Rencontre MESRS-Aeem :Des concertations qu’on espère fructueuses

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Le mercredi 27 avril, la salle de réunion du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique (MESRS) a abrité une rencontre entre le Chef du département, Mme Siby Ginette Bellegarde, et le Bureau de coordination de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) conduit par son Secrétaire général, Hamadoun Traoré. Aussi notait-on la présence (entre autres) des membres du Cabinet du département, des secrétaires généraux des facultés ou de leurs représentants.

Le principal objectif visé par ces concertations consiste à trouver des solutions définitives aux véritables problèmes des étudiants. Aux dires du S.G. de l’AEEM, une correspondance a été adressée au Chef du département de tutelle en vue de débattre du contenu du Cahier de doléances de l’AEEM.

Des explications du S.G. de l’AEEM et autres intervenants
Selon le S.G. de l’AEEM, la crise actuelle qui secoue l’Université fait souffrir tout le monde : étudiants, parents d’élèves, administrateurs, autorités en charge de l’Education. Et à ce jour (mercredi 27 avril), l’Université est à un mois et huit jours de grève. Cette année étant une année électorale, les étudiants, sans le vouloir, pourraient être victimes de manipulations politiques. A ce propos, il faut souligner qu’un étudiant qui tombe sous le charme des chants de sirène politiques ne peut aucunement se préoccuper de se études.

Toujours selon le S.G. de l’AEEM, des préoccupations concernant d’autres problèmes sont en train d’être mélangées avec celles des étudiants. Toute chose que le Bureau de l’AEEM ne peut comprendre. «…Nos camarades pensent que nous dormons ou que nous sommes corrompus : ce qui n’est pas le cas…Les gens (NDLR : les étudiants ?) pensent que l’Etat et le Gouvernement ne pensent qu’aux élections. Cette situation n’a que trop duré, et nous voulons que Madame le Ministre soit notre interlocuteur et notre porte parole auprès du Gouvernement. Nous voulons être informés de ce qui est en train d’être fait ou non. Voilà tout l’esprit de notre correspondance adressée à Madame le Ministre », a déclaré en substance le S.G. de l’AEEM.

D’autres intervenants n’ont pas manqué d’attirer l’attention sur certains problèmes des étudiants. C’est le cas du S.G. de la FLASH qui a évoqué (entre autres) le non paiement des frais de mémoire des maîtrisards. Quant au représentant du secrétaire aux Conflits de la coordination du Bureau de l’AEEM, il a indiqué en substance : «…Le secrétaire général (NDLR : de l’AEEM), en tant que tel, ne sait plus lui-même où il doit se laver et où il doit se sécher. Aussi, tout ce qu’il aura à dire aux étudiants ne sera pas compris… ». Un étudiant de la FLASH a indiqué qu’au lieu d’attendre que les étudiants atteignent le niveau supérieur pour ensuite les congédier pour incapacité, il vaut mieux créer des instituts qui correspondent à leur niveau. Non seulement cela évitera la pléthore d’étudiants, mais permettra de stabiliser l’Enseignement en général. En réponse, le Ministre a souligné une priorité qui consiste à avoir des étudiants compétents et des enseignants à la hauteur, au lieu d’une pléthore de gens « diplômés », mais dont les capacités ne répondent pas à leur niveau. Selon le Ministre, il s’agit d’assurer le développement de tout le pays, de la base jusqu’au sommet.

Le Ministre met les points sur les I
Pourtant, ces genres de rencontres entre MESRS et AEEM, que les Maliens souhaitent fréquentes et fructueuses, contribuent à éclairer toutes les zones d’ombre qui peuvent affecter le dialogue et l’entente entre les deux parties. C’est pourquoi le Ministre s’est largement appesanti sur tous les points inscrits dans le cahier de doléances de l’AEEM. Au niveau de la Direction nationale de l’Enseignement supérieur, des textes ont été élaborés concernant la signature des diplômes. Par ailleurs, après la cession de la SOTELMA, le Chef de l’Etat a commis d’office quelques 150 millions de FCFA pour la mise en place d’outils technologiques au sein des structures universitaires (Intranet, haut débit…). Selon le Ministre, le matériel doit être renouvelé chaque cinq ans. Le département est en train de réfléchir sur un programme déjà adressé à certains partenaires et qui permettra aux étudiants d’acquérir des téléphones portables. Le projet fait d’ailleurs partie des programmes de développement du Gouvernement.

« C’est un vaste programme qui repose sur du concret et qui se réalisera avant la fin de l’année…Nous multiplions nos efforts pour pallier le manque d’enseignants du Supérieur. Il s’agira donc d’élaborer un programme de formation de certains des étudiants sortants qui ont les meilleurs résultats. Il s’agira aussi de mettre en place des laboratoires équipés et performants, de former des cadres supérieurs compétents et des jeunes pour l’Enseignement », a précisé le Ministre. L’Etat a reçu des offres de bourses venant de pays amis : entre autres, l’Algérie, le Maroc, la Tunisie et la Chine qui acceptent de délivrer des diplômes en Maîtrise et Licence. Mais le hic, c’est que « les jeunes ne compétissent pas parce qu’ils ne se sentent pas à la hauteur », a fait remarquer le Ministre. Il faudra donc réfléchir sur un programme de formation en Maîtrise d’Anglais qui est d’ailleurs en cours.

A propos du système LMD et des Universités

Aux dires du Ministre, l’Université de Bamako est autonome et dotée de son budget : elle doit donc décider de l’utilisation de ses fonds et s’occuper des aspects académiques et scientifiques. Des indicateurs ont donc été donnés aux structures pour qu’elles aillent vers l’adoption du système LMD (Licence-Master-Doctorat). L’ENSup, la FMPOS, la FLASH…, bref toutes les structures doivent aller vers ce système, d’autant plus que toutes les Universités des pays de l’UEMOA doivent l’adopter. Le Mali ne saurait donc rester en marge. A l’instar de la Décentralisation, beaucoup d’informations et de sensibilisations ont été initiées à ce sujet, et les circuits de communication ont été réactivés. L’ancien système Bac+2, Bac+4 et Maîtrise a fait ses preuves, mais il reste insuffisant et se bute à des contraintes. Il faut donc d’autres créneaux pour permettre aux étudiants d’acquérir le savoir-faire, les aptitudes et les compétences nécessaires. D’où le passage obligé vers le système LMD qui rendra encore meilleurs les étudiants qui l’accepteront. C’est pourquoi le Ministre s’est beaucoup appesanti sur le sujet.

De nos jours, l’Université de Bamako est à l’étroit et en location. Aussi, le Gouvernement a mis à disposition un domaine de quelques 123 hectares. Depuis décembre 2009, il cherche les voies et moyens de créer une deuxième Université. Pour la formation à distance, deux salles ont déjà été construites à l’Université. Par ailleurs, la Cité universitaire de Kabala est suivie par le département par rapport à son financement pour qu’avant juin 2012 (comme prévu), les clés de cette Cité soient remises. 500 hectares sont prévus pour les résidences et les infrastructures pédagogiques. Concernant l’Université de Ségou, une loi a été adoptée en 2010, et une mission universitaire a été mise en place. Mais après échanges avec les partenaires, et compte tenu de la situation de l’Université de Bamako, Ségou a tenu à avoir une Université de haut débit dotée d’un bon corps enseignant. Aussi, le Gouvernement a demandé l’appui des partenaires : Banque mondiale, France, Tunisie…En octobre prochain, l’Université de Ségou doit en principe répondre à tous les critères d’une Université digne de ce nom.

Pour la bonne marche de l’Enseignement
Le Ministre a exhorté les responsables de l’AEEM à aider le département à combattre les irrégularités qui se passent à propos des réclamations, des listes des résultats, des bourses… Normalement, les étudiants doivent percevoir leurs bourses dans un délai d’un mois, au lieu d’être contraints d’attendre trois mois, a souligné le Ministre avant d’ajouter : « Il faut exécuter correctement et entièrement les programmes d’études. Pour cela, tout le monde doit s’y mettre : étudiants, enseignants, autorités universitaires, Gouvernement. Pour obtenir un enseignant de qualité, il faut revaloriser la fonction enseignante. Il faudra donc des enseignants motivés et fidélisés ».

L’an passé, il y a eu 4 mois de grève, une grève suspendue après signature d’accords, dont l’alignement des salaires sur ceux de la sous-région, sur la base de l’indice 1400 à 3 000 selon les catégories des salaires. Le Gouvernement est en discussions avec certains de ses partenaires. « Il faut que d’ici cinq ans, nous puissions doubler le nombre d’enseigants. Il faut former des sortants de l’ENSup en Doctorat, PHD, etc. Il faut que ceux qui sont déjà dans l’Enseignement supérieur y restent et qu’ils soient fidélisés afin que ceux qui ont quitté reviennent. Il faut une relecture du statut des enseignants, de leurs grilles de salaires. Au Mali, le problème, c’est surtout les ressources humaines. Aussi, le défi à relever consiste à rendre attrayante la fonction enseignante, mais sans la déstabiliser », a conclu le Ministre.

Par Oumar Diawara « Le Viator »

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