Du 7 au 10 février 2012, dans le cadre de la 3ème édition de la « Rentrée littéraire du Mali », placée sous le thème « l’Afrique se raconte à elle-même et au monde », Bamako sera la capitale du livre et de la lecture. Pour donner le ton de la manifestation, Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé, Premier ministre du Gouvernement du Mali, a présidé le 7 février 2012, la cérémonie d’ouverture de la 3ème édition de la Rentrée littéraire du Mali.
Le 7 février 2012, la salle d’exposition du Musée national du Mali, pavoisée aux couleurs de la Rentrée littéraire du Mali, avait fière allure. Et, dans ce temple de la culture, dédié ce soir-là à la cause du livre et de la lecture, il faut dire que les absents ont eu simplement tord. Abdoulaye Ascofaré, plus connu au Mali comme un réalisateur de films, a émerveillé la salle avec sa diction exceptionnelle de « déclameur » de poèmes. Mais, la salle n’était pas à la fin de sa surprise. Ibrahima Aya, secrétaire exécutif du Fonds des prix littéraires du Mali, a lancé un cri de cœur en faveur du livre et de la lecture. « Mettons un sou dans le livre et la lecture pour ne pas devoir tout mettre dans la lutte contre l’intolérance ».
Dans la même vaine Thierno Monemembo, au nom des écrivains étrangers invités à la Rentrée littéraire 2012, a profité de l’espace pour faire un vibrant plaidoyer pour la culture. « Je lance un appel à l’endroit des responsables africains qui n’ont pas toujours réservé une place importante à la culture, qu’elle n’est pas dérisoire. La culture constitue la richesse des peuples », a-t-il indiqué. Avant d’inviter les citoyens et les hommes d’affaires à une union sacrée autour de la culture. L’intervention de Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé restera dans les annales.
Elle a d’abord indiqué que le Mali se réjouit d’être le point de convergence des professionnels du livre et des amoureux de l’écrit : écrivains, critiques littéraires, journalistes, illustrateurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires, sans oublier évidemment les élèves et les étudiants qui attendent chaque année avec impatience l’arrivée de leurs auteurs préférés. Selon Madame le Premier ministre, cette rencontre offre l’opportunité de rappeler que la tradition orale est, certes, une caractéristique importante de la culture africaine, mais que, depuis des siècles, elle a été accompagnée, chez nous, par l’écriture.
Elle a rappelé l’existence d’innombrables manuscrits que nous ont légués nos ancêtres et qui restent visibles à présent dans les bibliothèques de Djenné, de Tombouctou, de Ségou, de Gao, de Nara ou de Nioro ou même dans celles des pays de l’occident ou de l’orient et du Maghreb. Avant d’estimer que « l’écriture ne nous est ni étrangère ni ésotérique, encore moins hostile ; bien au contraire, elle fait partie de notre héritage ».
Cependant, elle a estimé que la littérature africaine dont le long et difficile parcours est, en certains points, assimilable à l’histoire même de l’Afrique se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. « C’est pourquoi, on peut affirmer que la présente rencontre fait partie des moyens d’expression qui permettent à l’Afrique de se rendre visible en se racontant », a-t-elle déclaré. Elle a conseillé aux acteurs du monde du livre africain, dans le contexte de la mondialisation, de s’atteler à la diversification des instances et des podiums de consécration, de reconnaissance des talents et de célébration des œuvres littéraires. « La Rentrée Littéraire du Mali s’inscrit dans cette veine, en faisant la promotion d’une production littéraire africaine qui soit universellement reconnue, uniquement par sa valeur intrinsèque et sa spécificité propre », a-t-elle ajouté. Madame le Premier ministre a rendu hommage à Yambo Ouologuem, dont « le sens du double engagement, esthétique et idéologique, fut de lui, le premier romancier africain à décrocher en 1968 le Prix Renaudot, ouvrant ainsi la voie du mérite à des émules aussi audacieux que talentueux ». Elle salué l’initiative des organisateurs de discerner un prix Yambo Ouologuem qui permettra sans nul doute de susciter des vocations et d’impulser la création littéraire par une saine émulation.
Elle a estimé que la Rentrée Littéraire nous offre l’opportunité de lever le voile sur les préjugés qui altèrent l’image de l’écrivain, en le dépeignant comme un être coupé du monde et cohabitant avec les fantômes de son imagination débridée.
« Les échanges et les contacts directs avec les auteurs permettront donc de briser ces stéréotypes, en montrant ce virtuose de l’art littéraire sous son vrai jour, sans artifice ni faux-fuyants », a-t-elle déclaré.
Elle a espéré que les espaces de discussions aménagés tout au long de cette Rentée Littéraire permettront, certainement, de mettre en exergue la réception et la critique des œuvres littéraires non seulement par les élèves et les étudiants mais aussi par les journalistes et les professionnels du livre.
Assane Koné