Rentrée scolaire au Nord : La volonté soumise à la sécurité

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A l’exception de zones reculées où prévaut une insécurité résiduelle endémique et de Kidal où les groupent armés accaparent les infrastructures scolaires, la reprise des classes s’organise.

 

 

Le Premier ministre Oumar Tatam Ly, a, dans le cadre de la campagne « retour des enfants  à l’école »,  procédé le 21 octobre au lancement officiel  de la rentrée des classes dans les régions du Nord. Ce lancement s’est déroulé à Tombouctou sur le thème la « Paix est de retour, l’école aussi » en présence du ministre de l’Education nationale, Mme Togola Jacqueline Marie Nana. Pour encourager et faciliter le retour des enseignant dans ces régions jadis sous occupation jihadiste, le gouvernement a pris des mesures incitatives qui octroient à chaque enseignant qui regagnerait son poste, 100 000 Fcfa de frais de retour et 150.000 Fcfa de prime d’installation. Cette mesure concerne les enseignants déplacés, réfugiés et ceux restés sur place pendant l’occupation.

 

 

Une première décision de mise en route a permis à 1563 enseignants de regagner leurs postes, suivra une deuxième vague de 155 enseignants. La troisième concerne 1710 enseignants. A la date d’aujourd’hui, la moitié de cette vague a bénéficié de la prime incitative, à l’exception de quelques retardataires. C’est pour que ces retardataires perçoivent leurs primes que les enseignants de la région de Gao s’étaient mobilisés et avaient boycotté la rentrée scolaire le 17 octobre dernier.

 

 

La rentrée est donc effective partout au nord, à l’exception de quelques localités très reculées où l’insécurité résiduelle retarde la réouverture des classes ainsi qu’à Kidal où les infrastructures scolaires restent toujours occupées par des groupes armés.

 

 

Dans la région de Tombouctou, tous les enseignants ont reçu leurs indemnités, confirme le directeur de l’Académie d’enseignement (DAE), Mody Abdouramane Cissé. C’est ainsi que 410 écoles fondamentales ont rouvert leurs portes (80%) avec 65.964 élèves soit 78% des effectifs et 1539 enseignants ou 68% du personnel. Les 5 lycées publics fonctionnent eux aussi.

 

 

Le directeur de l’académie (DAE) de Gao, Amadou Déguéni, a lui rappelé que la 7è Région administrative possède 641 structures éducatives dans tous les ordres d’enseignement. Avant l’occupation, la région comptait 3000 enseignants. Avec les violences, elle a perdu 95% de son personnel enseignant qui s’est déplacé vers le Sud et réfugié dans les pays voisins.  De nos jours, précise-t-il, 489 enseignants ont été redéployés dans leurs postes d’origine à Tombouctou, Gao et une partie de Douentza. Amadou Déguéni confirme que  les cours ont débuté dans le fondamental, les 4 lycées publics de la région de Gao et les lycées privés.

 

 

Des poches d’insécurité persistent néanmoins dans 11 des 24 communes de la région. Du coup, des enseignants ont peur de s’y rendre. Dans les localités où la sécurité est garantie, les enseignants commencent à revenir tout comme les élèves. La stratégie de la direction de l’académie d’enseignement  de Gao, explique son directeur Amadou Déguéni, est de redéployer les enseignants dans les zones sûres pour ne pas  les laisser sans travail. Les forces armées maliennes et onusiennes et leurs alliés français se chargent de leur protection en restaurant et en maintenant la paix, la sécurité et la quiétude.

 

 

Le  Programme alimentaire mondial (PAM), l’Organisation des Nations-Unies pour l’enfance (UNICEF), la Banque mondiale à travers son projet « urgence d’éducation pour tous » et la France ravitaillent les écoles en vivres, les équipent en matériel et kits scolaires, réhabilitent et reconstruisent  les établissements démolis. Ces partenaires accompagnent et appuient également les comités de gestion scolaire (CGS), les collectivités territoriales pour la prise en charge alimentaire, forment les enseignants de la région de Gao sur les modules de prise en charge psycho-sociale et sur les nouveaux programmes et mettent en place des points d’eau, précise le directeur de l’académie d’enseignement de Gao.

 

 

Pour sauvegarder tous ces acquis, Amadou Déguéni préconise la réhabilitation rapide des structures éducatives (académie, centre d’animation pédagogique). Il faut aussi les doter de moyens logistiques, didactiques et pédagogiques, assurer le suivi des écoles, octroyer des primes de zone aux enseignants servant dans les régions du Nord à risques afin de maintenir la qualité des études.

 

 

Si à Gao et Tombouctou, la reprise (même inégale) est effective, à Kidal où on comptait avant la chute de la région 492 enseignants, l’école est en panne. Seuls 27 enseignants sont restés dans la région et les écoles sont toujours occupées par les hommes du MNLA, déplore le directeur de l’académie d’enseignement (DAE), Hartata Ag Elmilick. « Les paisibles populations ne peuvent même pas vaquer librement à leurs occupations à plus forte raison les écoles.  Pour le moment l’école est dans  une situation précaire », regrette Hartata Ag Elmilick.  En outre, précise le DAE de Kidal, aucun enseignant de la 8ème Région administrative n’a encore bénéficié d’indemnités de l’Etat. « Les enseignants affiliés à la Fédération de l’éducation  nationale (FEN) sont prêts à regagner leur poste au Nord à condition que leur  sécurité soit assurée dans leur localité respective », assure Soumana Kalapo, le secrétaire général de la FEN.

La sécurité ? C’est justement là LE problème.

 

S. Y. WAGUE

 

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