Les espoirs suscités l’année dernière suite aux multitudes et rigoureuses reformes effectuées dans l’organisation des différents examens et concours se sont dissoutes cette année avec la tenue dramatique du diplôme d’étude fondamentale (DEF). Le baccalauréat ouvrant les portes de l’université a commencé hier sur toute l’étendue du territoire national. Et cela dans un contexte aussi fragile que préoccupant du côté du ministre de l’éducation, de l’alphabétisation et des langues nationales, Pr Salikou Sanogo et l’ensemble de ses collaborateurs.
Si en 2010, les résultats d’examens ont été qualifiés de vrais examens qui permettraient au Mali de rivaliser sur la sphère intellectuelle africaine, cette année l’histoire ne se répéterait pas. Les candidats au DEF ont bénéficié d’une promotion « bonus-fuite ». L’on craint le pire pour le Bac qui a démarré hier avec 95 013 prétendants répartis en 171 centres dont 88 dans le district de Bamako (48 pour la rive droite et 40 pour la rive gauche).
Cependant, lors d’une conférence de presse organisée, le 4 juin 2011, le directeur national du centre des examens et concours de l’éducation s’était trompé en disant que toutes les dispositions nécessaires avaient été prises pour la bonne marche des examens dont les sujets « étaient déjà au marché » !
Pour contrecarrer les fraudeurs, il y a lieu maintenant de multiplier par mille ces « mesures déjà caduques », afin que, tel qu’il l’avait affirmé l’année dernière, les détenteurs de ces diplômes en examinassions soient : « soit les vrais passants au DEF, soit les vrais bacheliers », cette année-ci. Malgré les mines qui mettent en péril le Bac 2011, nous avons recueilli les impressions de quelques gladiateurs du centre du Lycée Kankou Moussa de Daoudabougou où les candidats sont dispatchés entre la peur, la sérénité et la détermination.
« Je suis prêt et j’espère que je vais réussir parce qu’il n’y a pas eu beaucoup de perturbations cette année », déclare Koniba Diakité en série sciences biologiques. Salif Sangaré en sciences humaines, lui, s’inquiète du sujet de maths dont il n’a pas pu retenir beaucoup de leçons et se proclame serein en abordant les épreuves.
Aly Badra Diakité en sciences exactes et soutenu par un groupe de candidats dans ses propos nous précise : « Moi, je suis à ma cinquième tentative au bac, et je suis confiant pour cette fois-ci au regard du déroulement général de l’année et je vais tout faire pour être admis ». Tout cela sous-entend que les candidats penseraient au « bonus-fuite » d’une grâce angélique qui avait fait du DEF un cadeau de noël. Et pourtant, les fruits du forum sur l’éducation avaient commencé à être admirés par les parents qui ont fini par accepter d’acheter les sujets en fuite pour leurs enfants. Des informations reçues ce matin, des précautions ont été prises pour éviter le même scenario que le DEF. Seront-elles à la hauteur pour contrecarrer la superbe promo bonus-sujets ? Wait and see.
Cependant, faut-il jeter le dévolu sur le ministre seul dans cette affaire ? Certainement non. L’homme a fait ses preuves tout le long de l’année scolaire. De profondes reformes ont été entreprises et les résultats sont aussi concrets que palpables. Si des fonctionnaires sans scrupules ont décidé de saboter son travail pour leurs intérêts personnels et égoïstes, c’est à eux de répondre de leurs actes. C’est aussi à la jeunesse malienne de prendre conscience et de comprendre que la facilité, la corruption et le vol ne font que compromettre leur avenir.
YAYA S. GUINDO
