Depuis déjà quelques années, le statut autonome du personnel enseignant handicape l’éducation malienne. Les syndicats de l’enseignement fondamental et ceux du secondaire se sont donné les mains pour une première fois dans l’histoire du syndicalisme enseignant au Mali pour revendiquer ce statut. Comme si les enseignants étaient des marionnettes, le gouvernement ne fait que jouer avec la bonne foi de ces travailleurs infatigables. Alors cette année, ceux-ci se sont montrés plus déterminés que jamais dans leur lutte. À cet effet, le gouvernement de son côté tente de les contourner en voulant organiser coûte que coûte les compositions de la première période jusque-là non encore effectuées au niveau des IFM (Institut de Formation des Maîtres).
L’année dernière (2016-2017), quand cette grève avait débuté depuis au mois d’octobre, le gouvernement avait annoncé accepter toutes les doléances du personnel enseignant. À cet effet, les professeurs rejoignirent les classes au cours du deuxième trimestre académique. Mais, hélas, quand on a à faire à un État voyou, un État où les dirigeants font du mensonge une vertu, nous devons prendre toutes nos mesures.
Le statut autonome qui constitue le point d’achoppement devrait être voté au cours de la session d’octobre par les députés à l’Assemblée nationale comme prévu. Mais aucune disposition n’a été prise dans ce sens au cours de cette session. Par conséquent, les enseignants ont observé un arrêt de travail.
Comme pour riposter contre ce fait, le gouvernement procède, comme à l’accoutumée, à un jeu avec ces chefs de famille réclamant leurs droits. Cette fois-ci, il postule l’adoption du dit-statut par l’Assemblée nationale en pensant qu’avec un simple décret adoption et de promulgation, les enseignants allèrent rejoindre les salles de classe. Contre toute attente, ceux-ci se montrèrent plus fermes. Le décret d’adoption doit être accompagné par celui de l’application afin que les cours reprennent. Car comme nous dit Descartes (philosophe français du XVIIesiècle), nous ne devons pas faire confiance à ce qui nous a une fois trompés. Les enseignants ne veulent plus se faire avoir deux fois par ce gouvernement pour lequel le mensonge ne constitue pas un vice. Le mercredi dernier, 24 janvier, les syndicats signataires du 15 octobre 2016 ont participé à une rencontre initiée par Madame le Ministre du Travail, de la fonction publique, chargé de relations avec les institutions. C’était en présence du Ministre des collectivités territoriales. Là encore, les syndicats se sont montrés déterminant en maintenant leur mot d’ordre puisque la proposition du gouvernement n’a pas fait satisfaction.
Nous assistons présentement à un changement de tactique de la part du gouvernement. Comme des militaires sur le champ de bataille, si le plan A ne fonctionne pas, alors, il faut faire recours au plan B, le gouvernement d’IBK fait recours à sa pratique ancienne, organiser les compositions mêmes si les enfants n’ont pas étudié.
En effet, le 22 janvier dernier, la Directrice nationale de l’enseignement Normal, FatoumatouBintou Touré (Chevalier de l’ordre National), fit parvenir une lettre circulaire à tous les Directeurs des Instituts de Formation des Maîtres leur demandantd’organiser les compositions des premières périodes par tous les moyens comme le firent les lycées : « Ces évaluations doivent, impérativement, être organisées avec ou sans les professeurs. »
Cela est la caractéristique fondamentale d’un État irresponsable qui se montre indifférent face à l’avenir de ses enfants. Aujourd’hui, tout porte à croire que le gouvernement ne cherche pas une issue favorable aux doléances des professeurs. Tout ce qui le préoccupe comme l’année dernière, c’est la mise en place de mécanismes lui permettant de sauver l’année coûte que coûte. On se rappelle que l’année dernière, des cours de remédiations furent organisés à l’intention des élèves des classes de terminale dans certaines localités. Le fort taux de réussite fut attribué à ceux-ci. C’est ce même mécanisme qui sera mis en œuvre cette année pour sauver ce qui ne devrait pas l’être et cela dans l’indifférence aussi des parents d’élèves qui décident de rester dans leur mutisme.
Les évaluations se feront même si les enfants n’ont pas étudié, comme si l’essentiel n’était pas le niveau, mais le passage. Le gouvernement d’IBK sacrifie l’avenir des élèves maliens et ensuite ces mêmes enfants qui se font passer de classe en classe sans le niveau requis sont après critiqués par ces mêmes hommes politiques comme étant des fainéants, des moins que rien, bref, des étudiants qui ne connaissent rien.
Ce problème n’est pas que celui des enseignants, il s’agit de l’avenir de tous les enfants du Mali. À ce titre, il concerne tous les Maliens. Les parents doivent regarder le problème avec de bons yeux. Rien ne vaut de terminer ses études si tu n’as rien dans le crâne comme connaissance. L’important, c’est le niveau. Or, celui-ci ne s’acquiert qu’à travers les études et des études sérieuses. À cet effet, le gouvernement se montre indifférent face à l’avenir des enfants et par ricochet à celui du Mali.
Fousseni TOGOLA, journaliste-blogueur à Doniblog
tempi pour élevés des écoles publiques; c’est pour cela que le département n’a pas accepté le transfert du public aux privées.
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