Portrait : Ousseynou Sow admis au DEF à 45 ans

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 « Mieux vaut tard que jamais » ! C’est ce que nous enseigne un adage bien connu chez nous. Le cas d’Ousseynou Sow en est certainement une illustration parfaite. A 45 ans, le natif de Kayes et employé à la librairie d’un hôtel de la place n’a pas hésité à se présenter à l’examen du diplôme d’études fondamentales (DEF). Une expérience fructueuse, qui doit non seulement inspirer ses semblables ayant abandonné l’école, mais surtout la jeune génération.

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Tout est parti d’une écoute radiophonique, en l’occurrence Radio France International (RFI). Féru de radio, Ousseynou Sow apprend qu’un « vieux de 70 ans a réussi au baccalauréat en France ». Alors, pourquoi pas lui. Surtout qu’il est convaincu qu’« à cœur vaillant rien d’impossible ». Bien avant, il avait vu beaucoup d’opportunités lui échapper, faute de diplôme. Et le DEF constitue une première étape d’ouverture sur le marché du travail.

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L’occasion et le moment étaient donc venus pour aller à l’assaut de ce nouveau challenge. M. Sow bénéficie par la suite du soutien moral et technique de ses collègues et parents, notamment de ses deux neveux enseignants. Vu ses occupations quotidiennes, il n’a pu avoir qu’un mois pour se préparer. « Pendant tout le mois, je me suis basé sur les matières scientifiques avec l’aide de mes deux neveux. Nous faisions régulièrement des exercices pratiques. Concernant les matières comme le français et la dictée, je n’avais pas d’inquiétude majeure », nous a confié le quadragénaire qui a abandonné l’école en 1982 en classe de 6e année.

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C’est donc confiant, après une période de préparation bien remplie, que Ousseynou Sow s’est présenté devant sa salle d’examen le jour « j ». « L’atmosphère de l’école le jour de l’examen ne m’a nullement fait peur. A la fin des épreuves, j’étais optimiste, car je savais que j’avais bien bossé. Seulement l’anglais m’a un peu fatigué », affirme le père de deux enfants. La longue attente des résultats ne l’effraya pas non plus. « Ce sont d’autres personnes qui ont regardé les résultats pour m’informer de mon sort. J’en étais très content et fier. J’ai d’ailleurs reçu une pléiade de félicitations et d’encouragements de toutes parts », ajoute-t-il.

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L’heureux lauréat est ambitieux et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : « Si les moyens me permettent, j’ambitionne de prendre des cours de gestion et d’informatique pour mieux gérer mon commerce. D’ailleurs, je suis très content quand je rencontre un gestionnaire de vocation ». Ce qui, croit-il, permettra d’améliorer sa situation professionnelle. « Je pense qu’avec l’expérience que j’ai acquise en séjournant dans des pays étrangers et avec mon service dans plusieurs hôtels de la place, un diplôme en gestion pourra m’ouvrir d’autres horizons », espère ce jumeau qui regrette amèrement d’avoir abandonné l’école.

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« Les jeunes doivent étudier autant qu’ils aient l’opportunité. Et aujourd’hui, ils sont dans de plus bonnes conditions pour le faire. Sans diplôme, on a presque droit à rien et le fameux sésame est la clé de notre insertion dans le milieu professionnel et de notre participation active à la vie sociale. Si tu n’étudies pas, tu regretteras certainement », conseille-t-il aux jeunes.

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En ce qui concerne ses enfants, il ne ménagera aucun effort pour les encadrer. « Ce qui m’est arrivé n’arrivera pas à mes enfants. Je me sacrifierai pour leur éducation en mettant le maximum d’atouts possibles à leurs dispositions », promet M. Sow. 

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De toute façon, le cas d’Ousseynou Sow est un bon exemple plein d’enseignements  pour tous ceux qui n’ont pas de diplômes. Surtout que le chemin menant à la réussite passe par là. Le directeur de l’Unesco, Koïchiro Matsuura, n’a jamais cessé de dire que, « il n’est jamais tard de se faire éduquer. Ceux qui n’ont pas eu la chance d’obtenir un diplôme en ont toujours l’opportunité. Faute de quoi, il ne pourrait avoir aucun développement ».

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Ogopémo Ouologuem

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(stagiaire)

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