Il ne s’agit pas de se limiter à trouver un accord, comme celui obtenu hier entre les syndicats de l’Education et le gouvernement, et d’attendre le prochain préavis de grève, mais d’anticiper. Les efforts pour trouver un compromis entre les syndicats de l’Education et le gouvernement ont payé ce samedi 18 mai 2019, sanctionnés par la signature d’un accord entre les partenaires sociaux : le gouvernement et huit syndicats de l’Education, qui avaient déposé un préavis de grève.
Ce n’est qu’un pas pour relever l’école malienne, et un espoir pour sauver l’année scolaire en cours, du risque d’une année blanche pointée à l’horizon. C’est un triomphe pour le gouvernement de mission du Premier ministre Boubou Cissé, dont l’une des missions inscrites dans l’accord politique est « la mise en œuvre de mesures urgentes pour sauver l’année scolaire 2019». C’est en particulier un ouf de soulagement pour les nouveaux ministres : de l’Education nationale Témoré Tioulenta et du Dialogue social, du Travail et de la Fonction publique, Oumar Hammadoun Dicko. C’est enfin le résultat des efforts conjugués du médiateur de la République, et de la commission de conciliation qui n’ont ménagé aucun effort pour y parvenir.
Mais ce temps de répit ne durera que s’il y a l’apaisement du front social souhaité à travers le moratoire prévu par l’article 13 du protocole d’accord: « Les parties s’engagent à travailler à l’apaisement du front social et à négocier un moratoire dans l’exercice du droit de grève permettant ainsi de traiter de manière holistique toutes les demandes des travailleurs du secteur public comme du secteur privé ». Le ministre Oumar Hammadoun Dicko n’a pas de temps à perdre pour y parvenir.
Au-delà du factuel du moment, rappelons que la part du secteur de l’Education dans le budget n’est certainement pas la portion congrue (plus de 30 %), mais l’argent va-t-il réellement là où il doit produire les effets escomptés ? A ce niveau, l’Etat malien, pour être dans une démarche productive, doit relever les défis liés à l’utilisation efficiente de ses ressources, en particulier celles destinées à mettre les acteurs de l’éducation dans les bonnes conditions de travail et de vie. En revanche – cela valable pour tous les autres secteurs de la fonction publique, de la défense et la sécurité-, le secteur de l’Education mérite d’être purgé de ses effectifs fictifs avec son cortège de salaires fictifs, empochés par des caciques cyniquement tapis dans l’ombre. Le salut de l’école malienne pour la réalisation du Mali de nos rêves, dépend de ce défi qu’il faut relever.
Cet audit s’impose à l’Etat qui ne saura le faire qu’avec des dirigeants dignes et patriotes au sommet, qui pensent réellement au Mali d’abord. Il aura pour avantage de démasquer discrètement les commis de l’Etat corrompus, les chefs hiérarchiques apatrides, les vers qui sucent le sang de notre Etat rendu malade par leurs pratiques cannibalistes. D’autres effets bénéfiques escomptés sont nombreux en rendant plus efficientes les ressources disponibles, qui iront directement à la réalisation des objectifs escomptés, plutôt que d’être détournés. Car en attendant l’arrivée du Vérificateur Général pour constater les dégâts, le mal serait déjà fait.
Le secteur de l’Education doit être doublement assaini par la récompense du mérite et en infligeant des sanctions exemplaires aux fautifs qui n’ont pas pris conscience des maux qu’ils infligent à notre pays, en détruisant tous les ressorts qui nous permettent de nous projeter vers l’avenir. Car, que vaudra la réalisation de grandes infrastructures, routes, ponts et usines, si celles-ci ne sont pas cédées au bénéfice d’une génération bien consciente de son rôle historique ? Nous avons le devoir de restituer ses lettres de noblesse à ce secteur par lequel vous êtes passés.
B. Daou