L’enseignement supérieur à l’article de la mort

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C’est le constat qui ressort d’un séminaire de formation des journalistes sur le système éducatif malien. C’était, la semaine dernière, au siège du Groupement Patronal de la Presse écrite.

Ce séminaire de formation a été organisé par le groupement patronal de la presse à l’intention des journalistes de la presse écrite. Il est financé parla Directiondu Développement et dela Coopération(DDC), un démembrement dela Coopération Suisseau Mali.

Depuis plusieurs années,la Coopérationsuisse au Mali accompagne les programmes de l’éducation. Cette formation des journalistes sur le système éducatif s’inscrit dans la dynamique de la coopération Mali-suisse vielle de plusieurs décennies. Les responsables dela Coopérationsuisse entendent  contribuer ainsi au développement socio-économique du Mali, à travers la formation des journalistes sur certains secteurs clés comme l’éducation, la décentralisation. Mais aussi et surtout, en journalisme d’investigation. Car l’apport des medias s’avère indispensable dans la gestion efficace de ces secteurs.

Au cours de ce séminaire sur le système éducatif malien, le formateur Oumar Maïga, chercheur et expert des questions de l’éducation, a édifié la trentaine de participants sur les maux qui minent l’école malienne. Mais aussi, les enjeux et les perspectives de l’enseignement supérieur au Mali. Ce qui fait dire au porte-parole des participants que cette formation a été une véritable « autopsie de l’enseignement supérieur malien ».

Il ressort des différents exposés que l’enseignement supérieur est confronté à d’énormes difficultés qui l’éloignent, de plus en plus, de ses missions et de ses objectifs. Ces problèmes ont pour noms : pléthore des étudiants par rapport aux enseignants, déficit des infrastructures pédagogiques, faiblesse des capacités de gouvernance, difficultés à améliorer l’employabilité des diplômés. Autres tares de l’enseignement supérieur : l’inadaptation et le non-respect des textes, l’insuffisance des ressources financières, la persistance des grèves des enseignants et des étudiants, l’absence des profils des enseignants recherchés dans plusieurs domaines, etc. Selon le formateur, les écoles supérieures maliennes ne forment les étudiants que pour l’emploi. Alors qu’une université doit accomplir plusieurs missions pour être autonome vis-à-vis de l’Etat. Outre la mission de la formation initiale des étudiants, une véritable université doit s’orienter vers les missions de formation continue, la recherche appliquée, la production des innovations scientifiques et techniques, l’expertise et le conseil pour les opérateurs économiques et industriels. L’accomplissement de ces missions permet à l’université d’être autonome.

Pour M. Oumar Maïga, la résolution des problèmes évoqués passe par la relecture des textes, la mise en place des cellules de contrôle entre le département de tutelle et les rectorats, la mise en œuvre d’un plan de formation continue, la mise en place d’un fonds compétitif pour la recherche et pour l’amélioration de la qualité académique. Aussi, il est nécessaire, aujourd’hui, de rendre plus attractif le métier d’enseignant-chercheur du supérieur et revoir les critères d’attribution des bourses en vue de diminuer leur pression sur le budget. A en croire M. Maiga, les 2/3 des recettes de l’enseignement supérieur vont dans les bourses et les salaires.

A noter que l’université de Bamako avait  11 000 étudiants en 1996 (date de sa création). En 2012, elle compte plus de 100 000 étudiants. «Si des mesures ne sont pas prises à temps, pour gérer ce flux étudiants,  le système éducatif s’effondra. Et sans école performante, on peut parler de développement, encore moins d’Etat» avertit M. Maïga. C’est qui explique, selon lui, le morcèlement de l’université de Bamako en quatre universités et la création de l’université de Ségou.

Abou BERTHE

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