Depuis le 20 mai, les enseignants grévistes, notamment ceux de l’Université de Bamako (composée des Facultés et des Grandes Ecoles) ne cessent de fréquenter comme d’habitude leurs banques en vue d’effectuer un retrait sur leurs salaires. Ils sont gentiment répondus en ces termes : "le salaire n’est pas encore fait". Une fois, deux fois, trois fois, c’est la même rengaine, la même chanson. Alors, ils se sont interrogés sur le bien fondé de ce retard puisqu’habituellement, la rétribution commence à tomber dès le 20 de chaque mois. Au finish, ils se sont rendus compte que l’Etat a manifestement retenu leurs salaires du mois de mai pour raison de grève.
Joint par téléphone, en début d’après-midi d’hier, mercredi 2 juin, le secrétaire général du Syndicat de l’Enseignement Supérieur, Abdou Malé, nous a effectivement confirmé "qu’à la date et à l’heure où je vous parle, les salaires n’ont pas été faits ". Est -ce pour un motif de grève? "Si c’est pour cela, la méthodologie du gouvernement jure avec les lois et conventions ratifiées par notre pays. Je reconnais que la loi n°87-47 /AN RM du 10 décembre 1987 relatif à l’exercice du droit de grève dans les services publics prévoit de retenues. Mais une autre loi, celle des finances, prévoit en la matière une retenue du tiers. Quant à l’OIT, ses textes envisagent la retenue du tiers après la résolution de la grève. Ce n’est pas tout. La loi 98-067 du 30 décembre 1998 portant statut du personnel de l’enseignement supérieur nous confère au moins deux mois de congés. Maintenant, c’est au pouvoir de gérer seul les conséquences de cette situation" Il précisera ensuite "qu’il ne faut pas voir les hommes ou les grévistes. Il faut voir l’avenir de l’école. Pour notre part, nous continuons à demander à l’Etat le respect du protocole d’accord qu’il a signé le 20 janvier 2010. Il s’agit de l’amélioration des salaires, du taux des heures supplémentaires, de la hiérarchisation et de l’intégration des contractuels à la Fonction publique".
Est-ce que les professeurs pourront encore tenir longtemps sans salaire ? Rappelons que depuis le 19 mars, les profs du supérieur sont en grève illimitée.
Chahana TAKIOU