Reforme de l’enseignement secondaire général : Une belle initiative qui laisse planer quelques inquiétudes

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Longtemps citée en exemple avec gloire, l’école malienne s’est oxydée au fil des années. De nos jours un simple « fredonnement » de son nom secoue la tête de toute une génération de la base au sommet. Comme le dit l’autre plus rien ne bouge en faveur de l’éduction et c’est parce que ça ne va pas  qu’il est difficile de faire endosser par une seule couche la responsabilité de ce désastre intellectuel. Qu’à cela ne tienne, les tentatives de sauvetage se multiplient. Certaines initiatives ont porté leurs fruits, tandis que d’autres ont montré leurs limites. Toujours dans cette dynamique de reconstruction de l’école malienne, le ministère de l’éducation nationale s’apprête à effectuer l’une des plus grandes reformes de ces 20 dernières années dans le secteur de l’enseignement secondaire général. Si l’initiative annonce une meilleure restructuration du lycée, il reste évident qu’une telle entreprise nécessite un minimum de conditions.

Pour endiguer la faillite de notre école, le ministère de l’éducation, de l’alphabétisation et des langues nationales a embrassé une politique de redressement de notre système tant décrié par les observateurs avertis. Ainsi, parmi ces reformes celle que va subir l’enseignement secondaire général (les lycées) suscite à bien des égards des inquiétudes et aussi des questions.

En 1962 la loi instituant le système éducatif est adoptée et un programme de construction d’écoles, de recrutement et de formation des enseignants et de fourniture d’équipements est décidé. À la fin des années 1960, un tiers des garçons et 20 % des filles sont scolarisés, soit trois fois plus qu’en 1960 à l’indépendance. Cette loi, cinquante (50) ans après semble montrer ses limites. Ainsi au lendemain du forum national sur l’éducation datant de 2008, une autre reforme partielle a été entamé et dont les retombées sont plus ou moins perceptibles avec les résultats des examens du DEF et Bac de ses deux dernières années. C’est pourquoi  le MEALN a entrepris cette année de mettre fin au  système de 10èmes divisées. Les lycées entameront cette nouvelle année scolaire  avec la 10ème commune ou encore le tronc commun, tel que dira l’autre. C’est-à-dire que les conservateurs seront nostalgiques des 10ème L ou 10ème S. C’est à partir de la 11ème année que l’on comptera trois séries : 11ème Lettres (11ème L), 11ème Sciences Economiques et Sociales (11ème S.E.S) et la 11ème Sciences (11ème S). Au niveau de la 12ème année, six séries verront le jour : Terminale Langues-Littératures (T.L.L), Terminale Arts-Lettres (T.A.L), Terminale Sciences Sociales (T.S.S), Terminale Sciences Economiques (T.S.Eco.), Terminale Sciences Expérimentales (T.S.Exp) et la Terminale Sciences Exactes (T.S.E).

A la lecture de cette nouvelle méthode, on se noie dans un enthousiasme d’espoir qui portera l’école malienne vers le changement tant imploré par tous. Mais en se rappelant de la condition dans laquelle elle va commencer, le doute s’installe sur la capacité d’entretenir ce nouveau bébé au lendemain garni de salut pour notre école. Les enseignants seront-ils à mesure d’assurer ces nouveaux programmes ? Ont-ils été recyclés en conséquence pour réussir cette mission ? Les administrations sont-elles prêtes à assumer un tel changement ? Les programmes de formations ont-ils été réactualisés ? Qu’en est-il du mécanisme de suivi de la reforme ? Combien coutera cette nouvelle reforme en termes financier, matériel, humain et même intellectuel ? Quelles sont ses avantages et les éventuels inconvénients  qui pourront en résulter et comment les résoudre ?

Même si le Directeur National de l’Enseignement Secondaire Général (DNESG), M. Bakary Casimir Coulibaly, lors d’une conférence de presse tenue en juin passé, a laissé entendre que cette reforme émanant des recommandations issues du forum national sur l’éducation « permettra à notre école d’aller vers un enseignement expérimental plutôt que livresque car les séries actuelles du lycée ont montré leurs limites », les questions évoquées ci-dessus méritent non seulement d’être posées, mais aussi des réflexions  plus approfondies aboutissant notamment à des réponses concrètes pour une meilleure réussite de cette reforme.

 

 

 

YAYA S. GUINDO


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