Au sein des établissements scolaires que nous avons visités, l’unanimité est faite sur la reprise des cours. Il n’en est pas, en revanche, de même de la possibilité de faire les évaluations aux dates indiquées. Regards croisés !
Djibril Diallo est Directeur du Second Cycle des 501 logements II. Selon lui, la reprise des cours est effective d’autant qu’enseignants et élèves ont tous répondu à l’appel. «Et tout le monde essaye de faire de son mieux pour la réussite de l’année scolaire», nous confia-t-il.
Son homologue, Oumar Sarr, Directeur du Second cycle de Yirimadio 501 logements I, le rejoint sur la reprise normale, depuis le lundi passé, des activités à travers la présence du personnel enseignant et des élèves. «Malgré tout le temps qu’on a perdu, on peut faire quelque chose. Comme les évaluations, par exemple. J’aurais appris aussi qu’on veut continuer les cours jusqu’au mois d’août. Est-ce que cela serait possible ?
J’en ai vécu l’expérience en brousse. Une fois que les pluies commencent, certains parents d’élèves retirent leurs enfants de l’école pour les occuper aux travaux champêtres. J’ai assisté à une scène pareille vers Manantali dans un village où un Président du CGS (Ndlr : Comité de gestion scolaire), il est venu me dire : Directeur, l’hivernage a commencé. Moi je viens prendre mon enfant», relate M. Sarr.
Même ici à Bamako, estime-t-il, il serait très difficile de maintenir les élèves à l’école jusqu’au mois d’août. Excepté les écoles privées qui ont achevé leurs programmes, Oumar Sarr préconise que les évaluations soient faites sur la base du «programme enseigné ou cours dispensés». D’autant que certaines classes n’ont même épuisé pas le programme du deuxième trimestre. «Pour que l’année scolaire ne soit pas complètement perdue. Sinon, d’un point de vue pédagogique, on sait que les résultats ne seraient pas ceux escomptés», concède-t-il.
Service minimum assuré ?
Au-delà de la reprise des cours qu’elle qualifie de succès, Mme Fofana Oumou Camara, Directrice du 1er cycle de l’école Mamadou Konaté A, s’attarde sur le service minimum qui était assuré pendant les jours de grèves.
Et à elle d’argumenter : «Pendant les six mois de grève, je venais et on assurait la permanence et les élèves venaient très souvent par groupes. Quand ils voyaient qu’il n’y avait personne, ils repartaient et l’AEEM venait les faire sortir. La permanence était obligatoire parce que les parents d’élèves avaient besoin de certificat de fréquentation de leurs enfants pour monter leurs dossiers INPS, afin ceux qui y sont bien sûr inscrits…».
Plus circonspect, Mahamadou Coulibaly, Directeur de second cycle au Groupe scolaire Mamadou Konaté IV, estime qu’il serait difficile de rattraper six mois de cours en un mois. «Le lundi 20 mai 2019, on a fait la rentrée des classes. Tout s’est déroulé normalement. On avait un petit souci par rapport au programme puisqu’avec le mois de ramadan et la chaleur, il y a eu un petit changement d’emploi du temps. Mais les élèves viennent régulièrement pour le moment.
Ce qui est sûr, c’est qu’on ne peut pas faire l’examen à moins d’un mois. C’est impossible avec un retard de six mois. On ne peut rattraper ça en un mois. On relève du CAP, s’il y a examen, c’est peut-être au mois de juillet. Selon mes calculs, pour qu’au moins on arrive à terminer le programme, si les maîtres s’attelaient au travail, ce serait le cas», soupire-t-il.
Pour sa part, Siriman Camara, Professeur de Biologie et Physique-Chimie au Groupe scolaire Mamadou Konaté, 2e cycle II, demande plus d’efforts aux élèves. Tout en saluant les messages de sensibilisation des Directions d’écoles et CAP, sans oublier les parents d’élèves, M. Konaté pense que les élèves ont hâte de travailler après six mois de congés.
«Pour les deux mois de l’année qui restent, on demande à tout un chacun de fournir un peu d’effort afin que tout monde sorte gagnant. On peut faire le maximum pour sauver l’année scolaire. Je voudrais que, dorénavant, les autorités et les enseignants, voire l’AEEM, évitent ce genre de situation», souhaite-il.
La joie d’une élève
«Je suis très contente de reprendre le chemin de l’école. J’en avais marre de rester à la maison sans étudier. Et nous étions très en retard par rapport aux écoles privées. Maintenant, on va faire de notre mieux pour passer aux examens», s’exclame Aminata Touré, élève en 9e Année B au Groupe scolaire Mamadou Konaté IV.
Par contre, un groupe de jeunes élèves assis devant la cour de l’école des 501 logements, emmenés par Bakary Coulibaly, élève en 8e B, semble se tourner les pouces. Bakary Coulibaly prétextant redouter la chicotte de son maître de Biologie, auquel il n’aurait pas rendu son devoir à domicile.
Aïssata Diarra