Le vendredi 10 juin 2011, dans la salle de conférence des nouveaux locaux de l’Institut Ahmed Baba, l’Ambassadeur de l’Afrique du Sud et un ingénieur du pays de « Madiba », ont procédé à la présentation de la maquette de ce qui pourrait être la future Université de Tombouctou. C’était en présence du Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et du directeur de l’IHERI-ABT. L’objectif du projet est de faire de la ville mystique de Tombouctou un pôle universitaire.
Il faut rendre à César ce qui appartient à César, dit-on. Il faut rendre à Tombouctou ce qui appartient à Tombouctou, soutiennent les concepteurs du projet de création de l’Université de Tombouctou. Ils ont présenté au Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Madame SIBY Ginette Bellegarde, accompagnée du Directeur de l’IHERI-AB, Mohamed Gala DICKO, un projet d’université de Tombouctou. « L’objectif est de redonner à la ville son rayonnement d’antan en termes de production et de diffusion du savoir. Ceci permettra également de maintenir les bacheliers de Tombouctou », a affirmé l’ingénieur concepteur, M. Goesain JOHARDIEN. Rappelant, dans son exposé, la tradition universitaire de Tombouctou, qui était différente du modèle européen. L’ingénieur sud africain a repéré une zone géographique susceptible d’abriter le complexe universitaire. Il pourrait être établi à trois kilomètres de la ville sur la route de l’aérodrome. L’architecture sera à la jonction du traditionnelle et du moderne avec des infrastructures sportives et un lieu de culte, informe M. JOHARDIEN. Dans la maquette du projet final, on constate que c’est tout un monde social, culturel et économique qui sera créé autour de l’Université.
Une construction progressive
Une avancée par étape. La réalisation du projet se fera par échelon. Car, explique l’Ambassadeur sud africain, Son Excellence Rotenbeng William MOKOU, un projet de cette envergure demande des moyens financiers énormes. C’est cette raison qui justifie ce plan de progression par étape. La capacité d’accueil sera de 500 étudiants au départ. Mais, précise l’ingénieur, l’effectif de l’Université augmentera au fur et à mesure que les autres bâtiments seront construits. La capacité finale de cette dernière sera de deux à trois mille étudiants.
Le contenu académique en débat
L’Université disposera d’une mosquée, d’un restaurant, d’un amphithéâtre mais, surtout, de contenu académique qui prévoit l’étude de l’art, de la philosophie, de l’agriculture, de l’islam, etc. Un contenu qui a suscité un questionnement du Ministre, notamment, sur l’employabilité des diplômés en études islamiques. En effet, de l’avis du Ministre, il faut réfléchir à des filières professionnalisantes en intégrant l’étude de l’islam dans toutes les filières comme discipline. Craignant qu’à long terme on se retrouve avec une situation comme à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques où la formation n’est pas suivie d’emploi. L’ingénieur sud africain, sur ce point, a avancé la possibilité d’utiliser les diplômés en islam comme prêcheurs et imams à l’instar d’autres pays du monde. Mieux, il a évoqué la solution sud africaine qui consiste à utiliser ces diplômés dans les tribunaux pour traiter des questions qui ont trait à l’islam, nécessitant une formation supplémentaire. Dans son intervention, le directeur de l’IHERI-ABT a précisé, à l’assistance, que : « l’islam au Mali – et en Afrique – a une particularité. L’université ne forme pas les prêcheurs et imams. On hérite de la fonction. Ce n’est pas une question d’érudits ». Par ailleurs, il propose de créer des filières adaptées aux réalités de la région comme : le tourisme, le stylisme traditionnel, l’agriculture, l’élevage, la pêche, l’étude des langues, notamment l’arabe. Le Ministre a soumis l’idée de l’étude de l’architecture de Tombouctou. L’ingénieur a précisé que cette présentation est un brouillon qui a besoin de l’apport de tout le monde.
La concertation, clé de voute du projet
Pour concrétiser le projet, il faudra une concertation entre les deux pays, souligne l’Ambassadeur sud africain. Mais, surtout, il est nécessaire de se référer au passé académique de la ville et consulter les grands érudits de la cité Sainte, ajoute-t-il. Car, l’étude de faisabilité constitue la partie technique. Il faudra organiser un forum pour discuter du volet académique. Il a rassuré que les recommandations de cette rencontre seront incorporées dans le document de présentation.
Au Ministre de conclure en affirmant qu’une Université peut favoriser le développement d’une région. Saluant au passage la convergence d’idée des deux parties, elle a demandé à chacun de prendre à bras le corps ce projet pour aller vers sa réalisation le plus tôt. Il est à noter qu’un vent nouveau souffle désormais sur la cité du savoir. Le vent de la renaissance !
Bemba SIBY