et perspectives, la politique nationale et le programme d’appui au développement de l’enseignement supérieur.
Le 1er intervenant en l’occurrence le conseiller technique Oumar Yacouba Maiga, a évoqué la place de l’enseignement supérieur dans le système d’éducation-orientation-formation, son rôle dans le développement économique et social de notre pays, ses orientations majeures et quelques chantiers en cours dans le domaine. Avec un effectif de 11 000 étudiants à sa création en 1996, l’université du Mali s’est retrouvée en 2008 avec 57 000 étudiants contre à peu près 85 000 aujourd’hui en 2011 d’où une demande sociale de la formation débordant les capacités publiques.
De l’exposé du conseiller technique, il ressort que seulement 4% des emplois sont pris en compte par l’Etat à travers l’administration et le secteur productif moderne tandis que 31% sont absorbés par le secteur informel, urbain et rural contre 65% dans les métiers traditionnels à savoir l’agriculture, la pêche, l’élevage….
Il faut aussi noter que les missions de l’enseignement supérieur s’articulent autour de 4 axes majeurs dont :
· Une mission de formation initiale qui consiste à former des cadres pour l’emploi,
· Une mission de formation continue qui consiste à produire des compétences et qualifications répondant aux besoins du marché de l’emploi,
· Une mission de recherche appliquée en ce qui concerne la production d’innovations scientifiques et techniques dans les secteurs clés du développement, et
· Une mission d’appui technique qui a pour but de fournir l’expertise et le conseil aux operateurs économiques et industriels.
En ce qui concerne les réalisations en cours, le conférencier a cité, entre autres, la généralisation du système LMD, l’Université de Ségou, le recrutement d’enseignants et chercheurs, la formation des formateurs, la bibliothèque universitaire, la gestion des internats, la cité universitaire de Kabala et le fonds compétitif de la recherche.
Le second intervenant en la personne de Monsieur Mamadou Keita et actuel directeur national de l’enseignement supérieur, a abordé le contexte et la justification, les objectifs, orientations, stratégies, actions et défis à relever de la politique nationale d’enseignement supérieur.
Des diagnostics sur le dispositif de notre enseignement supérieur et de recherche scientifique, il faut en déduire les maux suivants : le déficit en personnel enseignant et les difficiles conditions de vie et de travail des enseignants, l’inadaptation de l’offre de formation à la demande, l’augmentation de l’effectif des étudiants, la faible intégration de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, le déséquilibre structurel entre les ressources affectés au secteur et les besoins, la faiblesse des capacités de gouvernance et d’adaptation, l’absence d’un plan stratégique de la recherche au plan national et l’insuffisance et la faible valorisation de la production scientifique.
Pour palier à ces situations, la politique nationale d’enseignement supérieur a dégagé les orientations suivantes : la valorisation de la fonction enseignante, la reconfiguration de l’offre de formation, la modernisation des pratiques pédagogiques, la création de structures universitaires, la promotion d’un secteur privé de l’enseignement supérieur….
La mise en œuvre pratique de ces différentes orientations nécessite des objectifs tels le renforcement de l’utilité économique et sociale de l’enseignement supérieur en adaptant au maximum l’offre de formation et de recherche aux besoins actuels et à venir du pays et en améliorant sa qualité ; la régulation des flux d’étudiants et l’optimisation de l’utilisation des moyens disponibles en injectant beaucoup plus de ressources dans les dépenses pédagogiques et la recherche. Pour les besoins de ressources humaines, l’Etat entend améliorer les conditions de vie et de travail des enseignants tout en élaborant un plan de carrière plus attrayant pour la profession. Les actions pour mener à bien ces projets sont, entre autres, la maitrise des flux d’étudiants, la création de nouvelles universités, la professionnalisation des filières de formation, l’effectivité du système LMD, la promotion de l’enseignement supérieur privé, la mise en place d’une politique d’aides sociales impliquant le secteur privé….
Le 3ème intervenant, le conseiller technique Arouna Cissé a, quant à lui, éclairé les lanternes des uns et des autres sur le programme d’appui au développement de l’enseignement supérieur (PADES). Lequel programme qui est une forte recommandation du forum national sur l’éducation et l’émanation de la volonté du gouvernement à trouver dans l’immédiat des réponses systémiques aux disfonctionnements du système actuel.
Selon Monsieur Cissé, ces changements systémiques impliquent l’introduction de nouvelles logiques organisationnelles et un nouveau cadre institutionnel qui induisent un changement de comportement des acteurs individuels et des organisations opérant dans l’enseignement supérieur.
A l’issue des 3 présentations, le débat a été ouvert pour les éventuelles contributions et questions des participants. Si d’aucuns se sont réjouis de cette initiative du département, d’autres en ont profité pour émettre des inquiétudes et étaler leurs problèmes. C’est alors dans un débat franc, sans complaisance ni état d’âme que les discussions se sont déroulées. Compte tenu de la situation actuelle de l’enseignement supérieur et surtout en raison de tous les éclaircissements obtenus à l’issue de cette conférence, force est de reconnaitre que l’initiative est non seulement à saluer mais mérite aussi d’être pérenniser et même étendue dans toutes les facultés et grandes écoles.
Cette journée a non seulement permis aux uns et aux autres de mieux cerner l’acuité et la complexité des défis auxquels le département de l’enseignement supérieur est confronté, mais aussi de comprendre tous les efforts qui sont mis en œuvre par les plus hautes autorités du pays pour trouver des solutions à ces problèmes.
FOUSSEYNI MAIGA