Le spectre de la crise financière qui pesait sur l’enseignement catholique malien l’année dernière refait surface. En cause, depuis le jeudi 20 février 2025, le syndicat de l’enseignement catholique observe un nouvel arrêt de travail à cause du non-paiement des salaires. L’interruption des activités pédagogiques compromet le fragile accord entre l’église catholique et l’Etat Malien obtenu en début de l’année scolaire.
A l’école Sainte Kizito de Lafiabougou, en commune IV du district de Bamako, les activités pédagogiques ont été suspendues. L’ordre de l’arrêt de travail a été donné par le syndicat national de l’enseignement catholique par une lettre qu’il a notifié au personnel enseignant. « Nous avons entamé l’arrêt de travail depuis le jeudi dernier en raison du non-paiement des salaires depuis bientôt deux mois », a déclaré un enseignant de l’Ecole Sainte Kizito qui a requis l’anonymat. Cet arrêt de travail n’est pas du goût des parents d’élèves qui manifestent leur mécontentement suite à l’interruption des activités pédagogiques. Selon notre source, la colère des parents d’élèves se justifie à cause de la garantie qu’ils ont eue avec la direction qui a procédé au début de la rentrée scolaire 2024-2025 à une augmentation des frais scolaires afin de pallier au problème lié au non-paiement des enseignants. Malgré cette augmentation, l’école a encore des difficultés comme tous les Etablissements de l’enseignement catholique à payer régulièrement les enseignants.
Les écoles accusent pour la plupart deux mois de salaires en retard en plus des allocations familiales non payées aux enseignants ainsi que le prélèvement des cotisations de l’assurance Maladie obligatoire sans pourtant que les enseignants ne bénéficient des retombées de la cotisation chaque fois qu’ils se rendent à l’hôpital. « Les droits de notre AMO sont fermés depuis l’année dernière », a ajouté notre source. Selon nos recoupements, cette nouvelle crise qui menace l’’enseignement Catholique serait dû aux promesses non-tenues par le gouvernement. Lequel avait annoncé au début de la rentrée scolaire 2024-2025 la suspension de la subvention qu’il accordait à l’enseignement catholique avant de revenir sur sa décision, en donnant des garanties à l’Eglise catholique que la dite subvention se poursuivra pendant cette année scolaire le temps que les responsables de l’enseignement catholique réfléchissent à trouver un autre mode de financement.
L’Etat malien accorde chaque année une subvention à hauteur de 80% de la masse salariale des enseignants. En début de la rentrée scolaire, l’Eglise Catholique expliquait que, depuis quelques années, « les retards accusés par l’Etat dans le versement de la dite subvention ont engendré des difficultés financières aiguës qui ont entrainé une crise financière sans précédent dans les diocèses avec des répercussions sur le bon fonctionnement de leurs structures éducatives ». Les retards accusés des subventions de l’Etat ont occasionnés des problèmes d’allocations familiales, la fermeture des droits AMO de certains enseignants, le traitement salarial et un endettement des Diocèses dans le cadre du paiement des salaires des enseignants.
Il faut rappeler également que l’enseignement catholique connaît l’une de ses pires crises depuis son instauration à Kita le 15 mai 1889 par les colons de l’église catholique. Pour cause, Les Evêques du Mali, lors de leur session extraordinaire tenue les 10 et 11 juillet 2024, avait décidé de suspendre les activités pédagogiques de toutes les écoles catholiques subventionnées pendant la période allant du 1″ octobre 2024 au 31 août 2025 . L’Eglise catholique malienne avait annoncé que la reprise des activités pédagogiques pourrait intervenir à la rentrée scolaire 2025-2026 avec un autre système de fonctionnement. L’Eglise est revenue sur sa décision après que le gouvernement ait décidé de poursuivre avec son aide.
Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net
Le poids de l’enseignement catholique au Mali a toujours été considérable, surtout et y compris dans des zones reculées, autour des missions qui en assurent le fonctionnement. Il est hors de proportion avec l’infime population chrétienne du pays. Cette situation en dit long sur les équilibres réels auxquels est soumis l’État, incapable d’ouvrir les moindres perspectives éducatives.