Hier mercredi 26 février 2014, les médecins en spécialisation, victimes d’un délaissement par leurs encadreurs, suite à un retard de paiement de leur frais de formation de la part de l’État, ont organisé une marche. Ladite marche est partie du jardin zoologique pour prendre fin devant l’Assemblée nationale où un mémorandum a été remis aux élus de la Nation. La marche a mobilisé une centaine de médecins en spécialisation, accompagnés de certains étudiants de la faculté de médecine.
Voilà 3 ans, jour pour jour, que ces médecins en spécialisation se battaient pour un petit problème qui est aujourd’hui devenu un très gros. En fait, notre pays souffre d’une insuffisance notoire de spécialistes dans différents domaines de la santé, car le fait d’envoyer des étudiants pour se spécialiser à l’étranger coûte énormément pour l’État. Ainsi celui-ci a, de bonne foi, pris l’engagement de former sur place des étudiants spécialisés dans des domaines de la santé. Pour ce faire, des concours internationaux sont organisés et permettent de retenir parmi les étudiants les meilleurs (camerounais, burkinabé, ivoiriens, maliens, etc…) en vue de leur spécialisation.
L’État malien paye 300.000 Fcfa par étudiant chaque année pour les frais de formation. Avec les évènements de 2012-2013, l’État a eu des difficultés dans le paiement de ces sommes aux encadreurs. Et ceux-ci ont commencé à réclamer leur dû. Après plusieurs démarches entreprises, aujourd’hui le paiement de ces arriérés serait en bonne voie.
En entendant que l’État s’acquitte de ce devoir, les encadreurs somment les médecins spécialistes à payer lesdites sommes en lieu et place de … l’Etat. C’est du moins ce que le secrétaire général de l’Amicale des médecins en spécialisation au Mali, M. Drissa Sangaré, a expliqué lors de cette marche. “Nous ne comprenons pas comment ces encadreurs que l’Etat a formés et qui sont sensés nous former refusent de le faire tant que nous ne payons pas en lieu et place de l’État. Ils nous exigent de payer 300.000 Fcfa chacun, sans quoi ils ne nous prodigueront pas de cours. Depuis janvier jusqu’à ce jour, aucun cours n’a été dispensé. Et aujourd’hui ils ont le courage de mettre les médecins en spécialisation dehors, affirmant que tant que nous ne payons pas leurs sous ils ne veulent plus nous voir dans les hôpitaux. Nous avons été voir le Recteur, mais rien n’a changé. Et nous avons l’impression que le Recteur ne maitrise pas ses professeurs, raison de plus que les choses ont dégénéré. Comment des professeurs, qui sont au crépuscule de leur vie, se permettent de chasser des jeunes médecins qui servent l’État loyalement. Les patients sont laissés à eux-mêmes, à leur propre sort. Les hôpitaux sont vides, car c’est nous qui constituons la cheville ouvrière des hôpitaux. Si nous ne sommes pas là, rien en marche. Malgré le gros travail que nous faisons dans les hôpitaux, nous ne percevons absolument rien, nos stages dans les hôpitaux ne sont pas rémunérés, nous n’avons ni primes de gardes, ni ristournes, même les blouses que nous portons nous les payons… Nous avons fait des enquêtes dans plusieurs pays de la sous régions et nulle part cela n’existe. Les étudiants des autres pays deviennent excellents que nous après leur formation, parce qu’ils ont été mis dans les conditions pour étudier, alors que nous nous courrons après le quotidien pour nourrir nos familles. Comment vous voulez que nous soyons meilleurs ? Et si nous sommes mal formés, c’est le peuple qui va souffrir. Nous avons saisi le Ministre de l’Enseignement Supérieur pour ce problème, mais il ne nous a pas répondu. Aussi, depuis le temps du Ministre de la Santé Soumana Makadji jusqu’à l’actuel Ministre Ousmane Koné, nous nous battons. Mais ils nous ont tous berné. Dans les hôpitaux, c’est nous qui faisons tout et au moment du partage du gain nous sommes oubliés, marginalisés”, a déclaré le secrétaire général de l’Amicale des médecins en spécialisation au Mali, M. Drissa Sangaré.
La marche d’hier visait à faire entendre des autorités compétentes le cri de cœur des médecins en spécialisation. Pour les marcheurs, l’Assemblée Nationale c’est l’ensemble des populations. Raison pour laquelle ils ont, à travers cette marche, soumis leurs doléances aux élus de la Nation, afin que chacun sache ce qui se passe.
Le secrétaire général de l’Amicale des Médecins en Spécialisation a affirmé que si cette situation perdure, c’est la population qui aura à se soigner avec des médecins médiocres et qu’il y a aura beaucoup de dégâts. C’est pourquoi, dit-il, “nous voulons être mis dans les conditions idoines pour que nous puissions servir le Mali.” “Nous sommes là pour apprendre, mais on nous pousse à faire le syndicalisme. Comme ledit l’adage, la chèvre acculée mord. Nous voulons tout simplement que les encadreurs reprennent les formations, qu’on nous mette dans nos droits”, a déclaré M. Sangaré.
M Sangaré a fustigé le fait que “beaucoup de médecins finissent leurs études et l’Etat ne les utilise pas. Ce sont les pays de la sous région qui viennent les prendre facilement, alors qu’ils n’ont rien fait pour concourir à leur formation. Alors que dans tous les hôpitaux, il y a insuffisance de spécialistes. Actuellement nous nous sommes la jeune génération de médecins spécialistes au Mali. L’État a l’obligation de nous former pour que nous puissions servir loyalement ce pays. L’État a demandé aux encadreurs de patienter qu’il réunira les conditions pour les payer. Mais ces hommes et femmes que l’État a formés cadeau à travers le monde et qui leur demande aujourd’hui de former des jeunes, ils refusent. Ils veulent que nous payons à la place de l’État, alors que celui-ci n’a jamais dit qu’il ne paye pas. L’État leur a juste demandé de se patienter le temps de réunir les conditions nécessaires”, a déclaré M. Sangaré.
Devant l’Assemblée nationale, les médecins en spécialisation ont chanté l’hymne national du Mali, puis ils ont lu le serment d’hypocrate avant de remettre un mémorandum au premier vice-président de l’hémicycle, M. Mamadou Tounkara, en présence du président de la commission santé, le Pr. Kalilou Ouattara.
Dans ledit mémorandum, les Médecins en spécialisation plaident en faveur de la création d’un statut Certificat d’Études en Spécialisation (Ces) en spécifiant les conditions d’affectations dans les Eph, leurs rémunérations ou autres prébendes dans ces structures ; la révision des règlements et arrêtés portant sur la spécialisation au Mali en termes de durée, d’organisation des évaluations, du contenu de la formation, de la supervision de l’encadrement, des outils de formation.
Le déficit en spécialiste étant criard au Mali, il est de l’intérêt national que la production puisse continuer à hauteur de souhait, et seule la prise en charge des frais d’inscription et pédagogique peut, de façon efficace, faire atteindre cet objectif, l’octroi de bourse de subsistance par le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique au Certificat d’Études en Spécialisation (Ces), qui sont aussi des étudiants.
Modibo KONÉ
Le journaliste et les étudiants semblent accuser les professeurs en lieu et place de l’état. Avez-vous connaissance d’un seul cas où des autorités ont renoncé à certains de leurs avantages à cause de la crise? Les V8 ont été enlevés (reformés [ils le disent] par les autorités de la transition).
Nos autorités sont foncièrement égoïstes. Elles ne s’occupent que ce qui tombent dans leur poche.
Tou l’enseignement supérieur est dans le même cas et ce, bien avant la crise de 2012.
Le journaliste et les étudiants semblent accuser les professeurs en lieu et place de l’état. Avez-vous connaissance des autorités ont renoncer à certains de leurs avantages à cause de la crise. Les V8 ont été enlevés (reformés [ils le disent] par les autorités de la transition).
Nos autorités sont foncièrement égoïstes. Elles ne s’occupent que ce qui tombent dans leur poche.
Dans l’enseignement supérieur est dans le même cas et ce, bien avant la crise de 2012.
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