Rencontre hier entre le Premier ministre et les syndicats de l'enseignement supérieur en grève illimitée depuis près de trois mois : Modibo Sidibé propose une hausse de la grille des salaires à compter du 1er juillet

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La Commission interministérielle sur l’éducation, présidée par le         Premier ministre, Modibo Sidibé, en présence des ministres Pr Salikou Sanogo (Education, alphabétisation et des langues nationales)  Mme Siby Ginette Bellegarde (Enseignement secondaire, supérieur et recherche scientifique) de Oumar Ibrahim Touré (Santé) a rencontré, hier, le Syndicat national de l’enseignement supérieur  (SNESUP).  Outre une délégation de ce syndicat dirigée par son Secrétaire général, Dr Abdou Mallé, il y avait le secrétaire général du SNEC, Tibou Telly. Cette réunion               intervient  peu avant la reprise des négociations entre le gouvernement et le SNESUP, qui est à près de trois mois de grève illimitée, a été l’occasion pour Modibo Sidibé de proposer un ensemble de mesures intégrées de sortie de crise et espère sur une reprise des cours la semaine prochaine.

Après le blocage des négociations entre le gouvernement et le SNESUP et la lettre ouverte de ce dernier adressée au Chef de l’Etat, les pourparlers devraient reprendre hier après-midi entre les deux parties. Ce nième round des négociations devrait permettre de trouver une solution idoine à cette crise au niveau de l’enseignement supérieur plus que jamais menacé d’une année blanche. Quelques heures avant la reprise des concertations, le Premier ministre a rencontré les responsables syndicaux du SNESUP et du SNEC à la Primature.         Devant ceux-ci, il a rappelé que le gouvernement reste toujours ouvert à un dialogue social constructif pour une école apaisée. C’est dans cet esprit que s’est déroulée la rencontre d’hier, à laquelle il a tenu à inviter le Recteur de l’Université de Bamako, les Doyens des Facultés et Directeurs         Généraux des Grandes Ecoles.

" L’ardent souhait du Gouvernement est que la rencontre de ce matin marque le début de la sortie de crise et la marche de notre système d’enseignement supérieur vers la qualité, conformément à la vision du Chef de l’Etat exprimée dans le Projet de Développement Economique et Social, amplifiée par le Forum National sur l’Education. Je souhaite vivement qu’à l’issue de notre rencontre et des négociations qui vont suivre, qu’ensemble, nous (Gouvernement, universitaires, syndicats, monde économique, société civile) puissions tracer les perspectives de développement de notre système d’enseignement supérieur en le mettant à l’abri des conflits sociaux répétitifs " a-t-il        indiqué.

C’est dans ce cadre que le gouvernement a proposé aux organisations syndicales et du monde universitaire, d’une part, un ensemble de mesures intégrées ayant pour objectif d’améliorer leurs conditions de travail et de vie et, d’autre part, une proposition d’un plan de développement de           l’Enseignement Supérieur à court, moyen et long termes.

A en croire le Chef du gouvernement, les statuts et plans de carrière et les  mesures d’accompagnement doivent marquer le début de la marche vers la qualité de notre système d’enseignement supérieur et de recherche. Ils ont été élaborés sur la base des principes de valorisation des principaux temps de la carrière (le recrutement, la promotion et la fin de carrière) de l’engagement professionnel (assiduité, éthique, déontologie, etc.) de l’excellence et de l’évaluation.

Les statuts proposés sont redéfinis sur la base de normes internationales concernant la formation requise, le recrutement, la tâche, la fonction, les règles et les mécanismes de titularisation, l’évolution de la carrière, l’évaluation de la performance et les conditions de travail et de rémunération. Ces statuts doivent contribuer, d’abord, à améliorer la qualité des formations dispensées, ensuite, à attirer les talents vers l’enseignement et la recherche, enfin à faire émerger des pôles d’excellence.

Les principales innovations des statuts portent sur la reconnaissance du mérite, comme l’a recommandé le Forum National sur l’Education, avec la consécration de l’éméritat et de l’honorariat ; l’apport des enseignants et chercheurs maliens de la diaspora, qui pourront être nommés Professeurs et Maîtres de conférences associés, sur la base de critères de recrutement avec des conditions d’exercice et de rémunération ; l’allocation de primes et indemnités sur la base de la productivité ; la reconnaissance des droits des enseignants et chercheurs, ainsi que des obligations liées aux avantages que la Nation a décidé de leur consentir.

L’adoption des statuts et plans de carrière évoqués, entraîne une amélioration de la grille de rémunération des enseignants-chercheurs.

Modibo Sidibé précise que "l’objectif volontariste du gouvernement, à moyen terme, n’est pas de s’aligner sur la sous-région, mais d’agir pour que nos universités et grandes écoles répondent aux standards internationaux. Pour ce faire, nous avons des ressources humaines à l’interne et à l’externe pour atteindre cet objectif".

Les nouveaux statuts accordent aux enseignants et chercheurs deux primes et trois indemnités liées à la productivité et à la présence effective en milieu universitaire. Ces primes et indemnités sont assorties de droits et d’obligations. Il s’agit de la prime de fonction spéciale, de la prime de recherche, de  la prime de documentation, de l’indemnité d’encadrement et de l’indemnité de résidence.

Parallèlement, le gouvernement procédera à l’audit des ressources propres générées par l’Université et les grandes écoles afin qu’une grande partie soit consacrée aux activités pédagogiques et autres avantages à accorder aux enseignants et chercheurs.

Le Gouvernement procédera à une hausse des taux des heures supplémentaires par grade (Professeur titulaire et Maître de conférence, Maître assistant, Assistant), tout en fixant comme objectif, de court terme, la rationalisation et la transparence de leur gestion. La hausse prendra effet immédiat à l’issue des négociations sur les taux.

Pour ce faire, il procédera à l’audit de leur gestion. A partir d’une analyse de la situation d’une année donnée, il s’agit de déterminer les besoins réels en heures supplémentaires et en heures de vacation pour les établissements d’enseignement supérieur sur la base de la réglementation en vigueur.

Cet audit devrait permettre également d’établir un besoin par unité d’enseignement et de budgétiser sur la base de ses besoins. Ce travail de fond devra contribuer à faciliter le passage au LMD et de chiffrer les besoins en enseignants par discipline et spécialité.

Les lois, décrets et arrêtés relatifs à toutes les mesures annoncées ci-dessus seront introduits dans les circuits d’approbation, au terme des négociations.

Le Gouvernement, dans le cadre de la mise en œuvre du paquet de mesures proposées, contribuera à la mise en place d’un programme de mise à niveau pour  aider et faciliter l’inscription des jeunes enseignants et autres sur les différentes listes d’aptitude du CAMES et de la CNELA, préparer les différents concours d’agrégation du CAMES et autres, la mise en place d’un programme d’identification et de recrutement de jeunes Maliens titulaires de masters ou de doctorat pour l’enseignement. Il est prévu la mise en place d’un programme de recrutement des enseignants maliens de la diaspora au titre de Professeurs, Maîtres de conférences associés.

Aussi, toujours d’après Modibo Sidibé, le gouvernement proposera la conclusion d’un plan de développement de l’enseignement supérieur, dont l’un des objectifs est de porter nos universités et grandes écoles vers les standards internationaux. La formulation de ce plan, qui a déjà obtenu l’accord de principe de certains des partenaires du Gouvernement, sera bâtie autour des thèmes suivants: les modes de gouvernance, de management et de gestion de notre système d’enseignement supérieur et de recherche, l’amélioration des conditions de travail et de vie des enseignants et des chercheurs, la reconfiguration de l’offre de formation, l’amélioration de la qualité de la formation et de la recherche, la rénovation de la pédagogie universitaire par l’usage des technologies de l’information et de la communication (TIC). Enfin, il propose  le développement des infrastructures universitaires et de recherche.

Ce plan sera basé sur la vision du PDES sur l’enseignement supérieur, portée par le Forum National sur l’Education et le Document de Politique Nationale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique.

Ce plan, dont le démarrage est prévu en 2011, fera l’objet d’une évaluation à mi-parcours par les partenaires (Gouvernement, Syndicats et autres partenaires de l’Ecole).

Le SNESUP n’a pas jugé utile de donner son point de vue dans l’immédiat sur ces propositions du Chef du gouvernement. Son secrétaire général a simplement laissé entendre qu’il va soumettre les annonces faites à sa base. Quant au Secrétaire général du SNEC, Tibou Telly, ainsi que le Secrétaire général de la section supérieure du SNEC, Ismaïla Komé, ils ont exprimé leur disponibilité à poursuivre le dialogue autour de ces proposions qui sont des avancées notoires devant permettre de débloquer la situation. Mais pour cela, il faut que le SNESUP mette de l’eau dans son vin en faisant des concessions indispensables pour sortir l’école de cette situation qui n’honore pas notre pays.

Ramata TEMBELY

 

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