L’enseignement privé au Mali a du vent en poupe. Est-ce une solution pour l’Etat qui a la difficile équation à résoudre ? Plus de 15000 élèves non orientés du DEF en 2012. Non ! Plus qu’une détresse à la fois intellectuelle et morale. On ne sait plus que faire pour éviter le pire, même avec le diagnostic fait de l’école malienne, au cours du forum national sur l’éducation à Bamako en 2008. Malgré tout, l’école reste malade, à cause de la gourmandise de certains promoteurs d’écoles privées. Cela fait appel à une vertu. Il y a urgence d’agir pour que l’école malienne retrouve ses lettres de noblesse.
Que peut –on espérer d’une progéniture qui apprend avec des promoteurs d’écoles qui font du vol, de la fraude, du luxe insultant , un sport national et, au mépris de la formation des enfants, de la dignité des enseignants, de l’honneur des parents ?Point besoin de pénétrer les profondeurs insondables des œuvres de Platon pour savoir que toute perversion liée à la cité commence par la fraude des mots.
Mauvaise foi des promoteurs
Si l’enseignement privé a du vent en poupe au Mali, il n’en demeure pas moins que des difficultés majeures sont là et sapent du coup son bon fonctionnement. En effet, le mauvais fonctionnement des écoles est beaucoup plus lié à la mauvaise foi de promoteurs véreux ou du moins qui n’ont aucun respect pour le métier d’enseignant. Par exemple, plusieurs promoteurs sont incapables de payer mensuellement le corps professoral. Les élèves sont entassés le plus souvent 70 à 80 par classe avec des professeurs qui peinent à évaluer les apprenants à plus forte raison d’obtenir la moindre note de classe. Aucune attention n’est accordée ni à la discipline, ni à la qualité de l’enseignement dispensé. Côté toilettes, à part quelques rares exceptions à Bamako, elles sont toutes sales. Preuve qu’il n’existe pas de personnel en charge. Les enfants tombent malades au nez et à la barbe du promoteur véreux lequel se plait dans ses grosses cylindrées. Bref, dans son insultant luxe. Il y a urgence d’agir.
Le passé et le présent
Au demeurant, l’école malienne tenait le haut du pavé dans la sous région et même en Afrique. A en croire les nostalgiques de la Reforme de 1962.Citée en exemple, à tout point de vue, car elle était le haut lieu d’apprentissage et de formation de l’homme dans toutes ses démentions. L’école malienne était l’affaire de tous les fils de la nation, des fils ayant un sens élevé du devoir. Les résultats étaient donc à hauteur des attentes, pour la simple raison que notre école était placée sous la férule de pédagogues et de spécialistes nourris à la sève des valeurs républicaines. Ceux qui pensent et admettent que «l’école est le berceau de la république », une pensée de l’ancien premier ministre français, Lionel JOSPIN.
Aujourd’hui, au cœur de la débâcle, de la détresse intellectuelle ? Que sais-je ? De notre système éducatif, l’on ne peut avoir que ses yeux et de pleurer comme une madeleine. Au regard de l’attitude de certains promoteurs d’écoles privées en République du Mali, la douleur est profonde pour le citoyen, pour les enfants et leur parents, surtout l’Etat qui dépense beaucoup d’argent en allouant inutilement des subventions à des promoteurs d’écoles qui, loin de se soucier de l’avenir et du devenir des enfants , se laissent aller à une villégiature au luxe insultant pour notre pauvre nation.
La pédagogie de la carotte et du bâton
L’Etat malien se rendra t-il compte un jour que la plupart des promoteurs d’écoles en République du Mali sont des individus véreux, qui foulent au quotidien les normes pédagogiques ? Déjà, un bon signe, puisque, plusieurs promoteurs d’écoles pour la rentrée scolaire 2012-2013 ont eu le malheur d’apprendre la sanction les concernant quelques jours avant la rentrée scolaire. En effet, nombreuses sont les écoles qui n’ont pu bénéficier d’élèves orientés pour la 1ère année du cycle secondaire. Les classes de 10ème au lycée et de 1ère année au niveau de l’enseignement technique sont tout simplement cadenassées. Dans notre prochaine parution, nous vous livrerons la liste des écoles visées par cette mesure d’austérité pédagogique. Une bonne nouvelle pour les parents d’élèves consciencieux.
Aujourd’hui ce n’est plus qu’un secret de polichinelle que les vrais promoteurs d’écoles se comptent au bout des doigts. Autant dire qu’ils n’existent pas ou presque. Dès lors, il urge pour le ministre de l’Education nationale de mettre les bouchées doubles en vue d’instaurer dans notre pays une véritable culture de dignes promoteurs d’écoles. Comment ?
En premier lieu, les plus hautes autorités doivent chaque année, récompenser les promoteurs qui investissent véritablement dans le métier, ceux qui font de l’enseignement une vocation. Ensuite, faire un véritable haut lieu de formation de l’homme dans toutes ses dimensions. Le tout pourrait être sanctionné par la création éventuelle d’Ordre des promoteurs d’écoles privées au Mali. Une création tout à fait nécessaire pour que notre école retrouve ses lettres de noblesse et faire plaisir aux vrais enseignants. Aussi, pour faire échec à ces capitalistes, à ces commerçants, à ces douaniers, à ces transporteurs et autres qui possèdent des écoles privées dans notre pays.
Enfin, l’Etat doit retirer ses élèves des écoles où les promoteurs foulent aux pieds la pédagogie en vigueur. Ces écoles dans lesquelles la falsification des notes est devenue monnaie courante, ou l’arrêt des cours est justifié par le seul principe du promoteur de faire des bénéfices sur le dos des élèves et des enseignants. (A Suivre)
Moussa Welé DIALLO