Une rencontre tenue par l’Association des Elèves et Etudiants du Mali a permis de mettre en lumière la situation qui prévaut au sein du mouvement que tout le monde savait tendue et les changements en vue pour repartir sur de nouvelles bases. Ladite rencontre s’est déroulée sous la férule dudit secrétaire général par intérim du bureau de coordination de l’aeem, Ibrahim Traoré dit Papin.
Après avoir observé une minute de silence pour honorer les mémoires de Sékou Samaké dit Major et de Abibata Danioko (deux étudiants qui ont perdu leurs âmes dans la foulée des évènements du 22 mars dernier…), et chanté l’hymne national du Mali, le secrétaire général a déclaré que cette rencontre est, encore une fois, la démonstration de leur volonté d’injecter du sang neuf à l’aeem, en défendant la vérité, la justice, l’excellence au détriment d’un système inconséquent, inique instauré par Hamadoun, l’ancien secrétaire général qui a été écroué à la suite de nombreuses plaintes déposées contre lui par des plaignants dont Ibrahima Traoré lui-même. Il a ensuite précisé que « l’année dernière, Hamadoun a fait appel, quand son fauteuil était menacé, à des gens qui n’ont jamais passé par la porte de l’école et qu’on appelait les FBI. Ce sont ces mêmes FBI qui m’ont enlevé et m’ont agressé. Rares sont ceux, dans cette salle, qui n’ont pas été victimes d’Hamadoun. Il imposait celui qu’il voulait. Il m’a nommé secrétaire aux revendications, mais ne m’a jamais consulté ». A cette confidence est venu s’ajouter le fait que le 30 avril dernier, selon M. Traoré, Hamadoun a fait sortir les élèves et étudiants pour qu’on tire sur eux et provoquer ainsi un soulèvement à la manière du 26 mars 1991.
Pour ce qui est des changements à introduire au sein du mouvement, Ibrahima Traoré a expliqué que, dorénavant, les secrétaires généraux tant au niveau secondaire que supérieur, seront choisis par la voix des urnes. Les campagnes électorales seront ponctuées par un face-à-face entre les deux candidats, à défaut d’un candidat représentant le consensus. A ses dires, deux jours seront consacrés aux élections avec des bureaux de vote pour chaque classe, comme ce fut le cas au lycée Boullagui Fadiga où le bureau du comité aeem a été renouvelé. Dans la commission électorale siégeront les forces de l’ordre (la police), les représentants de l’administration, les représentants du bureau de coordination et ceux des différents candidats. Et d’ajouter que les renouvellements ont été suspendus à la demande des ministères de l’enseignement dans une lettre qu’ils lui ont adressé. « Seul à la FMPOST, l’aeem appartient aux étudiants, sinon aucune faculté n’est stable depuis qu’Hamadoun est là. Il faut bannir le système de l’aeem, le comportement de l’aeem. L’aeem était comme le Mali d’avant, maintenant elle s’ouvre comme le pays aussi s’ouvre », a-t-il fait remarquer. Le nouveau « général » a aussi trouvé anormal le fait que le secrétaire général du bureau de coordination de l’aeem soit toujours désigné par le gouvernement et a promis, pour ce faire, d’y mettre fin.
Le cas Hamadoun : Ibrahim Traoré explique
Interrogé sur le cas de Hamadoun Traoré, le secrétaire général a fait savoir que le comité directeur de l’aeem l’a radié avec ceux qui sont supposés représenter ses soutiens. Selon lui, plusieurs raisons peuvent expliquer : d’abord parce qu’Hamadoun était un étudiant professionnel, comprendre un fonctionnaire, et il s’est rendu coupable d’agression sur certains élèves et étudiants jusque dans leur famille. De plus, Hamadoun a commis des actes criminels, volé des motos. « C’est lui-même qui m’a nommé secrétaire général intérimaire ; c’est le même mandat qui continue et prendra fin en décembre. Moi je n’ai rien à faire de son cas. Il n’est plus étudiant, s’il l’était j’allais me préoccuper de son sort. » Il a aussi affirmé que « cette année le premier point de revendication, c’est le Mali, la paix au Mali».
Cette rencontre a enregistré la présence des secrétaires généraux de différentes facultés, entre autres, l’ex-FSJP, FHG, IUG, FST ainsi que des lycées. Ibrahima Traoré a aussi pris à partie les promoteurs de lycée qui ne supportent pas de voir s’installer un comité aeem et ceux qui parlent de la fin de l’aeem : « Dites aux responsables que c’est la même loi qui a autorisé la création de leur établissement et de l’aeem. Si la constitution n’a pas changé, l’aeem reste ».
A noter que Hamadoun est actuellement incarcéré à la maison centrale d’arrêt de Bamako et qu’il lui est certainement difficile de mener un débat contradictoire sur tous les actes que lui reprochent ses détracteurs. Qu’à cela ne tienne nous tenterons de recueillir, si-possible, ses impressions sur les faits qui lui sont reprochés.
BOUBACAR SANGARE