Rentrée scolaire 2014- 2015 : Le Gouvernement doit enfin s’assumer

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Il n’échappe à personne au Mali depuis la chute de l’apache régime de Moussa Traoré en mars 1991, l’école malienne ne cesse de péricliter et cela aux dépens des intérêts fondamentaux des masses laborieuses de notre pays.

 

Jacqueline-Nana
Jacqueline Nana, ministre de l’Education

Pour rappel de mémoire le concept de désertification intellectuelle avait pris corps au Mali sous le régime de Moussa Traoré. Cette désertification intellectuelle était le résultat logique et inévitable du combat que le dit régime avait engagé contre les intellectuels. Entre autres mesures prises par Moussa Traoré pour le besoin de la cause, on peut citer : les retards chroniques des salaires des enseignants (seule source de revenus), la diffamation, la calomnie, les arrestations arbitraires, les sévices corporels, les déportations de toutes celles et de tous ceux des intellectuels Maliens qui osaient dire non à l’obscurantisme instauré comme mode de gestion des affaires du Mali et cela depuis l’ère du Comité militaire de libération nationale (CMLN).

 

 

Les enseignants qui demandaient la liberté d’expression étaient soit suspendus ou affectés à des postes ou ils n’avaient rien à faire. D’autres étaient contraints de s’engouffrer dans l’alcoolisme juste pour les faire taire.

 

Rappelons en passant que dans sa boulimie contre les intellectuels, le CMLN est allé jusqu’à bruler toute la documentation se rapportant à Modibo Keïta, à l’Union Soudanaise du Rassemblement démocratique africain (US-RDA) ou à toute Association à tendance révolutionnaire, nous-t-on dit. Une façon de rompre avec la Réforme du système éducatif malien de 1962 qui avait consacré la fondation et le grand bond en avant de l’école malienne. Mais il ne pouvait être autrement quand on sait que Moussa a hautement trahi les intérêts supérieurs de la Nation pour servir ceux de la France coloniale.

 

Il faudrait que justice soit faite. N’en déplaise aux traitres du Mali qui veulent soigner notre plaie sur du pus ! Lorsque notre système éducatif a été placé dans et sous l’autorité du Programme d’ajustement structurel communément appelé PAS, les passages en classes supérieures dans le cycle fondamental étaient gérés au bon vouloir du Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, deux institutions financières capitalistes qui ne peuvent que spolier, aliéner, affamer les masses travailleuses ici comme ailleurs. Dès lors, la baisse vertigineuse des niveaux de nos scolaires s’est confortablement installée au sein de notre école qui fit jadis la fierté de tout un peuple, voire de tous les peuples d’Afrique.

 

Sous Alpha Oumar Konaré

Au lieu de connaître un léger mieux-être, l’école malienne était devenue le champ d’essai des reformes machiavéliques inventées de toutes pièces par l’Occident capitaliste pour assassiner l’espoir chez nous. Cela reste un gage de la politique de la France en direction de ses anciennes colonies. Cela se passe de commentaire quand on sait que le bonheur de ces pays anciennement colonisés constitue le malheur de la France néocoloniale : il faut tuer les peuples d’Afrique pour que vivent la France et tous ses suppôts euro- afro- américains.

La Nouvelle école fondamentale (NEF) qui n’a duré que trois ans au Mali, était la preuve irréfutable qu’Alpha voulait définitivement assassiner l’école malienne. Chères lectrices et lecteurs, cherchez à savoir un peu sur le dégât que la NEF a causé à notre école.

 

En faisant de l’école malienne le champ d’expérimentation des fallacieuses réformes des systèmes éducatifs, initiées par les ex-colonisateurs de l’Afrique et donc du Mali, Alpha a largement contribué à souiller cette Ecole et cela pour sauvegarder ses propres intérêts et ceux de sa famille politique qui n’avait que faire du développement de notre pays.

Un plan machiavélique aurait été monté de toutes pièces en 1994 pour remettre la formation des enfants maliens à leurs parents et cela à compter de la classe de 7ème. N’eut été la vigilance de certains patriotes, ce plan égoïste allait être appliqué aux dépens du peuple malien. Une fois encore, la privatisation de notre école avait échoué.

 

Pour faire face à la problématique de la pléthore des effectifs dans nos salles de classe aux différents niveaux d’enseignement, l’Etat malien avait autorisé (toujours sous Alpha), la création de structures privées (1er, 2ème cycles et lycées). Hélas, à ce niveau le constat est tout simplement cuisant et pour cause :

 

– les écoles privées ont ouvert leurs portes jusque dans les magasins des quartiers : celui qui a un bras au ministère de l’Education ouvre son école dans sa maison en vue de recevoir de l’Etat les juteuses subventions annuelles ;

 

– les écoles privées au Mali, au lieu de servir de pôles d’excellence pour nos élèves, sont chaque jour davantage des dépotoirs qui ne sauraient relever les défis de l’avenir.

Dans ces établissements privés, ce n’est nullement la formation qui compte, pourvu que l’on réalise des fortunes colossales. Les enseignants qui y enseignent sont traités comme des sous-hommes et cela sans vergogne et avec des taux horaires déshumanisants au regard de ce que l’Etat octroie à ces établissements lorsqu’il y oriente des élèves. Justement au su et au vu dudit Etat, les orientations font l’objet de clientélisme, d’affairisme, de favoritisme, et qui dit mieux ?

 

 

Dans les écoles privées, on raconte n’importe qui à n’importe quel prix, transformant ainsi l’école en dépotoir pour des hommes et des femmes à la recherche de boulot dans un pays ou tout allait et ou tout va toujours mal. Au-delà du colmatage, la problématique de l’emploi reste sans solution véritable.

 

ATT et son PRODEC

Avec le Programme décennal pour l’Education et la Culture (PRODEC), le régime ATT n’a pas mieux fait. Cela est d’autant exact qu’au regard de la baisse tendancielle des niveaux de nos élèves et étudiants, les diplômes maliens sont de plus en plus décriés dans la sous-région ouest-africaine.

 

La politisation à outrance de l’école ne pouvait laisser de place pour le devenir radieux de notre jeunesse en quête d’identité ! La fraude, la manipulation des consciences, l’achat des notes par divers prix, la réalisation de faux-diplômes, les fuites de sujets, expriment, mieux que toute autre preuve, la déconfiture de notre école. Chose dramatique, curieuse et inégale, c’est que pour diminuer (voire les arrêter définitivement) les contestations des élèves et étudiants, les régimes Alpha et ATT ont procédé à la corruption des leaders de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM).

 

Comme s’ils disaient à ces responsables de demain que l’achat des consciences scolaires est la «meilleure méthode» pour obtenir leur soumission à la gestion catastrophique des affaires de la nation au mépris de l’avenir du peuple travailleur. C’est bien cette attitude peu honorable des gouvernants maliens qui prouve à suffisance que ni Alpha, ni ATT n’avaient rien à proposer à notre système éducatif national, si ce n’est que leur incapacité notoire à fonder une Ecole Nouvelle qui sera demain au grand rendez-vous du donner et du recevoir universels en vue de permettre au Mali d’être présent au concert des Grandes Nations.

On peut simplement retenir que depuis la chute de Moussa Traoré, l’école ne cesse de naviguer à vue par la faute de ses responsables qui ont montré toutes leurs limites objectives et surtout leur désir frénétique de se servir de cette école pour acheter des pavillons en France ou au Canada. Ce ne sont pas les examens et concours connus jusqu’ici qui pourront nous démentir.

 

Point n’est besoin de rappeler que les périodes d’examens et de concours sont des occasions inouïes pour quelques individus de se faire fortunes colossales sans jamais s’inquiéter outre mesure étant entendu que bien de cadres scolaires se sont engouffrés dans la corruption, la vente des notes, que dirions-nous ? Les examens de 2014 ont prouvé, si besoin en était, que le système éducatif malien est pourri et dégage la puanteur des dirigeants.

 

Le sabotage de ces examens par des cadres véreux était un message à l’adresse d’IBK et de son ministre de l’Education Nationale : contre vents et marrées, nous pratiquerons les contrefaçons pour nous enrichir car ces pratiques ont droit de cité au Mali comme seconde nature depuis fort longtemps.

 

L’on rappelle que les nouveaux programmes d’enseignement des lycées n’ont fait l’objet d’aucun débat véritable entre les acteurs de l’école.

 

En septembre 2013, il y a eu un semblant de formation des formateurs à l’APC (Approche Par Compétence) et vraisemblablement, bien de professeurs ont navigué à vue sans la moindre maitrise desdits Programmes. Ce tâtonnement n’est pas de nature à servir utilement l’école malienne, bien au contraire.

 

Que faut-il faire ?

Pour servir la cause de l’école, il faut :

Une formation adéquate des enseignants aux programmes de l’APC (Approche Par Compétence). Cela est d’autant impérieux que si les professeurs tâtonnent en classe, les élèves en seront les grands perdants et les premières victimes aux dépends de l’avenir de notre système éducatif national.

 

Passer au crible de la raison critique, les modalités d’orientation des candidats admis aux différents examens, car il n’est plus un secret pour personne qu’au même moment ou le public a beaucoup de salles vides, le Privé rit au pléthore.

 

3. Revoir sans népotisme la liste des écoles privées qui doivent ouvrir leurs portes aux scolaires maliens car bien d’entre elles se sont disqualifiées comme l’attestent les résultats des examens, les traitements indécents des enseignants par des promoteurs véreux (à ce niveau bien de promoteurs refusent d’inscrire leurs enseignants à l’Institut national de Prévoyance sociale (INPS) comme en témoigne le cas du lycée Fouta Toro de Fana, leurs salaires sont dérisoires sans oublier le retard chronique.

 

4. Exiger des promoteurs un taux horaire à 1.750 au minimum en vue d’exiger des enseignants un enseignement qualitatif et complet. Cela est indispensable dans nos écoles privées quand on sait qu’il n’y a de contrôle que par rapport aux émargements. Aussi, les moments de grèves des élèves n’étant pas imputables aux enseignants, l’Etat doit veiller à ce qu’ils soient dument payés aux dits enseignants parce que le budget national ne fait pas de retenus sur les subventions au motif que les élèves sont allés en grève.

Le fait de rester indifférent à ces contrefaçons de l’écrasante majorité des promoteurs d’écoles culpabilise clairement l’Etat lui-même. Cela est d’autant juste que l’Etat ne peut se permettre de donner à ces promoteurs l’argent du peuple malien et voir les enfants de celui-ci formés par un enseignement au rabais. C’est là un contre sens flagrant ou une complicité criarde avec lesdits promoteurs d’écoles.

 

Mais l’on comprend aisément que l’indifférence de l’Etat face à cette calamité traduit, si besoin en était, que cet Etat fonctionne par le népotisme, le clientélisme, la prébende. Il est grand temps que l’Etat Malien respecte et applique son droit de regard sur les écoles privées et prenne sur lui la responsabilité de fermer toutes celles d’entre elles qui ne sont pas en règle.

 

Il est temps de mettre les enseignants du public dans des conditions décentes pour leur exiger des résultats probants et cela même s’il ne s’agit pas d’Objectifs pédagogiques opérationnels (OPO).

 

Une implication soutenue des parents d’élèves dans la gestion des affaires de l’école est indispensable pour la raison toute simple qu’il doit y avoir une relation symétrique entre l’école et la famille.

 

  1. Au lieu de cette idée d’Alpha qui a montré toutes ses limites objectives (un village, une école), il convient d’opter pour «une classe, un maître».
  2. L’Etat doit assurer aux enseignants la formation continue en vue d’être efficaces.
  3. Dans bien d’écoles privées (sous le regard complice des promoteurs et de leur administration), l’indiscipline des élèves se passe de tout commentaire. Parce que ces élèves paient «leur argent» ou parce que la rigueur les fait quitter l’établissement.
  4. Au moment des examens de fin d’année, les professeurs font face à des risques majeurs d’agressions physiques sans que les coupables soient poursuivis et punis. C’est pourquoi bien d’enseignants renoncent à la surveillance ou se transforment en vrais «amis», en complices des fraudeurs, permettant ainsi aux élèves de prendre pour égoïstes, méchants, impitoyables les rares enseignants qui s’assument malgré les risques majeurs d’insécurité qui jalonnent nos examens et concours.

 

Les responsables de l’école ne peuvent pas ignorer ce désordre criard qui caractérise nos examens. Des mesures urgentes doivent être prises pour ramener l’école à l’école car sans discipline véritable il n’y a pas d’études.

Fodé KEITA

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