“Nous sommes victimes d’injustice car l’Etat refuse de nous recruter au niveau de l’Enseignement supérieur”
“Notre recrutement permettra au trésor public de faire une économie de 4 milliards FCFA”
Le Collectif des professeurs de l’enseignement secondaire des collectivités territoriales détenteurs de doctorat et de Master était le mardi 11 février dernier face à la presse à la Maison de l’Enseignant. Objectif : dénoncer l’injustice et la discrimination dont ils font objet qui les empêchent de donner des cours au niveau de l’enseignant supérieur.
La conférence de presse était animée par le porte-parole du Collectif Dr Boubacar Oumar Diallo entouré pour la circonstance de plusieurs membres de ce regroupement. Pour le conférencier, les membres de leur collectif au nombre de 600, avec une trentaine de détenteurs de doctorat, sont confrontés de nos jours à un problème d’insertion conformément à leurs diplômes. A l’en croire, ils sont la première génération des enseignants fonctionnaires des Collectivités Territoriales détenteurs de Doctorat obtenus au Mali, au Sénégal, en France, à Cuba, en Chine dans plusieurs spécialités comme : la Géographie économique, la Géographie de l’environnement, la Didactique des Langues et du Français, la Sociologie de l’Education, l’Anthropologie, les Sciences de l’Education, les Mathématiques, la Biologie, la Chimie Organique, la Statistique, le Droit, les Relations Internationales, etc.
”Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un problème d’insertion conformément à nos diplômes. Nonobstant notre grade de Docteur, nous n’arrivons pas à accéder à l’enseignement supérieur à cause de l’inexistence de passerelle entre l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur et la recherche scientifique. Au même moment, la crise d’enseignants dans les universités et grandes écoles du Mali a conduit au recrutement de vacataires et presque la quasi-totalité des cours sont exécutés sous la forme d’heures supplémentaires pendant que des Docteurs fonctionnaires payés sur le budget national, flânent dans les rues” a expliqué le porte parole du Collectif.
S’adressant à Assimi Goïta, le collectif signale que le gâchis est énorme pour l’Etat. C’est pourquoi, depuis plus de deux ans, il ne cesse d’en informer et de saisir les plus hautes autorités du pays, à savoir : la Présidence de la République, la Primature, le ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation, le ministère de l’Education nationale, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, le ministère de la Refondation de l’Etat chargé des Relations avec les Institutions et la Direction des ressources humaines du Secteur de l’éducation (DRHSE).
“C’est à la suite de ces nombreuses correspondances relatives à notre demande de hiérarchisation que le Directeur des Ressources Humaines du secteur de l’éducation à travers son bordereau N°2021-0020/ MESRS-DRH- DGC du 04/01/2021 suggérait au ministre de l’Enseignement Supérieur et de la recherche scientifique de nous transférer à l’enseignement supérieur pour atténuer les dépenses de l’Etat dans la prise en charge des heures supplémentaires. A cet effet, une commission composée des représentants des différentes structures concernées devrait s’employer à la relecture des textes devant aboutir à notre hiérarchisation. Cette commission n’a toujours pas vu le jour”, a regretté M Diallo.
Avant de poursuivre que suite à d’autres correspondances adressées au Président de la transition, le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la recherche scientifique, à travers le BE-N°2022- 3692/MESRS-SG du 18 août 2022, a soumis le dossier au directeur général de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Scientifique pour analyse et avis.
“Dans sa réponse au ministre à travers la note technique N°2022-0576-DGESRS-SDAJCF- DCMF du 03/10/2022, le DGESRS reconnaissait que l’enseignement supérieur fait face à un manque criard d’enseignants tant en quantité qu’en qualité et qu’au même moment, il existe des ressources humaines qualifiées détenteurs de Doctorat en nombre non négligeable au compte des collectivités territoriales”, a-t-il rappelé.
Il a par la même circonstance révélé que chaque année, ce sont 5 milliards de FCFA qui sont prévus dans le budget 2023 pour la prise en charge des heures supplémentaires de cours.
Au même moment, dans le budget prévisionnel de 2023, il est prévu un montant de 4 098 734 000 FCFA pour le recrutement de 400 enseignants-chercheurs. Or, d’après le Collectif, en favorisant un système de passerelle de la fonction publique des collectivités à l’enseignement supérieur, le recrutement de 400 fonctionnaires des collectivités territoriales détenteurs de Doctorat ou de Master, l’Etat pourrait économiser plus de 4 milliards FCFA.
Face à la situation actuelle qui constitue un véritable manque à gagner pour l’Etat, le Collectif signale que la Direction générale de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique a suggéré au ministre la mise en place d’un cadre de réflexion regroupant les différents acteurs pour faire profiter l’Etat à partir de la hiérarchisation des fonctionnaires des collectivités territoriales détenteurs de Doctorat ou de Master…
”Malheureusement, cette note technique rédigée à la demande du ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique de l’époque, Pr Amadou KEITA, est restée sans suite depuis bientôt un (1) an”, a déclaré M. Diallo.
Il a saisi cette occasion pour interpeller le Président de la Transition en ces termes : “La nation doit reconnaitre le mérite et les compétences de ses enfants. Vous êtes un exemple vivant de cette reconnaissance. Monsieur le Président de la Transition, sachant votre engagement pour le Mali, nous sollicitons votre implication personnelle pour notre hiérarchisation au nom de la qualité de l’enseignement supérieur et de l’équité entre tous les enfants du pays”.
Kassoum Théra