Retenues sur les salaires des grévistes du SYNESUP : Le ministre de l’Enseignement supérieur dans l’œil de cyclone

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Les retenues sur les salaires signifiées par lettre N°11-012 et 013 CEN-SNESUP du SYNESUP, posent un problème de fond de forme selon certains leaders syndicaux. Les syndicalistes disent en effet ne pas être contre les retenues sur les salaires, à condition ajoutent-ils que cela soit conforme aux textes en la matière.

 

En effet, selon certains leaders syndicaux, s’il y a retenues sur les salaires, il y a déjà sanction pour refus de travailler pendant une période donnée.  Si pour rattraper ce temps perdu ils sont privés de leurs vacances considérées comme un droit acquis, il faudra alors payer pour cette période où on est censé être en vacances annuelles. En procédant autrement, il y a selon eux double sanction, et une remise en cause indirecte du droit de grève au niveau du l’Enseignement Supérieur. Ces propos ont été tenus par un leader syndicaliste que nous avons pu rencontré et qui pense que le devoir des services de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique est de prendre acte de tout mouvement de grève au niveau de son département, puis d’envoyer au ministre de la fonction publique la liste des grévistes pour retenues sur les salaires, conformément aux textes en vigueur. A charge au ministre de la fonction publique de notifier aux concernés qu’il sera procédé à des retenus sur leurs salaires pour raison de grève. Le ministre en charge du budget sur demande de son homologue de la Fonction publique procède aux retenues. Ainsi, cette procédure est répercutée sur les bulletins de salaire qui doivent clairement porter mention de la sanction disciplinaire. Le travailleur même sanctionné est protégé contre toute autre manipulation. Certains enseignants déplorent le fait que, le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique procède automatiquement à ces retenues sur les salaires suite à des grèves, avec pour seule explication une mention au rouge des montants forfaitairement retenus sans aucun document administratif soutenant la mesure. Personne n’est officiellement informé du montant prélevé. Ni le syndicat, ni les concernés.  Dans les cas où d’enseignants non syndiqués (l’adhésion à un syndicat étant libre et volontaire en République du Mali) ou qui se trouvent en stage de formation (donc pas en activité), les salaires indistinctement sont " arbitrairement amputés de cette retenue". Pas d’explication  sur la méthode de calcul ou sur le bienfondé au regard des cas discriminatoires sus mentionnés… rien ne vient soutenir la retenue en question sur le bulletin de salaire à part la marque au stylo rouge poursuit notre interlocuteur. Ce qui peut laisser penser à la limite que  les sommes retenues ne vont pas forcément dans les caisses de l’Etat. L’approche poursuit notre syndicaliste décidément remonté contre son ministre ressemble à une situation de règlements de comptes contraire à la transparence qu’exige le système démocratique auquel tous se réfèrent. Ainsi personne n’est épargné pour la mesure. Si il existe des textes en la matière mais qui ne sont pas connus des travailleurs il faut en donner les références ou même les citer expressément et envoyer les enseignants concernés à la lecture de ces textes là, car la loi est faite pour servir et non le contraire, estime cet autre syndicaliste.

 

Comment le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique peut-il procéder à de telles sanctions inexpliquées du reste  au moment précis où l’école est menacée d’une année blanche, s’interrogent les syndicalistes. Même si ce ministère était habilité à procéder à ces retenues sur les salaires, les réalités du  moment (la fin de l’année, les examens et concours) à une situation qui peut susciter d’autres tensions sociales. Au lieu de chercher à sauver l’Ecole qui est déjà dans une mauvaise passe, le ministre fait l’inverse.  Tout semble fait pour susciter une nouvelle crise pouvant conduire à droit à  une nouvelle année blanche. A croire que le ministre n’a pas tout à fait conscience de la situation que vit actuellement l’école s’interrogent-ils encore avant d’ajouter que si c’est le cas, le syndicat doit chercher un autre partenaire crédible. Le statut du syndicat, ont rappelé certains syndicalistes, dit clairement qu’il n’a pas de vocation politique, mais qu’il est prêt à aider toute politique ou stratégie qui va dans le sens de la promotion de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique et en même temps qu’il est résolu à combattre toute politique  ou stratégie qui vont dans le sens de la destruction de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique en République du Mali. Espérons qu’au de-là de la colère du moment, la raison prévaudra pour que l’Ecole malienne retrouve la quiétude et toute la bonne atmosphère de travail et d’apprentissage qui l’ont longtemps caractérisées.

Moussa Touré.

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