Rentrée solennelle de l’enseignement supérieur : Un signal fort

0

L’Université, les instituts supérieurs, les grandes écoles, tout l’enseignement supérieur commencera les cours cette année à la même période et avec les mêmes calendriers. Une première dans le pays depuis bien longtemps.

L’amphithéâtre de 1000 places sur la colline de Badalabougou a abrité mardi la cérémonie de rentrée solennelle de l’enseignement supérieur. L’événement a fortement mobilisé le monde universitaire (professeurs, chercheurs, étudiants). Il était présidé par le Premier ministre Modibo Sidibé et s’est déroulé en présence des membres du gouvernement, des chefs d’institutions de la République, des représentants du corps diplomatique et des organisations internationales. Les partenaires de l’école (syndicats, associations de parents d’élèves), des leaders religieux et traditionnels étaient aussi présents.
L’Université, les instituts supérieurs, les grandes écoles, tout l’enseignement supérieur commencera les cours cette année à la même période et avec les mêmes calendriers. Une première dans le pays depuis très longtemps.

LE BONHEUR D’ETRE ENSEIGNANT. La cérémonie de mardi revêtait donc une symbolique forte. L’on espère qu’elle est le signal annonciateur d’un retour à une école apaisée et performante. Car, depuis bientôt deux décennies, notre école est malade. Pour inverser la tendance, il a fallu une remise en cause générale de tous les acteurs de l’école. C’est ce qui a conduit à l’organisation d’un Forum national sur l’éducation dont les recommandations sont en train d’être appliqués, comme en atteste cette rentrée solennelle.

Le thème mondial de la rentrée cette année est : « Le bonheur d’être enseignant ». Ce thème a été développé par l’archevêque de Bamako, Mgr Jean Zerbo. Dans son exposé, le dignitaire religieux a expliqué qu’être enseignant, est avant tout être en relation avec les élèves, établir une relation de confiance, de sécurité, d’empathie, mais aussi une relation d’autorité éducative.

« L’enseignement est le métier le plus noble du monde. L’enseignant détient une fonction clé dans la société puisqu’il incarne le savoir et l’autorité. Dans un monde idéal, seul les meilleurs devraient se consacrer à l’enseignement. Quelle exaltation devrait-il y avoir à former des jeunes, à allumer en eux la curiosité sans laquelle aucune connaissance ne nous est accessible ! Quoi de plus noble en fait que de travailler au service de la société et faire de ses enfants des citoyens instruits et brillants ? Le métier d’enseignant est un métier passionnant qui nécessite beaucoup de patience », a développé l’archevêque, tout en invitant vivement les enseignants à travailler pour redonner à l’enseignement son sens d’avant.

Sur le sujet, le secrétaire général de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), Hamadoun Traoré, avouera : « Il est difficile pour notre génération d’étudiants de parler avec fierté et conviction du bonheur d’être enseignant. Depuis plus d’une décennie, l’école malienne s’est progressivement dégradée et avec elle l’image et la dignité de l’enseignant ».

Et le leader estudiantin de poursuivre : « Comment parler de bonheur quand l’enseignant vit dans la précarité, quand la fonction n’attire que faute d’emploi, quand l’enseignant lutte en permanence contre lui-même, sa conscience, sa dignité et son image pour ne pas tomber dans la corruption ambiante et généralisée ? » Hamadoun Traoré a assuré de l’engagement de l’AEEM à accompagner l’école dans sa quête de stabilité.

Tour à tour, le représentant du Syndicat national pour l’éducation et la culture (SNEC), Ismaël Komé et le secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement supérieur, (SNESUP), Abdou Mallé, ont salué un thème qui honore tous les enseignants. Ils ont estimé que le bonheur de l’enseignant passe par l’application correcte des mesures d’accompagnement du système LMD, par un salaire aligné sur la sous-région, par un nouveau plan de carrière, par un espace universitaire plus sécurisé et par une administration universitaire plus performante.

Notre pays compte actuellement une université (celle de Bamako), trois grandes écoles et une quarantaine d’établissements privées d’enseignement supérieur accueillant environ 2 500 étudiants. Les structures publiques disposent de seulement 989 enseignants, 356 chercheurs, tous grades confondus pour l’encadrement de 65 089 étudiants.

UN PROGRAMME DE 13 MILLIARDS FCFA. Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Mme Siby Ginette Bellegarde, a constaté que l’Université était confrontée à un manque criard d’enseignants. Pour pallier cette situation, l’université en collaboration avec le gouvernement a initié et lancé un programme de formation des formateurs d’un coût de 13 milliards. Ce programme vise à former 650 enseignants, tous détenteurs de doctorat d’ici à l’horizon 2017, à installer des équipes pluridisciplinaires de recherche, à équiper des laboratoires de recherche etc.
Pour assurer un plan de carrière aux enseignants, poursuivra le ministre, un mécanisme interne d’évaluation et de promotion des enseignants a été mis en place.

Dans son intervention, le Premier ministre a spécifiquement développé les mesures prises par les pouvoirs publics pour donner à l’université sa fonction réelle. Le chef du gouvernement a noté que les chantiers ouverts étaient nombreux et engageaient l’avenir de notre système d’enseignement supérieur et de recherche. « A cet égard, les priorités du gouvernement seront de faire de notre système d’enseignement supérieur une réelle force de changement, avec trois grands objectifs : le faire évoluer sur le plan académique, le moderniser, à la fois dans sa structure et dans ses façons de faire, et en faire un pôle d’excellence », a détaillé Modibo Sidibé.

Le gouvernement s’engagera dans l’amélioration des conditions de vie, de travail et d’études, respectivement des enseignants, des chercheurs et des étudiants. Des mesures sont également prises pour la modernisation des pratiques pédagogiques, le renforcement du nombre d’enseignants et de chercheurs, la dynamisation de la recherche pour développer notre potentiel en recherche.

« Redonner aux enseignants fierté et confiance, redonner au étudiants le sens de l’effort, de la discipline et de la responsabilité, retrouver une administration universitaire et des grands écoles qui exercent toute l’autorité qui leur est dévolue, c’est reconnaître l’importance irremplaçable d’acteurs responsables, motivés, capables de démultiplier leur efficacité, de mailler leurs compétences pour être acteurs d’une réforme qui somme toute est une quête permanente dynamique et collective dans la polarisation de nos énergies, toutes nos énergies », a résumé le chef du gouvernement.

Doussou Djiré

Commentaires via Facebook :