Rentrée scolaire 2011-2012 : Un cauchemar pour les parents d’élèves

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Après un long mois de Ramadan, marqué par la hausse des prix des produits de première nécessité, la fête de l’Aïd El Fithr célébrée, il y a un mois, a achevé de vider les poches. Les chefs de famille ne savent plus sur quel pied  danser. C’est en cette période de soudure tant crainte par les populations que se pointe la rentrée scolaire 2011-2012. Un vrai cauchemar pour les pères de familles qui, en plus des fournitures scolaires, doivent faire face aux tenues et autres frais d’inscription de leurs progénitures.

C’est le 3 octobre prochain que les élèves du fondamental et secondaire   prendront en principe, le chemin de l’école, une ouverture des classes qui, cette année, arrive dans un contexte extrêmement difficile à la fois pour les parents, les enfants et les commerçants.

Les commerçants, eux attendent ; de toutes les façons, les parents d’élèves finiront par acheter, si Papus doit aller à l’école. Mami, également n’irait jamais à l’école sans son petit bidon d’eau, son sac à dos bondé de fournitures : ardoise, crayon, règles, boite à chiffon, cahiers et boîtes de crayons en couleur, livres, taille-crayons etc. La tenue scolaire aussi. Il faut de nouveaux habits pour  Papus et Mami, là où la tenue n’est pas obligatoire.

Depuis que Papus sait que la rentrée arrive, il n’arrête pas de harceler son père, nous dit une fillette qui fera la sixième année. Papus est son jeune frère. «Chaque fois qu’il demande son sac, sa tenue, ses cahiers, Papa lui dit que c’est demain qu’il va tout acheter». Quand est-ce que demain arrivera-t-il donc enfin ? Avait fini par demander Papus. Chaque jour son père reporte, et sa petite sœur qui doit faire la classe des moyens au jardin d’enfants a précisé une fois pour toute en tranchant : «Papus, demain, c’était hier», de façon péremptoire. Mais cela n’a fait rire  personne, ni maman, ni Papa qui a fait semblant de regarder ailleurs? Seul Papus s’est tordu de rire en essayant d’expliquer à la petite que demain c’est bien demain, s’est attelée à expliquer la fillette. Mais sa petite sœur avait ses raisons et elle s’en défendait en se perdant dans les faux rendez-vous de son père. Le récit de réalité de cette fillette est assez instructif et nous ne sommes pas prêts à l’oublier car nous avons tous Papus et Mami  chez nous. C’est évident que les poches vides les parent boudent les vendeurs de fournitures et deviennent de gros menteurs à la maison.

Cette rentrée  scolaire n’est pas sans conséquence sur les bourses des chefs de famille qui viennent de faire face aux dépenses interminables du mois de ramadan. C’est une évidence, l’école redémarre au moment où les portefeuilles des parents sont sous pression avec les dépenses quotidiennes du mois de carême.

Notre tour de certains marchés et papeteries de la capitale à cinq jours  de la rentrée des classes, nous a enseigné.

De «la rue  des anciens combattants» en passant par le grand marché de Bamako et le marché Dibida, connu pour être le marché des fournitures scolaires par excellence, les parents  ne se bousculent pas devant les magasins de fournitures scolaires en cette veille de la rentrée. La clientèle ne manifeste guère d’enthousiasme, une attitude qui suscite pas mal d’inquiétude du côté des commerçants qui estiment que cette faible affluence des parents  est due aux dépenses familiales du mois de jeûne et la fête du Ramadan. «C’est le carême qui explique cette situation. Sinon, en certaines années, il y avait plus de vente à la veille de l’ouverture. Ces années là, au même moment, nos devantures étaient envahies de monde», se rappelle Salif Sidibé installé au marché Dibida.

La morosité, s’il faut lui donner ce nom, tient plus à une conjoncture générale qu’aux prix pratiqués par les commerçants. Le paquet de «100 pages» contenant 10 cahiers est, en effet, cédé à 1500 F Cfa. Celui de «200 pages» (5 cahiers) est vendu au même prix. Le paquet de «50 pages» (20 cahiers) coûte 1750 F Cfa. Dans certains magasins, de la première année à la sixième année, le livre de lecture est cédé entre 2500 F Cfa et 3000 F Cfa, le prix d’un sac d’écolier varie entre 1000 F Cfa à 8000F Cfa. Les livres d’histoire, géographie, math, physique chimie, Biologie et anglais sont cédés respectivement entre 2000 F Cfa et 3000 F Cfa au minimum entre 5000 F Cfa à 7500 F Cfa maximum.

Les commerçants commencent à perdre tout espoir. C’est le cas de Lassine Traoré qui a un kiosque bourré de cahiers et autres fournitures scolaires. M. Traoré attend impatiemment les clients. «Depuis que j’ai commencé ce travail, je n’ai jamais vu une telle morosité. Il n’y a pas assez de vente, je reçois les clients au compte-gouttes, cela n’est pas bon pour nos affaires. Même les cahiers qui se vendaient facilement à la veille de la rentrée ont du mal à être écoulés», a-t-il expliqué.

Pour certains clients, la morosité du marché s’explique plutôt par la cherté des produits de première nécessité et non par la coïncidence de la rentrée des classes avec la fête. Un client rencontré dans le kiosque de Salif Sidibé confirme la difficulté du moment. «Cette année, j’ai eu des difficultés pour mes dépenses. Il est impossible pour moi d’acheter toutes les fournitures des enfants, il s’agit de chercher ceux qui sont indispensables, les sacs, les cahiers et les stylos. Il est regrettable de voir que le Gouvernement ne s’implique plus dans la réglementation des prix. Tout comme les autres produits de consommation, les fournitures scolaires connaissent le même problème. Je demande aux entreprises d’intervenir dans le cadre de la responsabilité des entreprises», a expliqué M. Coulibaly.

La fin du cauchemar des parents n’est pas pour demain nous a confié Hawa Coulibaly. « Les femmes sont victimes de la situation actuelle de l’école malienne. Malheureusement, l’Etat ne fait rien pour résoudre le problème», a-t-elle soutenu.

Tout comme les parents d’élèves, l’inquiétude est de taille. Nous avons rencontré Sékou Diarra, enseignant à l’école fondamentale de Sogoniko «Nous, les éducateurs nous sommes inquiets de voir les enfants venir à l’école sans les fournitures, Avec la conjoncture économique, il n’est pas évident pour les parents de joindre les deux bouts», a-t-il souligné.

Les parents tentent tant bien que mal d’avoir l’essentiel des fournitures scolaires comme les cahiers, les sacs et les livres dont les prix sont inabordables.

 

Nouhoum DICKO

 

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