Ventes de sujets des examens scolaires, manipulation des listes d’admis auxdits examens, délivrance de faux diplômes, et inscriptions fictives sur les listes d’élèves orientés par l’Etat dans des établissements privés, l’école malienne est devenue un melting-pot de toutes sortes de faux et usages de faux. Ainsi certaines écoles sont fondées dans l’unique but de profiter de ces fraudes sur les orientations scolaires pour gruger l’Etat. Suivez notre regard !
Constat fait des limites de l’Etat dans la prise en charge de l’instruction dans notre pays, la création des écoles privées avait suscité l’espoir de pouvoir élargir le spectre de l’instruction et d’aller à l’excellence. Aujourd’hui, force est de reconnaître que les manipulations frauduleuses ont entamé cet objectif au point d’altérer la qualité des ressources humaines au service de l’Etat en particulier et de l’ensemble du pays en général. Le système éducatif et la fonction publique sont pris en otage par la baisse de niveau, le manque de conscience professionnelle, l’affairisme galopant dans le décor de l’impunité et l’enrichissement illicite.
Quand donc les autorités ont à plusieurs niveaux, Président de la République, Ministre de la Justice, Ministre de l’Education Nationale, haussé le ton contre la corruption et l’enrichissement illicite pour davantage de justice et d’égalité des chances, nous étions heureux de pouvoir compter sur un mieux-être de notre système éducatif. Et il y a même eu un début de rectification avec des arrestations mais qui ont épargné les gros bonnets, autrement dit les intouchables. Il s’agit de fonctionnaires empêtrés dans ce système de fraudes, tantôt les chevilles ouvrières des malversations au double niveau des examens et des orientations, tantôt des fondateurs d’écoles avec des prête-noms. Du temps des anciens ministres Issa N’Diaye et Feu Mohamed Traoré, l’assainissement avait commencé mais il fut toujours de courte durée et aujourd’hui il semble que c’est le cas. Nous l’écrivions dans notre dernière parution ; ” Des agents du ministère de l’Education nationale sont révoltés de voir des collègues alpagués et mis sous mandat de dépôt, alors qu’ils ne sont que des maillons faibles de la chaîne. Pendant ce temps, les gros bonnets, dont les pratiques mafieuses sont connues au sein de ce département, continuent de se la couler douce, après avoir amassé une fortune dont une partie proviendrait du produit licite des ventes de sujets des examens scolaires, de la manipulation des listes d’admis auxdits examens et de la délivrance de faux diplômes “.
Ce qui soulève la colère de ces agents, c’est que l’informaticien chargé de confectionner les listes des élèves orientés dans des écoles privées par l’Etat, a été arrêté suite à une dénonciation par lettre anonyme. C’est ainsi que Mady Camara – puisque c’est de lui qu’il s’agit- a été remis à la justice qui l’héberge désormais gratuitement à la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako Coura. Le procédé utilisé pour gruger l’Etat consistait à faire des inscriptions fictives sur les listes d’élèves orientés par l’Etat dans des établissements privés pour ensuite se partager le montant y afférent, dès que l’Etat règle la facture. Un préjudice à l’Etat que le Bureau du vérificateur général (Bvg) il y a plus de cinq ans, avait estimé à plus de sept milliards de nos francs et la vérification ne portait que sur deux années. Huit établissements scolaires étaient cités à l’époque. Pourquoi ces établissements sont exemptés de toutes poursuites ? Pourquoi des entraves à l’exécution de la justice sont posées, comme s’en plaignent plusieurs sources qui se désolent que par sa position confortable dans l’appareil d’Etat, une citoyenne puisse permettre d’empêcher l’arrestation de la femme qui se trouve être le chef de service de Mady Camara. Bien qu’elle soit citée dans le cadre des enquêtes. Car même si cette dame bénéficie encore de la présomption d’innocence, il serait aberrant que l’informaticien de son service soit arrêté pour avoir établi de faux listings qui ont fait perdre de l’argent à l’Etat, alors qu’elle ne puisse se douter de rien du tout, depuis l’établissement de ces listes, jusqu’à la procédure complète de traitement des dossiers. Sans compter le processus de liquidation des factures de ces établissements scolaires dont le point de départ se trouve être le même service.
En attendant de pouvoir mettre la main sur cette dame protégée en haut lieu et sur le promoteur de l’école privée Etec de Mopti, cité mais pas encore inquiété, la justice a quand même mis le grappin sur trois promoteurs d’écoles privées : Souleymane Sacko (Ceps de Djicoroni), Mme Coulibaly Batourou Touré (Iftu) et Seydou Konaté (Itebac). Ils sont accompagnés par le jeune Oumar Touré, vice-président du Cnj-Mali, intermédiaire entre Mady Camara et Souleymane Sacko dont il est un des enseignants au Ceps. Déférés au parquet, ils ont été tous mis sous mandat de dépôt.
D’ici là, des promoteurs d’écoles qui mouillent leur maillot dans l’honnêteté la plus absolue, allant jusqu’à refuser l’inscription d’élèves par l’Etat dans leur établissement, commencent à se plaindre de l’attitude de l’Etat qui consiste d’un côté à montrer du doigt les écoles privées comme la source des malheurs de notre système éducatif et de l’autre à s’abstenir de retirer l’ivraie de la bonne graine. Alors à vos marques, Madame le Ministre pour joindre l’acte à la parole. Sans état d’âme.
Mamadou DABO
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Encore du” copier -coller”.Assez!!
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