“Quand les tambours résonnent plus forts, c’est que la danse s’achève”, dit un proverbe africain. Jamais, les fuites de sujets d’examens de fin d’année dans notre pays ne s’étaient aussi généralisées. Jamais non plus, la lutte contre la fraude ne s’était, aussi, intensifiée. Un réseau quasi-mafieux a infiltré le système éducatif malien et pour le démanteler la ministre n’a pas lésiné sur les moyens.
Dans son recueil de poèmes “Balles d’or”, le poète guadeloupéen Guy Tirolien rapporte la prière d’un petit enfant nègre ne voulant pas aller à l’école des Blancs. « Seigneur, je suis fatigué, Je suis né fatigué, […] Seigneur, je ne veux plus aller à leur école, faites, je vous prie, que je n’y aille plus… », récite l’enfant. Cette prière est également celle de l’enfant malien. Cet enfant qui brillerait par son intelligence dans n’importe quel système d’enseignement dans le monde, mais dont l’avenir est obscurci par des personnes qui ne voient en lui que leur « sauce », pendant que leur progéniture, à eux, est au pays des toubabs pour avoir de gros diplômes. Un enfant studieux mais résolu à ne plus mettre les pieds dans ce système éducatif qui le désarme au lieu de l’armer pour l’avenir.
La triche, le plagiat, la fraude, … voilà quelques maux qui ont élu domicile dans le système éducatif malien. La fraude, selon des enseignants d’expérience, a plusieurs sources. Mais, quelle que soit sa source, la fraude est motivée, disent-ils, par trois choses. Le premier groupe de fraudeurs a vu le jour avec la prolifération des écoles privées. Des responsables de ces établissements, animés par le désir d’avoir de bons résultats en termes de quantité organisent des fraudes. Le second groupe de fraudeurs, constitue les fraudeurs les plus dangereux et les plus déterminés. Ils ont fait de la fraude un business. Ils en vivent depuis deux décennies et y ont fait fortune. A côté de ces deux groupes, il y a un troisième groupe de fraudeurs. Il s’agit des personnes en contact direct avec le sujet et qui, pris du désir d’une candidate, lui révèlent les sujets.
Cette dernière race de fraudeurs est particulièrement active dans les lycées et dans les universités au Mali. A titre de rappel, après le bac de l’année dernière, votre hebdomadaire vous avait signalé un cas semblable. La fraude avait eu lieu dans un lycée à Kalaban-Coro où le censeur remettait tous les sujets corrigés à sa “petite femme”. L’appel du Canard a été entendu puisque le lycée qui, depuis sa création, avait été retenu comme centre d’examen ne l’a pas été cette année, nous a indiqué notre source.
La fraude dans l’éducation nationale est tentaculaire et systémique. C’est justement ce fléau contre lequel plusieurs ministres se sont cassé les dents que Mme Togola Jacqueline Nana entend désinfecter. Pour cela, la ministre n’y est pas allée avec le dos de la cuillère: limogeage, emprisonnement, écoutes téléphoniques, tels sont, entre autres, les armes de l’arsenal militaire de celle qui depuis neuf mois préside la destinée de notre éducation nationale.
Il faut reconnaitre que pour s’en prendre à une organisation qui a 20 années de pratique, il faut oser. C’est aussi prendre beaucoup de risques et avoir peu de chance de réussite. Mais, Rome ne s’est pas faite en un jour, dit-on. Alors espérons qu’une fois la hache de guerre enterrée, l’enfant malien ne soit plus dégoûté de son école.
Mamadou TOGOLA
la fraude est multiforme au Mali, elle existe dans tous les secteurs sans exception. Les secteurs les plus touchés sont la fonction publique , l'armée, l’éducation, la santé, le commerce et l'industrie….la cause principale de cette fraude est l’impunité voulue par la classe politique pour ces intérêts égoïstes ,apatrides.
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