Le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique veut se débarrasser du Dg du CENOU, Abdoul Haïdara qui est dans le collimateur de Mme Siby Ginette Bellegarde. Il devient de plus en plus un cadre indésirable au sein du département. Le ministre, qui doutait depuis belle lurette de sa capacité de gérer de manière efficace les sous du CENOU, ne lui fait plus confiance.
Les rapports entre les deux se détériorent chaque jour que Dieu fait. La publication du dernier rapport du Vérificateur Général a fini d’achever le minimum de confiance qui restait. Au ministère, certains proches collaborateurs du ministre lui reprochent beaucoup de choses. On dit de lui qu’il est à la fois hautain, arrogant et imbu de sa personnalité. ” Travailler avec Haïdara est un calvaire. C’est un véritable parcours du combattant “, nous a dit un cadre du département sous le couvert de l’anonymat. A ce rythme, d’aucuns pensent que ses jours sont comptés à la tête du CENOU. De toutes les façons, avec cette vague de changement en cours, voulue par le président de la République, qui veut assainir l’administration avec pour finalité de lutter efficacement contre la corruption, on peut dire sans risque de se tromper que le Dg du CENOU occupe une bonne place sur la liste des cadres qui dilapident les ressources publiques et qui doivent rendre des comptes. Tenez vous bien, le CENOU a accordé des paiements indus à ses cadres. En 2007 et en 2008, le CENOU a pris en charge, en l’absence de tout support juridique, les communications de téléphonie portable du directeur général et de l’agent comptable pour 3,56 millions de FCFA.
Dans le rapport 2010 du bureau du Vgal, faut-il le rappeler, il a été révélé que la mauvaise gestion de l’argent public, le vol sont des pratiques courantes au CENOU. La mission de vérification du CENOU a mis à nu des manquements et des irrégularités dans la gestion du directeur général. On évoque un manque à gagner de 7,42 milliards de FCFA résultant de la mauvaise gestion. Selon les termes du rapport, le CENOU n’a tenu qu’une seule session de son Conseil d’Administration de sa création à la date de la mission. Des budgets ont donc été élaborés et exécutés sans leur adoption par le Conseil d’Administration en 2007 et 2009 en violation de la loi sur les EPA. Il n’a pas validé ses projets de manuel de procédures et de règlement intérieur. Il ne dispose pas non plus d’accord d’établissement. Le CENOU ne respecte pas son cadre organique. Il n’existe pas non plus de fiche de description des postes ni de plan de carrière pour le personnel. Le mécanisme d’archivage du CENOU est défaillant. Les fiches de demandes d’expression des besoins, les bons de commande, les bordereaux de livraison et les attestations de services faits ne sont pas conservées ensemble sous forme de liasses complètes.
Les limiers du bureau du vérificateur se sont rendus compte, au cours de la mission que le CENOU ne respecte pas les dispositions du code des marchés publics. Il ne dispose pas toujours de preuve de lancement des appels d’offres ni de la réception des offres ou de la création de commissions d’ouverture et jugement des offres. Il ne produit pas systématiquement d’attestation de services faits. Le CENOU n’a pas pu fournir, dans certains cas, les supports des études et des travaux déclarés réalisés. Le CENOU n’a pas mis en place la comptabilité matières. Le CENOU ne procède ni à l’identification des biens achetés ni à leur inventaire. Il n’a pas mis en place de fiche détenteur et procède à la répartition de biens sans codification préalable. Le CENOU ne respecte pas son cadre organique.
Le directeur général du CENOU, Abdoul Haïdara, l’agent comptable, M. Maïga et le chef service finance, approvisionnement et matériel, un certain Wahab Traoré constituent le trio infernal du CENOU. Ce sont eux qui planifient et exécutent le vol. Ils sont au cœur de toutes les pratiques sombres au sein de la boîte. Deux autres supposés cadres complètent la liste des prédateurs du CNOU. Il s’agit M. Diakité chargé des transports, de la communication et des logistiques et d’une dame chargée des bourses. Ils se sont faits la poche au CENOU avec l’argent de tous les maliens de Kayes à Kidal.
Ils entraînent avec eux le reste du personnel qui se partage les miettes. Ils embarquent souvent dans leurs sales besognes certains membres du bureau de l’AEEM. Le CENOU a accordé des paiements indus à ses cadres. En 2007 et en 2008, le CENOU a pris en charge, en l’absence de tout support juridique, les communications de téléphonie portable du Directeur Général et de l’Agent comptable pour 3,56 millions de FCFA. Le CENOU compte un effectif de 110 agents, nettement supérieur à l’effectif de 74 prévus dans le cadre organique. Le CENOU n’a pas retenu à la source l’Impôt sur le Revenu Foncier. Le CENOU n’a pas retenu un montant de 1,44 million de FCFA au titre de l’Impôt sur les Revenus Fonciers. Le CENOU ne s’est pas assuré de l’enregistrement des contrats qu’il a conclus. Le CENOU ne s’est pas assuré du paiement par les attributaires des droits d’enregistrement des contrats pour un montant de 5,67 millions de FCFA. Le CENOU n’a pas pleinement joué son rôle dans le traitement et la gestion des bourses, allocations et autres aides sociales. Le CENOU n’a pas mis en place la commission d’attribution des bourses et allocations telle que prévue par la loi. Il en est de même de l’aide sociale et des aides scolaires. Il ne dispose pas d’un système fiable en matière de prévision et de suivi des bourses et allocations. En conséquence, le mécanisme en place donne lieu à des doubles paiements de bourses et d’allocations. Les agences comptables des facultés, instituts et écoles n’ont pas reversé les montants non émargés par les étudiants, soit 515,10 millions de FCFA.
A rappeler que pour contribuer à l’amélioration des conditions de vie et de travail des étudiants en vue d’accroître leur performance académique, l’Etat a créé le CENOU et l’a chargé de la gestion du patrimoine universitaire. Le budget annuel du CENOU, d’un montant de 400 millions de FCFA en 2002, est passé à 13 milliards de FCFA en 2009 et à 15 milliards de FCFA en 2010. Aussi, vu l’importance des activités du CENOU et des ressources mises à sa disposition, le Bureau du Vérificateur Général a-t-il inscrit dans son programme d’activité au titre de l’année 2010 la mission de vérification financière du CENOU. La mission a porté sur l’examen des bourses et allocations, du mécanisme de l’attribution de celles-ci, des dépenses au titre du fonctionnement et des investissements ainsi que des recettes pour les exercices 2007, 2008 et 2009. L’objectif de la mission était de s’assurer que les opérations de dépenses et de recettes ont été régulières et sincères.
Moussa Mamadou Bagayoko