L’insécurité profonde s’est installée dans le Nord et le centre du Mali, malgré la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Selon le dernier rapport des Nations Unies sur la situation au Mali, 52 militaires maliens, 13 casques et 5 civils ont trouvé la mort dans plus de de 60 attaques au Mali. Dans ce climat délétère, les enseignants protestent contre leur redéploiement forcé, dans le cadre de la rentrée scolaire, sans la présence des forces de défense et de sécurité et de l’administration qui les encadrent, dans le Centre et le Nord du Mali.
Dans une déclaration signée par son secrétaire général, Maouloud B. Kattra, le bureau exécutif du Syndicat nationale de l’éducation et de la culture (BE-SNEC) « s’inquiète du climat d’insécurité total et brutal exercé par des hommes armés dans le Centre et le Septentrion du Mali ». Le syndicat interpelle fermement les autorités en charge de l’éducation de l’administration sur « le retour prématuré, voire forcé des enseignants et enseignantes à leur poste sans la présence des forces de défense et de sécurité et de l’administration en général qui les encadrent. »
Tout en se réjouissant globalement du bon déroulement de la rentrée scolaire, le syndicat national de l’éducation et de la culture a souligné que « l’implication de nos partenaires internationaux en l’occurrence l’UNICEF à travers le recrutement des volontaires comme alternative peut menacer la profession enseignante. »
Le 3 octobre passé, les scolaires maliens ont repris le chemin de l’école. Cette rentrée 2016-2017 n’a pu être immédiatement effective dans les trois régions du Nord (Kidal, Tombouctou et Gao). En plus de l’insécurité chronique dans cette zone du pays qui perturbe depuis des années la scolarisation des enfants, le collectif des syndicats de l’enseignement secondaire avait déclenché une règle de 48 heures le jour même de la rentrée. Les enseignants de ces régions demandent, entre autres, l’augmentation de leurs primes qui est de 5000 FCFA à 50000 FCFA, leur indemnisation suite aux évènements du coup d’Etat de 2012.
16 mois après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, le Centre et le Nord du Mali est toujours en proie à l’insécurité chronique. En plus de Kidal, le tiers de la région de Mopti et la moitié de Ségou échappent au contrôle de l’Etat malien. Les attaques dans le Nord du pays, rien qu’en ce début de mois, entre le 3 et le 5 octobre, ont fait au minimum 7 morts et une dizaine de blessés. Dans son dernier rapport trimestriel sur la situation au Mali, le Secrétaire général sortant des Nations-Unies, Ban Ki Moon, indique que le « nombre d’attaques perpétrées contre les Forces de défense et de sécurité maliennes et la MINUSMA a sensiblement augmenté ». Il avance les chiffres suivants : 39 attaques contre les Famas, 27 contre la Minusma. « Les attaques sont de plus en plus fréquentes et audacieuses et de mieux en mieux coordonnées».
Madiassa Kaba Diakité