Nommés pour assurer une courte période de transition, certains ministres de l’actuel gouvernement pensent qu’ils sont venus pour s’éterniser. Pour cela, ils n’hésitent pas à prendre des décisions impopulaires, voire draconiennes à l’encontre du peuple malien. Parmi celles-ci, on peut citer entre autres la décision impopulaire qui rendait obligatoire le port du casque à partir du 1er Octobre, la radiation de nombreuses personnes de la fonction publique sans base crédible, et les critères d’orientation et de transfert au niveau de l’enseignement secondaire. Ces critères draconiens, annoncés pour le transfert ou l’orientation des élèves dans les établissements d’enseignement secondaire général, technique et professionnel ont fait larmoyer beaucoup de parents d’élèves cette année. Ainsi, l’éloignement des écoles au lieu de résidence des élèves et l’incapacité des parents d’assurer quotidiennement les frais de transport à leurs enfants auront des conséquences très graves sur la fréquentation scolaire de ceux-ci.
Considérés comme une solution à l’éloignement des élèves de leur lieu d’étude, compte tenu de l’agrandissement sans cesse de la ville de Bamako, les établissements privés d’enseignement secondaire ont été les premiers à essuyer les coups de colère du ministre, Adama Ouane. En effet, ne remplissant pas les critères parachutés et dictés par le ministre, beaucoup de ces établissements ont été écartés de la liste des écoles éligibles devant recevoir les élèves orientés du DEF. Ces décisions qui, pour le ministre sont sensées assainir le secteur, sont très préjudiciables aux élèves et leurs parents. Mieux, le quota de 60% qui doit être orienté dans les établissements publics est une autre mesure draconienne qui risque de jouer négativement sur la fréquentation scolaire de beaucoup d’élèves dont les parents arrivent à peine à trouver la subsistance quotidienne , à fortiori de donner chaque jour 500F à l’élève pour qu’il puisse se rendre à l’école. Si l’on prend la commune I du district de Bamako, le cas est on ne peut plus pathétique. Car dans cette commune, il n’y a qu’un seul établissement secondaire d’enseignement général public, à savoir le Lycée Fily Dabo Sissoko. Pour l’enseignement technique et professionnel il n’y a aucun établissement public. C’est ainsi que les élèves de Dialakorodji, de Kognoumani, de Dianguinèbougou sont souvent orientés soit au LBAD, soit au Lycée Askia Mohamed, soit à l’ECICA. Les plus chanceux sont ceux qui sont orientés au lycée Bilali Sissoko ou au Lycée Bouillagui Fadiga. Nous avons eu à rencontrer des parents d’élèves en larmes qui s’inquiètent pour l’avenir de leurs enfants, car n’ayant pas la possibilité de leur assurer quotidiennement les frais de transport pour qu’ils se rendent à l’école.
Mieux, nous avons vu des élèves haletants, suant, avec les pieds rougis, faisant le trajet entre Dialakorodji et le lycée Askia Mohamed à pieds, par faute de moyens pour les parents de lui donner les frais de SOTRAMA. Est-ce que cela peut-il continuer ? Pourquoi ne pas lui donner la chance d’étudier dans un lycée privé proche de son domicile ?
En restant sur sa position radicale de ne pas orienter ou de transférer les élèves dans les établissements proches de leur domicile parental, le ministre de l’éducation et des langues nationales Adama Ouane est entrain de préparer le lit, pour de nombreux élèves, à la déperdition scolaire. Car, à cause de la modestie de revenus des parents, dans un contexte de crise économique accentuée, beaucoup d’élèves seront obligés d’abandonner les études à cause de l’éloignement des écoles et l’incapacité des parents de leur assurer les frais de transport.
Adama Ouane doit revoir sa copie et autoriser certains cas de transferts, au risque d’être à l’origine de l’abandon scolaire de milliers d’enfants.
Tous les enfants, riches ou pauvres, ont droit à l’éducation. A cet effet, l’Etat doit donner la possibilité à tous les enfants d’aller à l’école. Le ministre doit songer à l’état de pauvreté des parents d’élèves, afin qu’ils puissent être orientés ou transférés dans des établissements proches aux domiciles parentaux.
Moussa Diarra