Partenariat Cévennes-Pays dogon : Des étudiants maliens en France visitent des champs d’oignons de Sumène et de Ganges

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Au moins 3 200 kilomètres séparent les Cévennes du plateau dogon. Mais la rudesse du cadre de vie dans les deux zones montagneuses rapproche leurs populations. Les Cévennes sont une chaîne de montagnes située dans le sud de France, le pays dogon, qui abrite le plateau du même nom, est quant à lui, une région montagneuse au centre-est du Mali. Pour redonner un souffle nouveau à cette coopération décentralisée entre le Mali et la France, une délégation d’étudiants maliens a rendu visite aux producteurs d’oignons des Cévennes, le lundi 9 juin 2014.

Les deux régions partagent des réalités communes ou proches : un cadre de vie naturel, un mode de vie peu influencé par le monde moderne, les techniques culturales, le maraîchage et le sentiment d’un isolement favorisé par de hautes chaines de montagnes.

Si au pays dogon la pluviométrie est en baisse et préoccupe ses habitants, essentiellement constitués d’agriculteurs, dans les Cévennes, c’est la force des pluies qui inquiète. Il n’en demeure pas moins que les deux peuples ont des préoccupations communes : comment trouver des terres arables ? Comment y drainer l’eau pour l’irrigation des cultures ? Ce sont entre autres, les questions qui taraudent les esprits de part et d’autre.

L’inégalité entre les deux peuples réside surtout dans le fait qu’en France, on n’intervient pas dans le secteur rural pour survivre ou pour assurer l’autosuffisance alimentaire, mais plus à des fins commerciales et industrielles. Les sols sont encore très fertiles. A la différence de certaines parties du Mali, les Cévenols ne connaissent pas d’aridité des sols. A ces facteurs climatiques et géographiques s’ajoutent le problème de financement du secteur rural par les banques du Mali.

En France, l’agriculture, professionnelle et très encadrée, bénéficie de l’assistance des banques et des aides européennes, ce qui n’est pas un pari encore gagné au Mali. Les maraîchers et agriculteurs dogons sont donc largement défavorisés par rapport à leurs pairs cévenols. Comment s’organise et se matérialise alors le jumelage entre ces deux régions de continents différents ?

C’est pour constater de visu les réalités des Cévennes et s’inspirer des techniques culturales et de conservation des produits dans la région que la délégation d’étudiants maliens, issus des universités de Montpellier, s’est rendue dans les communes de Sumène et de Ganges (département du Gard), sur invitation de l’Association de défense de l’Oignon doux des Cévennes (Adoc) promotrice de la Coopérative des producteurs d’oignons des Cévennes et de l’association « Regard’ailleurs ».

La délégation a eu droit à une visite guidée d’exploitations agricoles tenues par deux jeunes agriculteurs, Guillaume et Richard Fesquet de l’Adoc, ainsi que de l’unité de production et de conservation des produits de la région, qui compte environ 110 coopérateurs, à Saint-André de Majencoules. L’unité conserve, transforme et commercialise les produits du label « L’Oignon Doux des Cévennes », qui en plus de l’oignon, comprend la Pomme Reinette, les jus de fruits, etc. Un déjeuner a été offert par l’association « Regard’ailleurs » et la famille de Clercq de Sumène où, des cadeaux symboliques ont été remis aux producteurs d’oignons et à l’association humanitaire.

Pour rappel, la délégation comprend, outre les étudiants maliens, le Père Gérard Blayac, curé de l’église Don Bosco de Montpellier qui est un grand ami du Mali, le père Patrick et le séminariste Charles de Clercq. Ce dernier est originaire de Sumène.

Un peuple très attaché à sa terre, mais qui ‘’regarde ailleurs’’….

Dire que les gens des Cévennes sont singuliers en matière d’hospitalité serait une lapalissade. Mieux, ils sont très humanistes, au sens étymologique du terme. C’est-à-dire, très ouverts sur le reste du monde malgré l’enclos naturel dans lequel ils vivent et que constituent les murailles de montagnes verdoyantes. Aller à la rencontre d’autres peuples et d’autres cultures est une action quotidienne que le couple Françoise et Emmanuel Teisserenc de l’Association humanitaire « Regard’ailleurs », tente de pérenniser. C’est une façon de réduire les inégalités sociales entre le nord et le sud.

Ici, personne mieux que ce vieux couple, épris d’Afrique, ne peut témoigner cette appartenance à une identité monde, plurielle et universelle. L’histoire du couple Teisserenc est intimement liée à celle du Mali. Il y est resté très attaché.

Il y a un peu moins de 50 ans, en 1966, Françoise, qui rentrait du jeune Etat indépendant ouest-africain, où dans la capitale, elle dispensait des cours d’histoire et de géographie aux jeunes élèves du lycée Notre-Dame du Niger de Bamako, a rencontré l’amour de sa vie, Emmanuel. Depuis, ensemble, les Teisserenc y sont retournés à un rythme régulier, freiné en 2010 par la crise naissante dans le pays de

Modibo Kéita. Françoise comprend encore quelques mots du bambara que le temps et la distance physique n’ont pas encore réussi à éroder.

Le contact avec le Mali est maintenu à travers l’association que le couple gère et qui intervient à Kokolo, un village des Falaises de Bandiagara, en pays dogon. Son domaine d’intervention principal est l’humanitaire, mais aussi l’agriculture, le maraîchage.

Pour le couple, les liens qui unissent l’Afrique à l’Europe, à travers les Cévennes et le Pays Dogon, mettent en évidence la communauté de destins des peuples bien que différents par la culture et l’origine. Et cette différence, pour Emmanuel, n’est qu’un « hasard des croisements génétiques ».

Une correspondance de Amadou Salif Guindo

 

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