Entre banalisation de l’immoralité et normalisation de l’anormal, notre enseignement a hélas beaucoup perdu de sa valeur.
La corruption, un danger pour l’étudiant
L’étudiant est à la fois, corrupteur, corrompu. Mais tous les étudiants ne s’adonnent pas à cette sale activité. Parfois, cette situation s’impose. Car s’il faut impérativement, pour passer ses évaluations, payer le professeur en charge d’une matière donnée, ce serait soit refuser et risquer d’échouer, soit accepter et laisser-aller !
Cette situation est connue de certains parents qui d’ailleurs encouragent à se soumettre à cette injustice, espérant qu’elle ne sera que de courte durée, le temps de terminer les études supérieures. Cette complicité parentale permettra à ce chancre de se perpétuer et d’avoir la vie dure.
Ces quelques rares étudiants « confiants et bornés » qui refusent de s’adonner souvent à ces pratiques, finissent par plonger dans la grande solitude des échecs, et cela, à la grande surprise de leur entourage.
Pour moi, c’est tout à fait déplorable que certains étudiants, plus pressés que l’année universitaire parce qu’ils en ont les moyens ou le pouvoir, se permettent d’encourager la corruption au péril et au détriment de ceux qui veulent réussir de façon honnête. Mais il n’y a pas que la corruption.
Les bourses de l’indignation
Dans beaucoup de pays africains, l’étudiant, contrairement à ce qu’on fait croire, est confronté quotidiennement à plusieurs difficultés.
Plus les contraintes pèsent lourds sur sa frêle épaule, plus il suffoque dans un environnement marqué par les perfidies de la cité estudiantine.
En réalité, certains étudiants africains, bien qu’ils soient bénéficiaires de bourses, sont obligés, face à la lenteur et à la mauvaise organisation de la politique étatique de distribution des bourses, de prendre des crédits pour les plus honnêtes, pour d’autres, d’opérer des vols, avant de les percevoir. Parce que ces bourses peuvent prendre quatre ou même six mois de retard dans certains pays.
C’est là que beaucoup d’étudiants, issus de familles modestes, préfèrent abandonner les études supérieures.
Dans certains pays africains, ces pauvres étudiants, généralement du genre à s’opposer à toute injustice, se font tabasser, terroriser, intimider par d’autres étudiants qui jouissent d’un statut avantageux auprès de l’administration estudiantine.
Que dire d’un professeur qui donne son premier cours à une semaine des examens ? Étonnant ? Et pourtant c’est une dure réalité.
A cause des grèves incessantes et l’irrégularité alarmante des enseignants dans les amphis, l’étudiant a du mal à s’épanouir, intellectuellement s’entend. C’est cette jeunesse estudiantine qui est devenue une jeunesse de consommation : (consommation culturelle, musicale, chorégraphique, vestimentaire, etc.).
Beaucoup de jeunes étudient sans réelles ambitions. Il y a là deux distinctions à faire : les étudiants qui parachutent dans les filières de leur choix, et ceux perdurent dans les sentiments d’indifférences vis-à-vis de leurs études.
Les étudiants supportent ces injustices, ces mauvaises conditions tant sanitaires que pédagogiques. Ils les supportent car ils savent qu’au bout, attend un tout autre souci encore plus incertain, la question de l’emploi. Comment y faire face ? Cette hantise règne au plus profonds de nos âmes sinistrées par les chicanes de notre réalité.
Voilà une citation de Sénèque qui me vient à l’esprit :« Réfugies-toi dans l’étude, tu échapperas à tous les dégoûts de l’existence – l’ennui du jour ne te fera pas soupirer après la nuit et tu ne seras pas à la charge de toi-même et inutile aux autres »
Oumar A Sidibé (Etudiant à Bamako)