Problèmes signalés dans l’opération de bancarisation des bourses des étudiants : Le Dg du Cenou donne les raisons

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Depuis un certain temps, les étudiants maliens souffrent pour l’obtention de leurs brousses à l’Ecobank. Le directeur général du Cenou, le Colonel major Mamadou Idrissa Coulibaly, a bien voulu nous accueillir, pour nous en préciser les  causes.

Comment vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis Mamadou Idrissa Coulibaly, colonel major d’aviation de l’armée de l’air. J’ai été nommé directeur général du Centre national des œuvres universitaires (Cenou) par un décret qui date de juillet de l’année dernière. Je suis à peu près à 9 mois voire 10 mois de fonction en tant que directeur général du Cenou. Auparavant, j’étais haut fonctionnaire de défense auprès du ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, depuis novembre 2008. De novembre 2008 à juillet 2011, j’étais haut fonctionnaire de défense avec rang de conseiller technique. Et dès lors, je suis directeur général du Cenou.

Pourquoi l’ouverture d’un compte pour chaque étudiant ?
C’est une recommandation du Forum national sur l’éducation qui date d’octobre-Novembre 2009. Il était organisé par l’ex-Premier ministre, Modibo Sidibé. Parmi les conclusions et recommandations de ce forum, il y en avait une relative à  la domiciliation bancaire qu’on appelle la bancarisation des bourses et des trousseaux. C’était dans une mesure  de pouvoir maîtriser l’enveloppe et donner beaucoup plus de traçabilité. C’est donc parti d’abord d’une recommandation et il y a eu un appel d’offres et toutes les banques de la place ont postulé. Finalement c’est l’Ecobank qui a remporté le marché qui a fait l’objet d’une convention signée entre l’Etat, en l’occurrence le Ministère de l’Enseignement supérieur et la banque privée l’Ecobank. Et cette convention que nous sommes en train d’appliquer est une convention qui prévoit justement la domiciliation bancaire chez Ecobank de toutes les bourses  des étudiants.

Mais justement, pourquoi le payement des bourses par les banques ?
Je pense que c’est une mesure salutaire. C’est comme les salaires qui étaient payés manuellement auparavant par les trésoriers payeurs. Quand nous sommes partis vers l’informatique et la domiciliation bancaire des salaires, il y a beaucoup moins de problèmes. Prendre l’argent en liquide est une insécurité totale pour l’argent, l’agent comptable et l’étudiant. Au fait, la bancarisation, c’est pour éviter les erreurs et les anomalies.

Depuis que cette opération a commencé, en avez-vous fait l’évaluation ?
Comme je l’avais dit, la convention a été signée en 2010 et prend fin en 2014. Quand j’ai pris fonction vers le mois de novembre, j’ai envoyé une lettre à Mme la directrice de l’Ecobank pour demander qu’on fasse une évaluation à mi parcours parce que cette convention a une durée de quatre ans. Deux ans après, il nous a été demandé de faire une évaluation et nous l’avons fait.

Savez-vous que depuis plusieurs mois certains étudiants courent derrière leurs bourses ?
Oui, nous sommes au courant. Dieu merci, à la date d’aujourd’hui, nous avons engagé les sept mois de bourses (octobre, novembre, décembre 2011 et janvier, février, mars, avril) plus les trousseaux. Les équipes sont présentement  en train de préparer le document pour engager la bourse de mai et de juin plus les billets gratuits pour les vacances. Quand je dis engager, ça veux dire que le Cenou a reçu les listes les bénéficiaires de la part des facultés pour en faire une décision. C’est le secrétaire général du Ministère de l’Enseignement supérieur qui signe les décisions portant octroi de la bourse.
Ces décisions, nous les faisons passer au visa du Contrôle financier du Ministère des Finances. Quand ce ministère vérifie et prouve que les chiffres sont exacts, nous envoyons maintenant le dossier au Trésor chargé d’émettre deux chèques, un pour la domiciliation à  Ecobank et un autre pour les étudiants qui n’ont pas de bourse. C’est  en ce sens que le Cenou joue son rôle. Actuellement le pays, je ne dirais pas qu’il est en cessation de payement, mais il connaît des difficultés. Ce qui fait qu’il arrive  que certains étudiants aillent, faute de liquidité, au trésor. C’est exactement comme le salaire. Il faut aussi savoir que ce problème n’est pas seulement au niveau de l’Ecobank ou du Trésor, mais aussi cela peut être dû à des problèmes techniques au niveau de certains étudiants qui depuis, n’ont pas retiré leur carte d’étudiant. Ce qui  fait que ce problème se pose à plusieurs niveaux, mais malgré tout, il y a eu des systèmes mis en place pour permettre à certains de pouvoir retirer leur argent  sans problème, à travers les cartes confectionnées par nos soins.
Nous avons inventé des cartes spéciales  de Cenou pour les bacheliers de 2011 qui ont droit aux trousseaux. Ces cartes remplacent la carte d’étudiant. Désormais, c’est avec les cartes du Cenou que les étudiants iront  eux mêmes pour ouvrir leur compte  à l’Ecobank, parce que c’était-là le problème car Ecobank ouvrait les comptes sans la présence des étudiants. Ce qui n’est pas normal. Il ya un autre problème, c’est l’imprimerie qui fabrique les cartes magnétiques et qui se trouve au Ghana. Cette imprimerie  donne un délai de 3 mois pour faire revenir les cartes.  Ce qui fait que certains étudiants n’ont pas encore reçu leur carte magnétique par faute de noms. Je vous rassure que la majorité  a touché les trousseaux et les sept mois de bourses. Nous avons pris des dispositions pour ceux qui ne sont pas encore satisfaits.

Est- ce que vous envisagez une solution pour faciliter le retrait des bourses car les cartes magnétiques données aux étudiants présentent, dans la plupart des cas, une position de compte dormant empêchant ainsi le retrait de la bourse ?
Les comptes dormants, ce n’est pas la faute aux cartes magnétiques et c’est une instruction que j’ai personnellement donnée à l’Ecobank. La distribution des cartes magnétiques a commencé en 2010. Nous avons à peu près l’effectif de  80.000 bénéficiaires de bourses et de trousseaux sur l’ensemble des étudiants. A la date d’aujourd’hui, il n’y a que 42.000  et quelques étudiants, donc la moitié, qui sont partis  récupérer leur carte. Le dernier délai pour le retrait de ses cartes était prévu pour le 31 décembre 2011. Tout étudiant qui n’est pas allé se présenter, j’ai donné l’instruction à l’Ecobank de faire de son compte un compte dormant. Et ce compte dormant ne sera débloqué que si l’intéressé se présente dans mon bureau.
Propos recueillis par Bintou CAMARA et  Dan-oulé CAMARA

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