Décidemment, la faculté de médecine est en effervescence en ce début de semaine. Après l’appel du secrétaire général, sylvestre Togo, à ses camarades afin qu’ils intègrent les salles de classe ; le comité AEEM avait finalement accepté l’effectivité de la rentrée académique 2010/2011 le lundi avant de récidiver le lendemain avec une grève de 48 heures. Les étudiants réclament, à travers cette initiative, la libération immédiate et sans condition de leurs camarades incarcérés depuis une dizaine de jours à la maison centrale d’arrêt de Bamako.
La joie des étudiants de la fac de médecine de retrouver le chemin des amphis n’aura été que de courte durée. La rentrée académique tant attendue a été avortée hier mardi avec l’arrêt des cours, observé par le comité AEEM, qui réclame la libération de sylvestre Togo, Moussa Nouhoum Diabaté, Martin Koné, Kalifala Samaké, Salif Konaté et Youssouf Kansaye, tous détenus actuellement à la prison centrale de Bamako. En plus de cette revendication, s’ajoutent d’autres doléances. Il s’agit, entre autres, de la situation des trousseaux et bourses, l’état défectueux de l’internat et le problème de transport auquel les étudiants sont confrontés. Selon Pierre Daou, secrétaire administratif assurant l’intérim du secrétaire général de l’AEEM, les bus n’assurent pas le déplacement parce que le Cenou aurait évoqué un problème de carburant.
Il faut aussi rappeler que tous les étudiants ne partagent pas cet arrêt prématuré des cours. Si Y.T trouve que « Cette grève est tout à fait légitime, car Sylvestre et son équipe ont beaucoup œuvré pour la défense des intérêts moraux et matériels des étudiants. Il est donc de notre devoir de le soutenir dans cette affaire». Quant à l’étudiante M.D, elle ne partage pas cet avis « Je ne suis pas d’accord avec cette grève. Nous sommes assez en retard et je crois qu’une perturbation des cours n’est pas la solution. Cette affaire n’a rien à avoir avec l’intérêt des étudiants. Ils ont fait montre d’irresponsabilité, qu’ils s’assument. Donc je suis pas d’accord avec mon camarade ». Au tour d’un professeur sur place d’ajouter « Au moins on ne dira pas cette fois-ci que ce sont les enseignants qui refusent d’intégrer les classes (rires). Sincèrement parlant, la faculté de médecine est en retard et les étudiants ont intérêt à reprendre le chemin des amphis ».
Qu’à cela ne tienne, une chose est certaine. Nul ne saurait remettre en cause le fait que la FMPOS soit en retard et les étudiants en sont conscients. Toujours est-il qu’ils ont décidé de faire un choix : celui de ne pas intégrer les salles tant que leurs amis ne seront pas relâchés. Peut-on les en vouloir ? D’aucuns diront certainement non, car la solidarité estudiantine est l’un des aspects essentiels qui permet aux étudiants de surmonter les aléas de la vie universitaire. Certains répondront par oui, eu égard aux circonstances qui ont engendré cette situation.
Il faut rappeler que des démarches ont d’ores et déjà été entreprises par le comité AEEM de ladite faculté pour la libération du secrétaire général et ses amis. Selon une source judiciaire, ils devront bénéficier d’ici la fin de la semaine d’une liberté provisoire en attendant la suite de l’instruction. Une autre source médicale nous confirme le rétablissement progressif de l’état de santé de l’étudiant agressé.
IDRISSA KANTAO