Mot de la semaine : Débrayage

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Décidément, rien ne va plus dans le secteur de l’Education au Mali. Avant-hier, c’étaient les professeurs d’enseignement supérieur qui débrayaient pour revendiquer leurs droits. Hier, ceux de l’enseignement secondaire, fondamental et préscolaire boudaient les classes pour n’avoir pas obtenu leur statut particulier. Aujourd’hui, ce sont les apprenants, tous ordres confondus, qui se rebellent contre les autorités après avoir perdu quatre de leurs camarades fauchés par des camions bennes alors qu’ils se rendaient à l’université de Kabala. Pour rappel, le Bureau de Coordination de l’Association des Elèves et Etudiants du Mali, AEEM, avait pendant longtemps alerté le gouvernement sur le risque que courent les étudiants sur la route reliant le centre-ville à la cité universitaire de  Kabala, sans succès. Les étudiants, après deux décès dus à des accidents, ont observé quelques heures de grève pour manifester leur colère et aussi demander aux autorités la construction, à partir de la route de l’aéroport, d’une voie express desservant la cité universitaire, revendication restée jusqu’ici infructueuse. C’est après un quatrième décès, et face à l’indifférence du gouvernement, que les étudiants ont décidé de manifester dans un premier temps leur mécontentement en barricadant certaines rues. La réponse du gouvernement à cette légitime revendication, a été très rude, avec un nuage de gaz lacrymogène et une pluie de coups de matraques qui se sont abattus sur les étudiants. Faisant le constat d’une mauvaise disposition des autorités, le Bureau de Coordination de l’AEEM a d’abord lancé une grève de 72 heures allant du mercredi 28 février au vendredi 02 mars. Après ce temps de débrayage et constatant le silence radio des autorités, les élèves et étudiants ont débrayé encore ce mardi pour 72 heures, pour certains, et 96 heures, pour d’autres, avec la détermination d’aller jusqu’au bout.

Au regard de tout ce qui précède, le risque d’une année blanche ou une année tronquée, pour sauver la face, n’est plus à écartée, en cette veille d’élections. Ce serait une énième convulsion dans le monde de l’éducation, qui ne manquera pas d’impacter la vie politique et sociale.

En définitive, tous les pouvoirs qui se sont succédé depuis 1991 ont connu leurs crises dans le secteur de  l’éducation, faisant ainsi  du Mali l’un des pays avec le niveau le plus bas en matière d’éducation et de formation. A quand un gouvernement qui va prendre le taureau par les cornes et nous débarrasser définitivement de ce mal qui est en voie de se métastaser ? La particularité des crises dans des secteurs aussi sensibles que l’école est qu’elles prennent des décennies, voire des générations pour être éradiqué, et ce, à partir du moment où l’on s’y attaque proprement. Or, au Mali, nous semblons à mille lieues de prendre conscience du mal et de son ampleur.

Youssouf Sissoko

youssouf@journalinfosept.com

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