Après avoir subi deux revers cinglants à la Cour Suprême contre le Collectif des Anciens Directeurs de CAP par rapport aux nominations illégales qu’il a effectuées après la mise en application de l’article 60 de la loi d’orientation de l’école, contraint de poursuivre les concours et craignant la formation d’un nouveau Collectif contre lui, le Ministre de l’éducation Nationale le Professeur Mamadou Lamine Traoré, par un simulacre de concours, a fait passer la quasi totalité des proviseurs des Lycées Publics en fonction. Pire ! Le Proviseur de Kolokani dont le nom ne figurait pas sur la liste des 84 admissibles a été miraculeusement repêché 4 jours après la proclamation des résultats provisoires. Jusqu’où et quand cette farce va-t-elle se poursuivre ? Qui va sauver l’école malienne de ce dérapage monstre ? Lisez !
N’ta ye nga ko ye » (je fais à ma guise), telle est visiblement la devise de Mamadou Lamine Traoré dans la gestion des concours au département de l’Education. Comme annoncé dans notre précédent numéro les résultats définitifs du concours des Proviseurs sont tombés le 8 septembre 2006. Un jour de honte et de détresse pour notre peuple. Sans surprise donc, tout au moins pour nous, presque tous les Proviseurs en fonction ont été reconduits.
A l’analyse de ces résultats, l’on ne peut s’empêcher de faire quelques constats pour le moins patents.
Premièrement Mamadou Lamine Traoré savait qu’il courait le risque de voir se former sur son dos un 2ème Collectif (celui des anciens Proviseurs de Lycées Publics) après celui des Anciens Directeurs de CAP. Ce qui, à coup sûr, l’emporterait dans le creux de la vague. Il lui fallait donc éviter ce risque grave de voir ses ambitions personnelles mises à nu. Rappelons que le Ministre de l’Education n’ayant pu diriger ses démêlées avec son Parti d’origine d’où il fut éjecté s’était servi de la loi d’orientation de l’Ecole pour remercier dans leur écrasante majorité les Directeurs de CAP nommés par l’ADEMA. Sur 70 DCAP, 62 furent remerciés par le truchement du fameux concours alors organisé à leur intention et rétroactivement. Histoire de vouloir dire aux nombreux maliens qui le croyaient que l’ADEMA n’avait nommé que des gens qui ne valent rien et n’ont aucun crédit, de la racaille à jeter à la poubelle. Mais comme on le dit souvent chez nous, la roue de l’histoire tourne et la vérité finit toujours par triompher. Quatre ans après le fameux concours des DCAP, le constat est toujours amer et surtout insultant : aucune évolution positive et qualitative au niveau de l’enseignement fondamental. Au contraire, la situation à ce niveau ne fait que dégrader. Ce qu’il ne faut jamais perdre de vue un seul instant c’est que lorsque Mamadou Lamine Traoré avait exigé et effectué l’application rétroactive de la loi en son article 60, il était absolument convaincu que ce n’était pas normal et surtout raisonnable ! Il voulait tout simplement se débarrasser des DCAP en fonction et retourner à des nominations à sa guise et conformément à ses calculs inavouables. C’est bien cela qu’il a fait. Mais pendant qu’il croyait que les maliens ne comprendraient rien en ses intentions inavouées et pendant qu’il prenait tous les maliens pour des dupes, des voix se sont levées pour dire non à l’application rétroactive de ladite loi. Des maliens qui n’ont rien perdu de leur courage ont dit non à l’injustice d’un ministre fut-il l’ami intime du Président de la République. Le Ministre haut perché a été amené à répondre devant la justice de ses nominations en violation flagrante de la loi qu’il a lui-même mise en application. Après avoir subi deux revers à la Cour Suprême devant le collectif des Anciens DCAP, Mamadou Lamine Traoré n’avait plus d’autre choix que de poursuivre les concours. Mais cette fois-ci, il a soigneusement évité de s’attirer la foudre de guerre d’un autre Collectif dont l’action sonnerait fatalement le glas à ce qui resterait de sa crédibilité aux yeux de ceux des maliens qui continueraient à le croire. C’est dans ce d’ordre d’idée que les langues se sont déliées sur la promesse machiavélique qui aurait été faite aux proviseurs en fonction qu’ils resteront en fonction s’ils venaient à se soumettre au concours prévu pour les 26 et 27 Août 2006. En tout cas ces proviseurs en fonction se frottent aujourd’hui les mains : après avoir été sur la liste des 84 admissibles du samedi 02 septembre les voilà définitivement confirmés à leurs postes. Seul grain de sable, ou seul cheveu dans la soupe du Ministre : sur la liste des 84 admissibles publiée le 02/09/2006 ne figurait pas le non du Proviseur de Kolokani. Celui-ci s’étant fortement agité et ayant menacé de dévoiler le « secret », son nom parut sur une liste additive et déclaré admis définitivement pendant qu’il n’était pas admis à l’écrit. C’était donc le mardi 05/09/2006. Voilà donc les pratiques de celui qui taxait tous nos dirigeants de malhonnêtes, de corrompus et de sales.
Si les différents concours organisés par le Ministre de l’ Education n’ont pas honoré la lutte de notre peuple laborieux contre l’apache régime de Moussa Traoré, ils n’ont eu que le mérite de prouver aux maliens et aux maliennes qui est Mala et de quoi il est capable. Cela n’est-elle pas la raison qui a fait que le président Alpha Oumar Konaré s’est vite débarrassé de ce vieux « ami » ! Tout compte fait, le Bac 2005 à Sikasso explique, si besoin en était, jusqu’où Mamadou Lamine Traoré gère le département comme les affaires de sa famille politique.
Deuxièment :
Ce qui est encore étonnant c’est le mutisme complet des enseignants qui sont les 1ères victimes de la mascarade de Mamadou Lamine Traoré. Ce mutisme coupable et défaitiste contribue à légitimer la mauvaise gestion dudit Ministre. Ainsi, dans leur écrasante majorité les enseignants se font prendre comme des gros bébés, des gens prêts à tout avaler du Ministre même ses couleuvres. Leur silence légitime par là même les passages aux concours qui ne sont que l’ombre d’eux et dénués de toute crédibilité véritable. Les enseignants, il faut le dire, se font berner et tromper sans le moindre esprit de discernement. On pourrait se demander : de quoi ils ont peur ou pourquoi continuent-ils à se laisser berner ? En tout cas leur engouement pour les farces de concours organisés par Mala est la preuve qu’ils se laissent facilement tromper. Ils étaient 312 candidats venus de tous les horizons de Gao, Kidal, Yélimané croyant encore, hélas, à la transparence du professeur. Cette confiance aveugle en quelqu’un qu‘ils n’ont pas connu les a empêché de se rendre à l’évidence qu’aucun d’eux ne serait admis à ce concours de façade. Ce qui est évident à ce jour, c’est qu’après ses démêlées avec les Anciens DCAP, le Ministre ne peut plus ouvrir un autre front contre lui. C’est pourquoi il utilise son art de manipulateur des consciences elles mêmes naïves et aboulies. Le temps se chargera de faire la lumière sur ces concours pour le moins catastrophiques et qui continuent à tromper l’opinion nationale. Même les syndicats ont été pris dans ce piège pourtant facile à éviter pour celui qui connaît l’homme et qui sait comme le dit Lincoln, qu’on peut tromper tout le peuple une partie du temps, une partie du peuple tout le temps mais pas tout le peuple tout le temps. Le Secrétaire Général du SYNTES (Syndicat de Travailleurs de l’Enseignement Secondaire) se trouvait sur la liste des admissibles. Maintenant le résultat définitif le met sur la liste d’attente. Ce qui serait désormais salutaire pour lui c’est de secouer les toits des charlatans, des géomanciens, des devins et pourquoi pas des marabouts pour ne pas moisir dans l’attente d’une nomination en tout cas sous Mamadou Lamine Traoré. En clair Monsieur Berthé risque d’aller à la retraite sur ladite liste d’attente. Pour la simple information du Secrétaire Général du SYNTES, aucun des admis sur la liste d’attente du concours des DCAP n’a été nommé jusqu’à ce jour. En vérité, pour s’être présenté à cette mascarade de concours des Proviseurs et au regard de l’espoir qu’il a suscité chez le 1er responsable du SYNTES, celui-ci ne peut plus se rendre responsable d’une véritable action syndicale en tout cas, pas contre ces concours. Cela est d’autant certain qu’en cas d’action de sa part, le Ministre et ses amis auront toute la latitude de dire à la face des maliens que le Secrétaire Général du SYNTES s’agite parce qu’il n’a pas été admis au concours. C’est donc dire que par cet acte de Berthé, Mamadou Lamine Traoré a mis tout le SYNTES en hibernation.
Troisièment :
Le silence des autorités, notamment le Premier Ministre, est assez curieux et ineffable face à cette façon de gérer les affaires par le Ministre de l’Education Nationale
Quatrièment :
Au lieu de chercher à corriger sa faute, Mamadou Lamine Traoré s’enfonce davantage dans le labyrinthe des erreurs. Mais comme on le dit « commettre une faute n’est pas grave mais y persister est diabolique ». Aujourd’hui, il est impérieux de s’interroger : à quand le concours rétroactif des Directeurs des jardins d’enfants, des Directeurs des Ecoles fondamentales, des Directeurs d’Ecoles supérieures, des Conseillers pédagogiques et des Inspecteurs ?
En effet, face à cette dérive du Ministre de l’Education Nationale, le Premier Ministre se doit d’agir en vue de redonner confiance à l’école malienne et donc à notre peuple laborieux. En tout état de cause, seuls les aveugles continuent à croire en Mamadou Lamine Traoré.
Ce qui est à ce jour prévisible et risquant pour les enseignants, c’est que la farce de concours légitimant les Proviseurs des Lycées Publics, ceux-ci se verront désormais autorisé d’agir à leur guise, de tout oser et de tout faire au nom de leur prétendue légitimité. Ce risque de dérapage autoritaire des Proviseurs issus de cette façade de concours est si réel qu’il transformera l’école malienne en lieu de suspicion et de délation à grande échelle.
Que Dieu sauve le Peuple Malien et son système éducatif !
ASM
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