Le Comité de gestion des revues de l’Université des Lettres et des Sciences humaines de Bamako (ULSHB) a organisé, les 14 et 15 octobre 2022, un atelier de formation intensive en rédaction d’articles scientifiques. Objectif : offrir aux participants les bases de la publication scientifique.
Initié par Dr. Djouroukoro Diallo, enseignant-chercheur à l’Université de Berne (Suisse), la formation a été soutenue par le Comité de gestion des revues de l’Université des Lettres et des Sciences humaines de Bamako (ULSHB), sous le leadership du Pr. Idrissa Soïba Traoré, recteur de l’ULSHB. La formation a été co-animée par Dr. Mamadou Dia, maître de conférences à l’ULSHB, professeur de Lettres, et Dr. Moriké Dembélé également maître de conférences.
Le recteur de l’ULSH, Pr. Idrissa Soïba Traoré, a rappelé que la production scientifique est l’un des principaux critères de promotion des enseignants-chercheurs. « De plus en plus, les universités maliennes sont au firmament de la recherche. Les dernières sessions de la Commission nationale d’établissement des listes d’aptitudes (CNELA) et du Conseil africain et Malgache pour l’enseignement supérieur (Cames) ont enregistré beaucoup de candidatures d’enseignants-chercheurs et de chercheurs maliens. Les résultats encourageants lors de ces sessions méritent d’être poursuivis. D’où l’organisation de cette formation intensive ».
Il a surtout salué le Dr. Djouroukoro Diallo pour ses efforts dans la promotion de l’enseignement et la recherche scientifique au Mali. Il a invité les participants à plus de rigueur et d’engagement dans la rédaction d’articles scientifiques. « Pendant tout le séminaire les participants ont été assidus. Il est indispensable qu’ils puissent relire les notes et s’approprier des supports mis à leur disposition. Je leur dirais aussi de ne rien lâcher et d’être constants dans leur travail. Le séminaire était de qualité mais il doit être capitalisé », a-t-il insisté. Avant de promettre : « à notre niveau aussi, nous allons être là pour les accompagner comme nous l’avons toujours fait. Depuis notre nomination, une des initiatives que nous avons eu à prendre, c’est la subvention de la recherche. Ce programme en est à sa 3e édition. Les deux premières ont fait l’objet de publications. Il y a une tradition d’écriture qui a commencé à s’installer. Contrairement à quelques années, ces formations n’intéressaient pas les enseignants, mais en un temps record, cette formation a enregistré une participation massive. Le cadre est déjà là, nous allons continuer avec les formations de ce genre avec des chercheurs d’ici et d’ailleurs ».
Les 3 formateurs effectuent un suivi des participants et continuent de les guider et de les former dans l’écriture de leur article jusqu’à ce qu’ils ou elles le soumettent. Tous les participants avaient déjà des projets d’articles. Ces articles, une fois bien rédigés, pourraient être publiés dans les revues de l’ULSHB et dans d’autres revues sous-régionales après une évaluation rigoureuse conduite par un comité scientifique ad hoc.
Abdoul K. Konaté
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Dr. Morikè Dembélé, Maître de Conférences à L’ULSH de Bamako :
« Notre ambition est de promouvoir la recherche scientifique au Mali »
Dr. Morikè Dembélé, spécialiste des sciences de l’éducation et maître de conférences à l’Université des Lettres et des Sciences humaines de Bamako (ULSHB), la recherche scientifique patauge encore au Mali malgré les nombreuses initiatives de l’Etat et ses partenaires. Selon lui, pour permettre à l’université de pleinement jouer sa partition dans le développement du pays, les chercheurs ont besoin d’être formés à la rédaction scientifique et soutenus financièrement. C’est pourquoi, affirme-t-il, l’ULSHB vient d’organiser une formation intensive en rédaction scientifique. Une initiative qui sera pérennisée.
Mali Tribune : Quel est l’état de la recherche scientifique au Mali ?
Dr. Moriké Dembélé : Aujourd’hui la recherche patauge dans beaucoup de domaines. Le Mali est entré dans le système universitaire très tardivement. Dans la sous-région, nous sommes pratiquement la dernière université née. Ceci fait que nous nous sommes plus portés sur l’enseignement quand bien même que l’université c’est l’enseignement et la recherche. Nous avons une tradition de grandes écoles comme l’Ecole normale supérieure, l’Ecole nationale d’administration, etc. C’étaient des écoles portées sur l’enseignement.
Maintenant nous avons hérité de ces écoles-là avec la focalisation sur l’enseignement que sur la recherche. Mais depuis un certain temps, la situation commence à s’améliorer, les jeunes commencent à écrire. Nous avons produit quelques ouvrages ces dernières années. Il y a un changement très positif en faveur de la diversification de la recherche en sciences humaines et sociales au Mali.
Mali Tribune : Pourtant un ministère avait été consacré à la recherche scientifique au Mali ?
Dr. M. D. : Oui, l’Etat avait décidé de promouvoir la recherche. C’était une bonne vision politique mais il n’y avait pas de budget. Il faut savoir que la recherche coûte très cher surtout pour des pays pauvres comme le nôtre. Nous avons des difficultés pour financer ce domaine. Même quand il y a des intentions qui sont clairement affichées, la matérialisation avec des ressources est assez difficile. Mais il faut rappeler que nous avons un fonds de compétitivité. Mais les sciences humaines et sociales sont très faiblement représentées au niveau de ce fonds. Sinon ce fonds a été dégagé en 2018 précisément. Nous avons eu les premiers financements. Nous sommes toujours à l’attente du second financement.
Mali Tribune : On constate que dans certains pays, des structures non étatiques investissent dans la recherche. Existent-ils de pareilles structures au Mali ?
Dr. M. D. : Il y a deux problèmes majeurs qui bloquent cet investissement. Primo, nous n’avions pas de laboratoire. En fait, les grands projets de recherches sont généralement donnés à des laboratoires. Or, nous n’avions pas de laboratoire structuré avec beaucoup d’enseignants de profils différents qui travaillaient ensemble.
Les grands projets, c’est beaucoup d’enseignants chercheurs. Dieu merci nous venons maintenant de créer certains laboratoires. Chez nous cette année deux laboratoires ont été créés. Cette dynamique va nous permettre de capter des projets par exemple avec l’Unesco, l’Unicef et autres grands opérateurs de la recherche. Ceux-ci ne donnent pas de projet à des individus. Quand ce sont des universités, ils peuvent donner avec les groupes élargis pluridisciplinaires afin de pouvoir postuler et obtenir des financements de projet.
Mali Tribune : Un message aux partenaires potentiels susceptibles de contribuer à développer le domaine de la recherche dans notre pays ?
Dr. M. D. : C’est l’Etat qui doit mettre un accent sur la recherche. Aujourd’hui, l’accompagnement de l’Etat manque dans le cadre du financement de la recherche. Nous avons des primes de recherche qui ne nous permettent pas de mener des recherches pertinentes. Nous sommes donc obligés de postuler à des appels à candidature pour bénéficier des projets de recherche.
Aujourd’hui Dieu merci nous avons remporté certains projets qui sont quand même des grands projets de deux ou trois ans. Les enseignants chercheurs expérimentent des méthodologies de collecte et d’analyse des données. Ces partenaires ne viennent pas à l’université comme ça. Souvent c’est soumis à un appel à candidature, des formes de compétitions entre plusieurs structures, instituts et facultés et souvent avec des bureaux d’études. Ça va pour notre université. Moi-même je pilote un projet de recherche au sein de notre université.
Mali Tribune : Votre université vient de clôturer un atelier de formation intensive sur la rédaction scientifique. Quel était l’objectif de l’atelier ?
Dr. M. D. : Cet atelier de deux jours avait pour objectif d’aider les jeunes docteurs et doctorants à produire leurs premiers articles. Aujourd’hui l’université est plutôt portée vers la recherche, donc il était nécessaire d’aider les jeunes à écrire leurs premiers textes. Les participants devraient aussi venir avec un texte en cours d’écriture pour que les formateurs puissent les appuyer progressivement à mieux rédiger ces articles. La formation a été dirigée par trois experts : Dr. Djouroukoro Diallo et Dr. Mamadou Dia et moi-même ; Nous saluons surtout l’accompagnement et le soutien très important du Comité de gestion et de notre recteur Pr Idrissa Soïba Traoré.
Propos recueillis par
A .K. K.