« Nous ne sommes pas d’accord avec ça. Après la grève, on va les attaquer devant la justice. Pourquoi on parle de nos salaires à la télé. C’est une violation des droits ».
Telle est la réaction du Secrétaire général du Comité exécutif national du Syndicat national de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (CEN-SNESUP), Docteur Abdou Mallé après la rencontre du premier ministre Modibo Sidibé avec les représentants de la société civile et les notabilités de Bamako.
Lors de cette rencontre à la primature le jeudi 3 juin 2010, le chef du gouvernement a tenu à édifier la société civile, médiateur dans cette crise, sur ce que le gouvernement a fait comme proposition d’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants et chercheurs. C’est ainsi qu’il a été amené à parler de la revalorisation de la grille de rémunération des personnels enseignants et chercheurs de l’enseignement supérieur, de leurs primes et indemnités et enfin du taux des heures supplémentaires. L’ORTM qui a couvert cette rencontre en a fait écho comme d’habitude d’ailleurs dans ses différentes éditions de la soirée. Et c’est cette couverture télévisuelle que le secrétaire général du CEN-SNESUP considère comme une violation du secret qui entoure le salaire.
Le docteur Abdou Mallé que nous avons joint au téléphone nous a clairement signifié que, non seulement le SNESUP n’est pas d’accord avec la proposition du gouvernement, mais aussi et surtout qu’il allait attaquer devant la justice le premier ministre Modibo Sidibé et son gouvernement par avoir divulgué leur salaire à la télé. Est-ce à dire que les négociations autour des précédents points de revendications ne sont plus à l’ ordre du jour ?Dans son préavis de grève du 8 janvier 2010, le CEN-SNESUP tablait sur l’alignement des salaires des enseignants de l’enseignement supérieur et des chercheurs de l’éducation sur ceux des homologues de la sous -région ; la mise en place de la nouvelle hiérarchie (Assistant, Maître de conférence, professeur); l’augmentation du taux de l’heure supplémentaire à l’enseignement supérieur et enfin l’intégration des travailleurs contractuels de l’enseignement supérieur à la fonction publique de l’ Etat
Toujours est-il que le SNESUP continue dans le dilatoire et maintient jusqu’ à présent son mot d’ordre de grève illimitée à quelques semaines seulement de la fin de l’année académique. Le docteur Abdou Mallé est-il conséquent avec lui-même quand il parle de violation de droit sachant bien que depuis le déclenchement de son mouvement de grève il n’a jamais pensé une seule seconde à observer les dispositions de la loi N° 87-47/AN-RM du 10 août 1987 qui prévoit le service minimum en cas de cessation de travail ? Quel crédit peut-on lui accorder encore si on sait que son objectif visé est de sacrifier toute une génération pour des desseins inavoués ? La lutte syndicale ne s’accommode point avec le radicalisme. Il faut parfois reculer pour mieux sauter. Et est là tout le mérite du gouvernement qui a accepté de consentir un effort financier de plus d’un milliard de francs Cfa pour sauver l’année scolaire.
Que propose le gouvernement ?
Il s’agit de : l’adoption des statuts et plans de carrière dont les projets partagés avec l’ensemble des acteurs et partenaires du monde universitaire ; un plan de développement de l’ enseignement supérieur pour la période 2011-2015 soumis à un panel d’universitaires maliens et étrangers pour voir la pertinence et la faisabilité de la nouvelle hiérarchie suggérée ; la grille de rémunération des personnels enseignants et chercheurs de l’enseignement supérieure revalorisé de 10% à compter du 1er juillet 2010.
Quant aux primes et indemnités, elles sont fixées comme suit :
Le taux mensuel de la Prime de fonction spéciale sera de 40 000 fcfa à compter du 1er juillet 2010.
Il sera accordé une prime de recherche au taux annuel de 520 000 fcfa pour les assistants et attachés de recherche ; 680 000 fcfa pour les maîtres assistants et chargés de recherche et 600 000 fcfa pour les maîtres de conférences, maîtres de recherches, professeurs et directeurs de recherche.
Ils bénéficieront en outre d’une prime de documentation au taux annuel de 190 000fcfa. Quant à l’indemnité d’encadrement, il sera accordé une indemnité mensuelle d’encadrement de 20 000 fcfa pour les assistants et attachés de recherche ; 30 000 fcfa pour les maîtres assistants et chargés de recherche ; 40 000fcfa pour les maîtres de conférence et maîtres de recherche et 50 000fcfa pour les professeurs et directeurs de recherche. Il faut noter en plus une indemnité mensuelle de résidence de 50 000fcfa pour chacune des catégories. Le taux des heures supplémentaires connaîtra aussi une majoration substantielle à partir de juillet 2010.
Pour les assistants et attachés de recherche, il passera de 1 750 fcfa à 3 000fcfa. Pour les maîtres assistants et chargés de recherche de 2 000 fcfa à 4 000fcfa soit une augmentation de 100 %
Et pour les maîtres des conférences et maîtres de recherche, les professeurs et directeurs de recherches de 2 000 à 5 500fcfa soit une augmentation de plus de 100%. Le principe de l’intégration des enseignants ayant un contrat avec le ministère chargé de l’enseignement supérieur reste un acquis. Pour les autres qui sont liés à l’université par un contrat de travail, la réglementation applicable est celle des établissements publics jouissant de la personnalité morale et l’autonomie financière. Les propositions fermes du gouvernement ont une incidence financière de 1 781 212 534 Fcfa. Des propositions pourtant rejetées en bloc par le SNESUP.
Birama Fall