Le lundi 03 octobre 2016, sur toute l’étendue du territoire national, c’est l’ouverture des classes au Mali. Cette année, les autorités ont placé l’événement sous le signe du « retour aux valeurs du travail et au mérite » ; comme pour dire qu’il est temps d’aller à la consolidation des acquis et la rédemption de l’école malienne.
Face à la situation, le ministre Kenekuo Barthélemy Togo a pris le taureau par les cornes. Lui qui, en amont, a mobilisé le maximum de moyens, organiser le plus de séances de travail pour faire de cette rentrée une réelle réussite.
Ce professeur d’enseignement supérieur a aussi su imprimer à l’école malienne une stabilité qui ne se disait plus qu’au passé.
La baisse considérable des sorties intempestives des élèves et étudiants, la diminution des grèves à répétition des enseignements, l’accroissement du corps enseignant et des infrastructures scolaires, la redynamisation des cantines,…sont des témoignages éloquents de cette remise au vert de l’école malienne.
Aussi, la parfaite quasi réussite de l’année scolaire 2015 – 2016 est un indicateur de ce sérieux ; de même qu’elle met en évidence une dynamique de succès qui va certainement dépasser les espérances.
Cependant, des insuffisances criardes grippent encore le système. En effet, malgré une massive politique du privé et un accompagnement de la société civile, l’école malienne demeure la proie des soucis. Il s’agit, entre autres, de l’insuffisance d’infrastructures et surtout de personnel de qualité ; l’inconcevable étroitesse du rapprochement professeur – élève, frisant souvent le ridicule voire la pudeur ; le retard toujours marqué dans la scolarisation des filles, la surcharge des classes, etc.
En chiffre, sachons que de 1971 à 2014, l’école malienne a passé de 203 703 élèves inscrits à 2 181 617. Au même moment, en Côte d’ivoire, ce nombre d’inscrit est de 464 817 en 1971 contre 3 021 417 en 2014. Ces données de la banque mondiale, à travers l’institut de statistique de l’UNESCO, montrent une fois de plus la taille du défi qui attend nos autorités pour la consolidation de l’école malienne.
Pour être complet, lisez le discours du ministre Togo, à l’occasion de la présente rentrée scolaire (2016 – 2017)
Seybou KEITA
L’intégralité du discours du ministre Kenekuo Barthélemy TOGO, ministre de l’éducation nationale
Chers compatriotes ;
Chers enseignants ;
Chers parents d’élèves ;
Chers élèves ;
Chers partenaires au développement.
Demain lundi trois octobre 2016, les structures d’éducation préscolaire, les écoles fondamentales, les Instituts de Formation de Maîtres, l’Ecole de Formation des Educateurs Préscolaires, les établissements d’enseignement secondaire général, technique et professionnel, ouvrent leurs portes.
Cette année, la rentrée des classes sera placée sous le signe du « retour aux valeurs du travail et au mérite », voie royale vers la consolidation des acquis et la rédemption de l’école malienne.
Loin d’être une simple manifestation d’intention, il s’agit d’une conviction forte qui exige qu’ensemble, et dès maintenant, nous nous employons à réaliser l’indispensable sursaut visant à restaurer la grandeur de cette merveilleuse institution qu’est l’école. Cet engagement n’est pas au-dessus de nos possibilités, il faut d’abord y croire.
Chers compatriotes,
Comme à l’accoutumée, nous nous faisons un devoir de vous présenter, en cet instant solennel, un bilan de l’année scolaire écoulée, vous entretenir des défis à relever pour l’année scolaire qui débute, et des réponses envisagées, tous concourant à la stratégie globale d’amélioration de l’efficacité et de l’efficience du système.
Mes Chers compatriotes,
Par la grâce de Dieu, Puissant et Miséricordieux, le Ministère de l’Education nationale a pu conduire à son terme l’année scolaire 2015-2016. Les cours se sont déroulés normalement sur l’ensemble du territoire, excepté la région de Kidal pour des raisons d’insécurité.
L’année scolaire a été couronnée par l’organisation des examens pour tous les ordres d’enseignement, conformément au calendrier fixé. Les candidats ont composé dans toutes les régions, excepté encore une fois Kidal.
Egalement, les candidats du camp des réfugiés de M’Berra, en République Islamique de Mauritanie ont pu composer en même temps que leurs camarades de l’intérieur du pays pendant la session ordinaire.
En cette occasion, nous adressons aux autorités Mauritaniennes, à l’UNICEF ainsi qu’à la représentation diplomatique du Mali en Mauritanie, les reconnaissances et remerciements du peuple et du Gouvernement du Mali.
Au terme de la proclamation des résultats, il a été enregistré :
– 30,02% d’admis au Diplôme d’Etudes Fondamentales (DEF) ;
– 24,30% au Baccalauréat général ;
– 23,74% au Baccalauréat technique ;
– 37,43% au Certificat d’Aptitude Professionnelle (CAP) ;
– 27,41% à la première partie du Brevet de Techniciens (BT1) ;
– 48,18% à la deuxième partie du Brevet de Techniciens (BT2), et
– 97,5% aux examens de fin cycle des Instituts de Formation des Maîtres.
Ces résultats, il faut le reconnaitre, nous interpellent tous, responsables de l’administration scolaire, enseignants, élèves et parents d’élèves, sur les performances de notre système éducatif et les défis à relever quant à la qualité et l’efficacité de nos enseignements et apprentissages.
Nous associons particulièrement à cet exercice d’analyse les collectivités territoriales.
– Chers compatriotes,
Toujours au titre de l’année scolaire 2015-2016, ce sont au total 3 854 enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales dont 3 668 pour l’enseignement fondamental, 117 pour l’enseignement secondaire général, 54 pour l’enseignement technique et professionnel et 18 pour l’enseignement normal qui ont été recrutés et affectés. Egalement, 407 enseignants des écoles communautaires ont été intégrés dans les fonctions publiques des collectivités territoriales.
Ces opérations n’ont visé qu’un seul objectif, réduire la fracture entre régions et réaliser le maillage territorial le plus complet possible.
Elles ont permis, outre la relance de l’Education, le soutien aux efforts de scolarisation, notamment dans les régions du nord du pays par la construction et l’équipement de 792 salles de classe pour l’enseignement fondamental, la réhabilitation de 200 autres, et la réalisation de 111 points d’eau.
Au regard du ralentissement manifeste du taux de scolarisation du fait essentiellement des effets de la crise sécuritaire, il a été procédé pour des raisons d’équité, à l’ouverture de 536 Centres de Stratégies de Scolarisation Accélérée/Passerelles (SSA/P) dans les Centres d’Animation Pédagogique (CAP) des Académies d’Enseignement (AE) de Bamako, Kayes, Kita, Nioro, Dioila, Kati, Koulikoro, San, Ségou, Bougouni et Koutiala ; et l’ouverture de 89 autres dans les CAP des AE de Gao et Tombouctou.
Cette crise, faut-il encore le rappeler, a provoqué le déplacement d’environ 330 000 personnes vers les pays frontaliers du Mali ou vers les régions du sud du pays et perturbé la scolarisation de plus de 800 000 enfants.
Le soutien aux efforts de scolarisation est davantage marqué par la création et l’animation de 579 cantines scolaires dans les zones d’insécurité alimentaire, permettant ainsi d’améliorer la fréquentation de 168 717 enfants.
En matière d’éducation non formelle, 1098 Centres d’Education pour le Développement (CED) ont été créés au terme de la campagne 2015-2016. Ces centres sont fonctionnels au niveau de l’ensemble des Académies d’Enseignement, excepté celle de Kidal.
Mes Chers compatriotes,
Le dialogue social, qui nous a permis d’avoir des résultats probants en 2015-2016 sera poursuivi et renforcé en 2016-2017. Des actions de sensibilisation et de renforcement des capacités en matière de prévention et de gestion des crises en milieu scolaire ont contribué à éloigner le spectre de la violence et de l’outrage.
Dans le cadre de la gestion de l’école en mode décentralisé, 1 332 Comités de Gestion scolaire (CGS) fonctionnels ont été mis en place et leurs membres ont été formés à leurs rôles et responsabilités. Ce processus de renforcement des compétences des représentants des communautés en vue de leur implication dans la gestion de l’école sera poursuivi en 2016-2017.
En matière de promotion et de valorisation des langues nationales, le Gouvernement a adopté, lors de sa session du Mercredi 14 septembre 2016, un projet de loi fixant les modalités de promotion et d’officialisation des langues nationales. Celui-ci s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la politique linguistique du Mali adoptée en décembre 2014.
Mes Chers compatriotes,
La Gestion des flux à travers l’orientation des élèves titulaires du Diplôme d’Etudes Fondamentales (DEF) reste aussi un défi à relever.
Sur les 66 615 élèves admis dont 64 117 élèves réguliers, 63 389 seront orientés, soit 99% des élèves réguliers admis.
La tendance des orientations est d’environ 33,8% pour l’Enseignement secondaire Professionnel, et 66,2% pour l’Enseignement Secondaire Général et Technique.
Sur les 63 389 élèves réguliers orientés, 51% iront dans les établissements privés et 49% dans les établissements publics.
– Chers compatriotes,
– Chers élèves, parents et enseignants,
Dans la perspective de la rentrée scolaire 2016-2017, mon département continuera d’accorder une attention particulière aux écoles situées dans les zones affectées par la crise sécuritaire. Cette mesure n’exclut pas les autres régions du pays où assurément, d’autres types de problèmes persistent.
En effet, malgré les efforts fournis par le Gouvernement de la République et ses partenaires, les actions engagées et les réformes entreprises par le département en charge de l’éducation nationale, les taux de redoublements et ceux des échecs aux examens scolaires restent élevés.
Pour faire face à cette préoccupation, en plus des actions posées en matière de recrutement et de formation d’enseignants, de dotation des écoles en manuels scolaires, nous avons décidé, suite à des évaluations des acquisitions des élèves en lecture en lien avec les méthodes de lecture en cours dans nos écoles, de l’extension de la méthode équilibrée et de la réintroduction officielle de la méthode de lecture à base syllabique dans nos écoles.
Je voudrais rappeler à cet effet que la réintroduction de cette méthode est une recommandation des Journées Nationales de Réflexion sur les Méthodes de lecture des 09 et 10 septembre 2016 auxquelles ont participé des députés à l’Assemblée Nationale, des représentants des partenaires sociaux de l’éducation, des partenaires techniques et financiers de l’éducation, des cadres de mon département tant au niveau central qu’aux niveaux déconcentrés et des personnes ressources.
Au-delà de cette problématique, la complexité et la diversité de la situation de l’école nous invitent à faire preuve de créativité et à envisager des solutions innovantes, flexibles et adaptées à l’évolution de notre environnement.
Dans cette perspective, comment ne pas évoquer le vaste chantier de la formulation d’un Programme Décennal de Développement de l’Education (PRODEC) de deuxième génération, entré depuis peu dans une phase active avec l’adoption par le Partenariat Mondial sur l’Education de la requête de financement, le démarrage des travaux de l’analyse sectorielle et la mise en place de l’équipe technique en charge de son élaboration !
Pour terminer, je voudrais souhaiter à vous tous, enseignants, élèves, parents, membres des Comités de Gestion Scolaire, responsables administratifs et autres partenaires, une bonne année scolaire 2016-2017.
Vive l’école malienne
Vive le Mali
Je vous remercie.