Les syndicats d’enseignants signataires du 15 octobre 2016 viennent de remporter leur première bataille face au gouvernement. Car, le statut autonome de l’enseignant tant réclamé par les enseignants a été obtenu. En effet, lors d’une séance plénière de la session extraordinaire de la cinquième législature tenue le vendredi 12 janvier 2018, le projet de loi portant statut du personnel enseignant de l’Enseignant secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Education préscolaire et spéciale a été adopté par les députés par 126 voix pour, zéro contre et zéro abstention dans la salle Modibo Keïta de l’Assemblée nationale du Mali. Les neufs amendements apportés au texte ont également été adoptés par les parlementaires. Ce texte, avec une incidence financière de 5 620 005 308 FCFA permettra d’améliorer les conditions de vie et de travail des enseignants et d’apaiser le climat social. Malgré cette adoption du texte, les syndicalistes maintiennent toujours leur mot d’ordre de grève. Ils exigent la promulgation de la loi, le décret d’application et l’arrête de modalité de transposition faute de quoi. La grève en cours reste donc maintenue.
La séance plénière était présidée par le président de l’hémicycle, l’honorable Issaka Sidibé, en présence du ministre du travail et de la fonction publique, chargé des relations avec les institutions, Mme Diarra Raky Talla qui défendait le texte, du ministre de l’éducation nationale, OusseiniAmionGuindo, des enseignants venus en nombre et d’autres personnalités. Selon le rapporteur de la Commission de l’Education, de la Culture, des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, Adama Paul Damango, ce projet de loi, initié par le Ministre du Travail et de la Fonction publique, Chargé des Relations avec les Institutions, a été adopté par le Conseil des ministres en sa séance du 09 novembre 2017. Avant d’ajouter que l’éducation constitue le socle de développement de tout pays. « Les différents gouvernements successifs du Mali ont inscrit l’éducation au rang des priorités nationales. Ainsi, il a été accordé à l’Education nationale dans les lois de finances un montant de 255,840 milliards en 2016 ; 262,902 milliards en 2017 ; 300,713 milliards en 2018 », a déclaré le rapporteur. Malgré ces efforts, dit-il, la qualité des produits de l’école malienne laisse à désirer. Selon la commission, cette baisse de la qualité des enseignements s’explique par plusieurs raisons dont l’insuffisance de motivations du personnel enseignant qui suscite fréquemment des mouvements de grève. « Ainsi, dans le souci de la préservation d’un climat social apaisé à l’école et de l’amélioration des conditions de vie et de travail du personnel enseignant, le Gouvernement de la République du Mali, s’est efforcé à satisfaire certaines revendications contenues dans un procès-verbal d’entente signé le 2 mai 2017 avec les syndicats d’enseignants signataires du 15 octobre 2016. Ces syndicats sont : le SYLDEF, le SYNEB, le SYNESEC, le SYNEFCT, le FENAREC et le SYPESCO. Ce procès-verbal d’entente a abouti notamment à l’élaboration d’un statut et d’une grille annexée de 16 échelons pour le personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Education préscolaire et spéciale. Les indices ainsi proposés dans la nouvelle grille partent de : 235 à 540, pour la catégorie C ; 250 à 630, pour la catégorie B1 ; 275 à 725, pour la catégorie B2 et 350 à 1060, pour la catégorie A », a souligné le rapporteur.
Le texte a une incidence financière de plus de 5 milliards de FCFA
A l’en croire, ce projet de loi permet d’assurer une meilleure gestion des carrières des enseignants en autorisant le passage d’un corps de catégorie inférieure à un corps de catégorie supérieure tout en précisant les conditions de cette transposition. En outre, il a fait savoir que le projet de loi portant statut du personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Education préscolaire et spéciale, comprend 65 articles répartis entre 4 titres. Pour lui, l’une des exigences des syndicats de l’éducation était leur implication à toutes les étapes du processus d’élaboration du statut du personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Education préscolaire et spéciale. A ses dires, ce statut est le fruit de multiples négociations et rencontres entre les cadres de l’éducation et les responsables des différents syndicats donc sur la base d’un travail consensuel. Et de poursuivre qu’il détermine également le palier d’intégration du diplôme de Professeur de l’Enseignement secondaire de l’Ecole Normale Supérieure (ENSup nouvelle formule). Actuellement, poursuit-il, suivant le statut général des fonctionnaires le palier d’intégration de ce diplôme est la 3ème classe 2ème échelon ; soit un échelon de plus que la Maîtrise et un échelon de moins que le Master. « La grille s’inscrivant dans ce cadre est composée de 16 échelons et les nouveaux indices ont substantiellement augmenté par catégorie. Ainsi les indices plancher et plafond sont les suivants : catégorie C : 80 points au plancher et 51 points au plafond ; catégorie B1 :30 points au plancher et 30 points au plafond ; catégorie B2 : 25 points au plancher et 48 points au plafond ; catégorie A : 20 points au plancher et 140 points au plafond. L’incidence financière pour l’application du présent projet de loi est estimée à 5 620 005 308FCFA », a précisé la commission saisie au fond. Le rapporteur a également révélé que le texte permettra d’améliorer les conditions de vie et de travail des enseignants et d’apaiser le climat social. Par ailleurs, la commission a recommandé au Gouvernement d’appliquer la grille annexée à la présente loi.
Lors des débats, le ministre du travail et de la fonction publique, chargé des relations avec les institutions, Mme Diarra Raky Talla reconnait que les revendications syndicalistes sont des droits constitutionnelles.
Malgré l’adoption de ce statut autonome de l’enseignant par les députés à hauteur de 126 voix pour, zéro contre et zéro abstention, les syndicalistes maintiennent toujours la pression. Pour preuve, le mot d’ordre de grève enclenché depuis le mardi 9 janvier 2018 par les syndicats d’enseignants reste maintenu. Contacté par le Républicain le vendredi 12 janvier 2018, tout juste après l’adoption du texte, le porte parole des syndicats d’enseignants signataires du 15 octobre 2016, Adama Fomba a affirmé qu’au delà de l’adoption du texte, ils exigent la promulgation de ladite loi, le décret d’application de la loi et l’arrêté de modalité de transposition. « Ce n’est pas de la surenchère mais cette fois-ci, on veut du concret », a-t-il dit.
Aguibou Sogodogo