Tous les admis au baccalauréat, session de juin 2008, sont déjà fixés sur leur sort à l’exception de ceux du lycée de Goundam. Une bourde commise par la Cellule de planification et de la statistique (CPS) du ministère des Enseignements secondaire et supérieur, qui a délibérément ignoré l’existence dudit lycée en n’orientant aucun de ses heureux candidats au bac.
D’aucuns penseraient que les orientations dans les différentes facultés de l’Université de Bamako sont effectives depuis près d’un mois. C’est pourtant sans compter avec la frustration des admis du Lycée de Goundam qui méditent encore sur leur avenir en attendant d’être orientés. Une sagesse populaire soutient qu’aucune entreprise humaine n’est parfaite. C’est en foi de quoi on peut comprendre après les orientations, à quelque niveau que ce soit, les quelques cas d’omissions ou incohérences. Mais, de là à oublier tout un établissement, il n’ y a vraiment pas là d’excuse qui tienne.
C’est ce qui est malheureusement arrivé à la Cellule de planification et de la statistique (CPS), une structure transversale dirigée par Mme Bintou Maïga et qui intervient au niveau des différents départements en charge de l’Education au Mali. A en croire les responsables du CPS, pour leurs orientations, les ressortissants du Lycée de Goundam doivent encore attendre une autre décision qui ne sera pas peut être exempte d’omissions. Entre-temps, en plus du retard déjà accusé par ceux qui iront à la FAST (où les cours ont déjà commencé), les éventuels omis de cette nouvelle décision prendront encore leur mal en patience pendant que le temps suit son évolution.
En effet, sans avoir la prétention de faire un jugement subjectif, nous estimons que l’équipe du Pr. Salikou Sanogo, précédemment chargée de l’organisation du Forum national sur l’éducation n’a pas fait un diagnostic complet des maux qui minent notre école. Pour le manque de quiétude dans l’espace scolaire, l’accent a surtout été mis sur les agissements de syndicats d’enseignants, d’élèves et d’étudiants avec l’irresponsabilité de certains dirigeants de l’administration scolaire. Les erreurs à un niveau plus élevé étant peu mentionnées.
Ces erreurs répétées de la CPS viennent confirmer nos propos quand nous faisions cas de la non orientation de certains admis aux DEF. Pour cette rentrée académique 2008-2009, les maladresses de la CPS s’expliquent surtout par des incohérences dans ses missions essentielles au nombre desquelles les orientations figurent en bonne place.
Ceci dit, les statistiques mises à disposition par la Cellule de planification et de la statistique poussent à la confusion. Depuis quelques années, pour faire face à la pléthore dans nos établissements secondaires, les autorités en charge de la question ont décidé la non orientation des élèves qui ont atteint un certain âge. Pendant que le forum se tenait, ces pratiques existaient, défendues par la seule Directrice de la CPS, Mme Bintou Maïga. Cette année, certains candidats ont passé le cap du DEF avec des moyennes souvent inférieures ou égales à 4,30. Au moment où certains de leurs camarades, plus méritants, sont laissés pour compte.
L’argument soutenu à cet effet (à la CPS) évoque leur âge comme handicap au passage à l’enseignement secondaire public. Pourtant, parmi les orientés, certains n’ont même pas le niveau d’un bon élève du premier cycle. Pire, l’on prend le courage et le risque de balancer des résultats aussi scandaleux qu’humiliants sur la toile mondiale. Comme pour dire aux partenaires “ce n’est pas la peine de jeter votre argent par la fenêtre, la cause est déjà perdue”. Tant pis pour notre école qui agonise et dont certains de ses premiers responsables se soucient si peu ! Les écoles huppées n’étant plus prêtes à accompagner l’Etat dans le décongestionnement, les orientés sont obligés d’aller voir ailleurs, selon la bourse de leurs parents. Face à cet état de fait, des questions taraudent les esprits. Celles de savoir à quoi bon refuser d’orienter des élèves qui peuvent faire carrière tandis que ceux qui sont proposés à l’exclusion sont orientés. Il n’est pas dit de fouler au pied les exigences de tout un système qui revêt des incohérences depuis son institution, mais plutôt de songer à rationaliser le système. D’aucuns répondront que ceux-là qui ont franchi le cap du DEF avec succès et n’ayant pas été orientés, ne devaient pas accuser de retard au cours de leur cursus, s’il étaient intelligents. Une telle conception serait sans tenir compte des difficiles conditions qui peuvent jalonner le parcours d’un élève en milieu difficile. En tous cas, ce qui se passe à la CPS frise le ridicule. Tout semble organisé pour laisser de la place à la rhétorique au détriment de la réalité. Ironie du sort, surtout quand Madame la technicienne se confond dans ce qu’elle tente d’expliquer. Finalement, les enfants non orientés et que leurs parents ne parviendront pas à inscrire dans le privé (et ils sont l’écrasante majorité) vagabondent, avec toutes les chances de devenir des malfrats de demain.
Abdoul Karim Maïga
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