En cette rentrée des classes, la situation des écoles reste alarmante. Au moins 750 écoles sont fermées au Nord et au Centre du pays et environ 2 millions d’enfants sont privés d’éducation. L’Unicef tire sur la sonnette d’alarme.
‘’Au moins 750 écoles ont été fermées dans l’ensemble du pays. Presque six ans depuis le début de la crise dans le Nord, et cela continue d’avoir un impact sur les enfants, notamment sur l’éducation (…) plus d’un million d’enfants en âge d’aller à l’école ne sont pas scolarisés”, a déclaré la cheffe de l’UNICEF au Mali, Lucia Elimi, Tombouctou, Gao, Ménaka, Taoudéni, Kidal et les Centres de Mopti et de Ségou, sont devenus des pièges à hauts risques pour qui veut se rendre à l’école. Pour Lucia Elimi, dans ces régions, “se rendre parfois à l’école relève du défi quotidien” ; elle souligne que l’agence onusienne a déjà recensé des cas d’enseignants qui “ont fui pour ne pas être directement ciblés” par les groupes armés. Elle a, en outre, déploré l’ “intimidation” dont sont victimes les communautés locales, notamment les responsables scolaires, ajoutant que ces intimidations faites par des hommes armés qui exigent le respect d’une “idéologie religieuse stricte”, ont provoqué la fermeture de plusieurs écoles. Identifiés comme des “extrémistes” par les communautés locales, ces individus n’hésitent pour à imposer leur doctrine et à brûler des écoles et des structures administratives, notamment dans le Centre du pays, a ajouté Lucia Elimi.
Pour répondre aux besoins des enfants au Mali, l’ONU a réclamé 22 millions de dollars début janvier, sur lesquels seulement 6%, soit 1,3 million, ont déjà été débloqués. Au cours des derniers mois, les acteurs du secteur de l’éducation dans les régions de Mopti et Ségou ont rapporté un nombre croissant de cas d’individus armés ayant proféré des menaces et demandé la fermeture d’établissements scolaires ainsi que d’actes de banditisme contre des enseignants ou des écoles, selon une source de l’organisation
Les régions de Mopti et Kidal enregistrent le taux le plus élevé des écoles fermées. À Mopti, sur les 685 écoles de l’académie d’enseignement de la ville, environ 265 étaient fermées au cours de l’année académique 2017-2018 soit un taux de 39%. Selon le directeur de l’académie régionale, environ 121 écoles sont susceptibles d’être réouvertes.
Dans le cercle de Youwarou 58 écoles étaient fermées l’année dernière. À cela, s’ajoutent aussi les infrastructures et équipements incendiés par les hommes armés. Toujours dans la région de Mopti, plus de 100 écoles sont fermées dans le cercle de Douentza. Selon le directeur du CAP, seules 11 écoles dans la commune de Hombory et 14 autres dans la Commune de Koubewel Koudia pourront reprendre les activités scolaires cette année.
Vers le Nord du pays, dans la région de Tombouctou, le CAP de Niafunké compte 34 écoles fermées à ce jour. À Kidal, sur les 71 écoles que compte la région seulement une était ouverte l’an passé. Environ 150.000 enfants sont déscolarisés ou non-scolarisés du fait de ces fermetures d’écoles.
En plus de l’insécurité, les fortes pluies diluviennes ont causé d’énormes dégâts dans plusieurs endroits du pays, notamment l’effondrement de beaucoup d’habitations au Nord. La majorité des sinistrés occupent actuellement les écoles comme refuges.
Mémé Sanogo
ENCADRE
Bamako : la conjoncture est là
Les préparatifs de la rentrée académique 2018-2019 n’ont pas véritablement commencé pour certains parents. Ces derniers n’ont pas encore envahi les rayons des fournitures scolaires pour faire leurs achats. Les vendeurs de fournitures scolaires attendent toujours les clients. Contrairement aux années précédentes, la rentrée scolaire de cette année ne connaît pas encore d’engouement, selon les vendeurs de fournitures scolaires. Les libraires et les vendeurs installés aux abords des marchés se tournent les pouces. Ils soutiennent qu’il n’y a pas d’affluence.
Selon Arouna Souaré, libraire au grand marché, les parents d’élèves achètent pour le moment les tenues scolaires et les cahiers, en attendant les listes de fournitures scolaires qui seront données par les enseignants. Pour lui, les parents d’élèves prennent cette précaution pour éviter d’être en déphasage avec les livres recommandés. La tenue scolaire est la plus urgente affirme un parent d’élève du quartier à Lafiabougou venu demander le prix d’un uniforme scolaire pour son enfant de 8 ans. « En attendant la liste des fournitures scolaires, je préfère acheter la tenue scolaire pour permettre à mon fils d’accéder à sa salle de classe le premier jour de la rentrée ».
D’autres raisons justifient le manque d’engouement chez les parents d’élèves : le manque de moyens. Des parents affirment qu’ils attendent encore les prêts scolaires de la part de leur banque ou de leur entreprise pour s’investir véritablement dans la rentrée académique 2018-2019. Le cas de M. Ali B. est révélateur des difficultés que traversent certains parents d’élèves. Il dit attendre des bienfaiteurs. Il vient de perdre son emploi et doit faire face à la scolarité de ses 5 enfants. Face à cette situation, il a entreprit des démarches pour bénéficier des services sociaux de sa commune afin sauver l’année scolaire de ses enfants. « Il est évident que la conjoncture économique actuelle a une grande influence sur les préparatifs de la rentrée scolaire de mes enfants », affirme Traoré Jérôme.
Autres difficultés pour cette rentrée scolaire l’occupation de certaines écoles par les populations victimes des inondations. Plusieurs dizaines de familles ont été logées dans deux écoles de Bamako à savoir : l’école fondamentale de Magnambougou marché et celle de Dianéguéla, Torokorobougou et de Baco-Djicoroni .Ainsi que des écoles à Sébéninkoro, Kalabanbougou.