PNEC-MALI : Quand « Baniengo » s’empare de ses géniteurs

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Le Programme national d’éducation à la citoyenneté (Pnec) est au centre d’une vive polémique. Ses responsables sont accusés par le lycée Danzié Koné de Koutiala d’avoir détourné, non seulement son trophée d’or du concours Projet jeunes citoyens, mais également les frais de nourriture, de passeport des élèves et encadreurs qui ont participé à la phase internationale du concours à Washington.

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Nous sommes dix lycées en République du Mali à avoir reçu la correspondance n°2625/MATCL-SG du 7 novembre 2006 dont l”objet était : « Projet jeunes citoyens ». Dans cette lettre, le secrétaire général du ministère de l”Administration territoriale et des Collectivités locales écrivait : « Le Programme national d”éducation à la citoyenneté a réalisé du 3 mai au 30 juin 2006, une campagne médiatique en vue de la candidature des lycées dans le cadre de la mise en œuvre du Projet jeunes citoyens. Au terme de la dite campagne, 34 lycées ont postulé parmi lesquels le vôtre.Les dossiers de candidature ont été examinés par un jury de 9 membres qui à la fin des travaux a retenu 10 lycées. J”ai l”honneur de vous informer que le dossier présenté par votre établissement a été retenu… »

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Au lycée Danzié Koné de Koutiala, notre établissement a reçu cette correspondance puisque le jury a retenu et classé notre dossier deuxième après celui du lycée « La Lumière » de Bamako. La compétition était donc ouverte entre ces deux lycées et huit autres à savoir : lycée du Progrès, lycée Mamadou Sarr, lycée Mamadou M”Bodj, lycée Oumar Bah de Kalabancoro, lycée Dagaba Sangaré (tous de Bamako), lycées Abdoul Karim Camara de Ségou et Mahamane Alassane Haïdara de Tombouctou et le lycée Père Jean-Marie de Bengy de Sikasso.

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Dès lors, conformément à la tradition de travail et de recherche de l’excellence de notre établissement, nous nous sommes débarrassés de nos loisirs, surtout que chacun se rappelait qu”il a été pris dans un groupe de seize élèves parmi les 2446 que comptait notre lycée. Nous avons bousculé tout le monde à Koutiala, car le thème que nous avons retenu concerne tout le monde. Il s”agit de la « pollution industrielle à Koutiala ».Ainsi le préfet du cercle, le maire de la Commune urbaine, les responsables des unités industrielles (privées comme étatiques), les maraîchers, les fabricantes de savon local, le médecin-chef, les chefs de quartiers, les simples citoyens, nos professeurs, la justice, le service d”assainissement, de nuisance et de contrôle des pollutions, les vendeuses de légumes et d”huile… tous ont répondu un jour ou l”autre à nos questions.

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En fin février, début mars 2007, les dix lycées se sont rencontrés à Bamako pour la présentation des résultats des travaux. Là aussi, le jury nous a donné raison : il n’y a que le travail qui paye : nos efforts nous ont donné la première place dans cette compétition. Cette 2e consécration, acquise au prix d”efforts surhumains, permettait au lycée Danzié Koné de participer en tant que représentant du Mali, à la phase internationale du Projet qui, en fait, bénéficie surtout du soutien du «Center for Civic Education»des Etats-Unis d’Amérique.

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Nous exigeons notre droit

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En effet, du 14 au 18 juillet 2007, Une équipe nationale du Mali s”est rendue à Washington et était en compétition avec les équipes nationales de 30 autres pays. Cette petite équipe de trois élèves sur seize (pendant que les autres pays en comptaient 10), deux encadreurs du groupe de jeunes citoyens du lycée Danzié Koné de Koutiala, était conduite par le coordonnateur national du Pnec. Les jeunes citoyens du LKDK sont revenus avec le trophée de la « Prestation exceptionnelle ».

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Le secrétaire général du ministère de l”Administration territoriale et des Collectivités locales a touché au trophée au retour de notre vaillante équipe des USA, une équipe nationale qui a pris ses frais de passeport en charge, qui a été mise en « internat » à la Maison des jeunes de Bamako avec nourriture à sa charge, qui a pourtant excellé parmi 31 nationalités qui nous obligeaient au respect à chaque sortie collective (uniformes, dépliants ou objets d’art en cadeaux aux autres pour vendre l”image de leur pays…)

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Paradoxalement, le trophée d”or qui devait (et qui doit l”être) remis à l”équipe première à l”issue de la phase nationale ne l”a toujours pas été. Nous jeunes citoyens du lycée Danzié Koné de Koutiala, savons que le citoyen se définit comme « membre d”un Etat, considéré du point de vue de ses devoirs et de ses droits ». Nous avons fait notre devoir, nous exigeons maintenant notre droit ! Nous n”avons d”ailleurs pas compris que parmi les performances de l”école malienne en 2006-2007, aucune mention n”ait été faite à ces résultats lors de la Journée du bon élève à Koulouba. Or, notre séjour à Washington nous a montré que le Mali est le seul pays participant à confier l”organisation du « Projet jeunes citoyens » à un ministère autre que celui de l”Education nationale.

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Dans tous les cas, il est difficile aujourd”hui de trouver un lycée parmi les dix ayant participé à la phase finale qui ne cache pas une frustration par la mauvaise gestion de ceux qui se sont engagés à apprendre les manières citoyennes aux adolescents. Alors il ne semble pas très averti de condamner l”attitude de « Baniengo » à partir du seul geste de Dianguinè. Il est sage de scruter le passé de ses deux hommes pour savoir si le vendeur de poulets aussi est saint vis-à-vis de son compatriote.

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Ce qui est sûr, si les acteurs du Pnec ne changent pas leur gestion, il se trouvera un « Baniengo » un jour pour mettre les pieds dans leur plat. Il aura raison sur eux, parce que cela ne peut être assimilé à de l”égoïsme, ce ne sera que justice.

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Moussa Sissoko

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(encadreur des jeunes citoyens du lycée de Koutiala)

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